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 Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel

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mira123
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime04.11.12 21:32

Priya avait passé le reste de la journée à songer à ce qui c’était passé le matin, si ce n’était la voix, qui pouvait bien l’appeler « mademoiselle 3ème année Droit » à part lui… mais COMMENT !?
Le lendemain matin, sans s’en rendre compte, ses pas la conduisent directement vers le lieu de sa surprenante rencontre de la veille mais elle ne trouve personne.
Peut être qu’au final, son imagination lui jouait des tours… Le professeur de psychologie est à ce que lui avait dit Shana loin d’être le hindi de diaspora qui se précipite dans le premier avion vers son pays dés qu’il en a l’occasion. D’ailleurs, elle a du mal à l’imaginer originaire d’ici, dans ce village éloigné de la civilisation des grandes villes. Aman Khan, le respectable enseignant à l’université de Paris en France correspondrait plus à un citadin, de plus à sa connaissance, il n’y a pas de « Khan » dans tout le voisinage… et ce n’est pas vraiment un lieu touristique. C’est d’ailleurs ce qu’elle aime le plus dans ce lieu, la coupure avec le monde fou en dehors de ces frontières.
Le grand manoir en haut de la colline appartient à sa famille depuis des générations, mais voilà des années que ce n’est devenu qu’une résidence secondaire permettant de garder ses racines ancrées dans leur terre d’origine comme dit souvent son père.
Après la répartition et l’intégration à part entière de la principauté à l’Inde, beaucoup de propriétaires, aristocrates et autres nobles se sont dirigés vers les grandes métropoles pour investir.
Elle s’assied à même la terre, se frotte les mains pour les dépoussiérer avant de les plonger dans l’eau claire du lac pour les laver… elle en profite pour se passer de l’eau sur le visage… elle voit soudain le reflet d’une silhouette se dessiner dans les eaux encore troubles par son contact.
- Aman !
Elle se rend trop tard qu’elle le dit à voix haute… Confuse, elle s’apprête à se lever quand il lui dit :
- Je peux me joindre à vous ?
Elle lève les yeux vers lui et sent que son cœur manque un battement en le voyant dans un T-shirt rouge un peu ouvert sur le creux de son cou qui moulait parfaitement ses muscles et un jean noir. Elle se ressaisit rapidement et tire sur son sari pour lui laisser la place en balbutiant un oui.
- Parce que je vous dois des remerciements… pour… pour votre aide, à Noël…
Il rompt enfin le silence au bout de quelques minutes à regarder dans le vague devant lui sous les yeux scrutateurs de Priya.
Soudain, il se tourne vers elle la surprenant avec son sourire qui fait apparaitre ses fossettes avant de rajouter comme lisant dans ses pensées.
- … pour répondre à votre question, « qu’est ce qu’il fait ici ? »
- Vous voulez me faire croire que vous avez fait tous ces milliers de kilomètres pour venir mer remercier ?
Sa question le fait éclater de rire. C’est la première fois qu’elle le voit rire ainsi… non, elle doit surement être en train de rêver, se dit elle !
- Non… pas vraiment, désolé de vous décevoir ! finit il par dire avec son éternel sourire moqueur.
Voyant qu’elle prenait sa remarque au sérieux, il se redresse et remonte ses genoux pour les entourer de ses bras, il passe sa main machinalement dans ses cheveux pour remonter ses cheveux en arrière.
- En fait, ma mère est originaire d’ici… je suis venu honorer ma promesse de lui permettre de revoir sa terre natale.
Son ton devenu grave, il se replonge dans la contemplation d’un point dans le vide devant lui.
- je la comprends, on dit que si on a bu de l’eau de ce lac, on ne peut jamais s’en éloigner complètement
- ah bon ? pourtant, je doute que ma mère ait pu en boire de sa vie… je pense plutôt que c’est juste un prétexte.
- Prétexte ?
- Oui… elle pense qu’après sa mort, je ne remettrais jamais les pieds en Inde…
- A-t-elle raison ?
Aman se retourne enfin vers elle et la fixe un moment avant de se lever et se mettre à marcher d’un pas lent… elle s’empresse de le suivre.
- Aman ?... euh… je peux vous appeler Aman ? on n’est pas vraiment Prof-étudiante ici
- Techniquement parlant, tu n’as jamais vraiment été mon étudiante… mademoiselle…
- Ah non ! pas de « 3ème année Droit » !
- J’allais dire, mademoiselle Chowdery… mais tu as raison, Priya… tu peux m’appeler Aman. Je suppose que tu es la princesse de ce palais en haut de la colline…
- Euh… princesse !!... Mon Dieu non, ces titres ont disparu depuis des siècles… mais effectivement, ma famille possède ce manoir…
- Et les terres alentour… précise-t-il en se retournant vers elle.
- Ha… mais on ne les prive pas de travailler dessus et gagner leur vie… ils…
- … Restent les serviteurs dans vos domaines
- Ça, c’est vraiment le point de vue des classes inféri…
Elle se rend compte soudain qu’elle allait passer pour l’aristocrate matérialiste qu’elle se défend d’être…
- Désolée… je ne te visais pas !
Il s’arrête et sourit de toutes ses dents à sa nervosité apparente avant de répondre :
- Shana n’avait donc pas tort… tu développes vraiment un syndrome de culpabilité…
Devant son expression de stupeur, il rajoute en reprenant sa marche
- Tu ne devrais pas t’excuser des idées en quoi tu crois réellement… au diable l’avis des autres si tu penses que tu as raison
- Et si j’ai tort ?
- Alors t’excuser n’y change rien… le tort reste tort !
- En effet… se sentir coupable ne répare jamais le tort !
L’émotion dans sa voix surprend Aman, il remarque une infinie tristesse voiler son regard. Remarquant sa réaction, elle se ressaisit et change de sujet.
- Tu ne m’as pas répondu… ta mère a raison de croire que tu ne reviendras jamais ici ?
- Probablement… finit-il par dire au bout d’un moment.
Surprise, Priya s’arrête net en fronçant les sourcils l’obligeant à s’arrêter aussi.
- Tu pourrais vraiment tirer un trait définitif sur tes origines ?
- Quelles origines ?... Priya, je ne me sens pas plus appartenir à cette terre qu’un touriste !
- Parce que tu la regardes des yeux d’un touriste… regarde là des yeux d’un enfant du pays, cet air jonché de senteurs, cette poussière émanant de la terre chaude que foule tes pieds, ce soleil …
- Je ne pense pas trouver une place dans tout ça…
- Pourtant l’Inde a un grand cœur qui enveloppe plus d’un milliards de ses enfants dans son cœur…
- Mais c’est une mère partiale qui ne répartie pas son amour avec équité sur ses enfants
- Quelle mère ne l’est pas!? Quelle équité crois-tu trouver ailleurs ?
La ferveur avec laquelle elle défend pour la première fois point de vu surprend Aman, mais il était loin d’être convaincu…
- Tu me parles de beauté… d’amour… regarde par là… cet entassement de maisons délabrées de l’autre rive… ils connaissent eux cette beauté ?... ils ressentent cet amour ? il élève sans se rendre compte la voix en montrant du doigt l’endroit dont il parle tout en la fixant du regard…
- Le gouvernement fait tout pour améliorer leur situation… électricité, écoles, soins…
- Blabla de politiciens, Priya ! blabla de politiciens… ont ils du travail dans les champs ? leurs enfants ont-ils le droit d’aller à l’école centrale du village ?... pour aller au grand marché derrière la montagne, ils doivent faire le tour de la colline, parce qu’ils ne peuvent pas passer devant l’entrée principale de votre domaine… oui, on a essayé d’améliorer leur situation, mais c’est comme améliorer les conditions de vie des prisonniers en modernisant une prison !
Cette fois, Priya ne trouve rien à dire… elle lève les yeux vers le village en question et prend une profonde inspiration…
- Dit moi princesse ?... pourrais-tu laisser l’un d’eux te toucher ?... qu’est ce qu’il y a ?... ce n’est pas une si difficile question !
- Je n’ai jamais eu l’occasion d’en croiser…
- Là n’est pas le propos… pourrais tu, oui ou non, laisser un Dalit te toucher…
- Ecoute Aman, c’est des vieilles traditions qui régissent ce pays et je ne les ai pas…
- Juste, oui ou non…
Ses yeux la fixe tellement qu’elle a l’impression qu’il lit dans son âme comme dans un livre ouvert… elle finit par baisser les yeux en faisant un signe de négation de la tête…
- C’est ce que je pensais !
Il lui sourit et se remet en marche, la remarquant restée derrière lui, il se retourne vers elle et lui lance :
- Qu’est ce qu’on avait dit, assume tes idées… ne sois pas désolée pour être ce que tu es et penser ce que tu penses.
Elle sourit et le rejoint, mais lui fait signe de l’attendre. Elle se penche, prend un peu d’eau du lac dans ses mains et les approche de lui en faisant attention à ne pas tout déverser.
- Qu’est ce que c’est ? demande-t-il surpris
- Je rends service à ta mère en t’obligeant à revenir un jour ou l’autre ici… allez , bois ! tu ne crains rien, les herbes nettoient ce lac naturellement… tu ne tomberas pas malade !
Il marque un temps de réaction la regardant attendrit par son visage reflétant toute l’innocence de son âme. Finalement, il tend les mains pour accueillir son breuvage de dans et le boit. Ils reprennent leur marche encore, mais cette fois sans rien dire… à quelques pas du grand portail délimitant le domaine des Chowdery, il s’arrête.
- Mon chemin s’arrête ici, princesse… te voilà devant ton palais…
Son ton cérémonial amuse Priya qui les joues en feu sous l’effet du soleil qui a accompagné leur balade, lui tend une main et dit :
- Puisqu’ici tu n’es pas mon professeur et je ne suis pas ton étudiante… de nouvelles présentations sont de mise… Priya Chowdery… ravie d’avoir fait ta connaissance.
Il regarde longuement la main qui lui est tendue avant de la regarder dans les yeux et dire :
- Aman Khan… tout le plaisir est pour moi… mais… (redirigeant son attention sur sa main encore tendue dans le vide)… je ne peux te serrer la main.
Devant son expression choquée, il rajoute en s’approchant de son visage à presque le toucher…
- Je suis le fils de la sage femme Dalit qui avait un jour aidé ta mère à mettre au monde ton grand frère Rohan… dans les traditions de ce pays je suis aussi « intouchable », princesse…
Sur ses paroles, il tourne les talons et repart en direction du lac la laissant Priya figée sur place.
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mira123
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime09.11.12 20:26

En rentrant dans son village, Aman croise un petit groupe d’enfant à l’entrée en train de jouer avec un ballon improvisé d’un sachet en plastique rempli de paille, d’herbes et de terre. Il échange avec eux quelques dribles avant de leur redonner le ballon. Il remonte alors la rue mêlant sur ses bords baraques d’habitation, ateliers et marchands… toutes des bâtisses en tiges de bois à peine ajustées et couvert d’un toit en paille ou en tôle. Les moins chanceux, n’ont pour demeure qu’un assemblage de tissu monté sur quelques étaies qui cachent à peine leur vies !
Quelques femmes s’affairent devant leur porte d’entrée à préparer le pain traditionnel sur le feu, d’autres reviennent avec des gros bidons d’eau qu’ils ont dû chercher à la fontaine quelques kilomètres plus haut… celles-ci trait une maigre chèvre pour le donner à ses enfants, elle est probablement considérée comme notable parmi les siens.
Peu d’hommes sont dans le village en journée, ils partent tôt le matin au grand marché derrière la montagne gagner leur vie en faisant des petits travaux peu rémunérés… éboueurs, porteurs…
Les hommes qui restent ici sont ceux qui peuvent jouir d’un commerce ou d’un métier manuel leur permettant de trouver place dans un atelier.
Sur son passage, les gens s’arrêtent ou se lèvent et incline la tête respectueusement avec un sourire. Etait ce son statut d’invité ? son nom? son histoire ? ou encore sa tenue vestimentaire pour le peu insolite… probablement un mélange de tout cela.
S’il avait cru que la Rue des Indes pouvait offrir des spectacles de misère, rien n’est comparable ici… les gens, la peau durcie et noircie sous l’effet du soleil brulant, les sourires édentés et les carcasses squelettiques cachées sous de fins haillons parfois se résumant à juste de quoi préserver son intimité, sont tellement habitués à n’avoir rien, qu’un si peu leur procure du bonheur… ainsi, tu les entends s’exclamer de l’électricité dans la rue qui a donné l’occasion aux rares enfants scolarisés et les vieilles femmes couturières de pouvoir travaillé à leur lueur le soir… le gouvernement leur a offert l’électricité à domicile, mais avait malheureusement oublié qu’ils ne pouvaient guère en payer les factures.
Où trouvent-ils la force de sourire ?... de se marier ? d’avoir des enfants ?… recréant génération après génération les mêmes misères… mais ça doit être les seuls bonheurs dans leur existence.
Il voit enfin la maison où il loge avec sa mère, de loin, elle se distingue dans tout le village avec son bâti en brique et toiture solide avec une petite cours devant sa porte et un deuxième étage rare dans les parages.
La porte grande ouverte lui permet de distinguer sans mal la présence d’un groupe de femmes assises à même le sol dans leur salon avec sa mère dont le sourire radieux réchauffe son cœur. Depuis trois jours qu’ils sont arrivés, la maison ne désemplit pas, entre certaines cousines, des vieilles connaissances ou même des yeux curieux… il sait que lui et sa mère sont la distraction du moment.
Il se déchausse à l’entrée, les salues d’un signe de la main en inclinant la tête et va s’installer par terre à côté de sa mère dont il touche le pied avant de lui baiser la main et le front. Paradoxalement, aussi pénible que peut être ce voyage, il aimait écouter ces vieilles histoires qui font l’histoire de ses origines.
*-*-*
Le lendemain matin, juste après sa prière du matin, il redescend le village pour aller au pont menant à l’autre rive du lac où il a pris l’habitude de se balader. Ce n’est pas Paris, ce n’est pas la Seine et Arjun n’est pas là pour lui souhaiter bonne journée… mais d’ici, en regardant vers la lumineuse ligne d’horizon entre le bleu de l’eau et celui du ciel, il peut admirer la venue du jour par l’apparition dans un hâle rougeâtre du disque majestueux du soleil… voilà un spectacle qu’il n’aurait jamais à Paris, le levée du jour !
- Hé toi ! lance une voix familière dans son dos.
Interloqué, il se retourne vivement pour découvrir avec stupeur Priya habillée d’un simple pantalon et débardeur noirs, les cheveux remontés en queue de cheval et les yeux rougi par probablement une nuit où le sommeil a manqué. Sans lui laisser le temps de réagir, elle s’approche de lui et le défit du regard :
- Pour qui tu te prends ? tu débarques ici avec tes idées reçues et tes jugements établis sur une vie que tu ne connais même pas !... tu te crois supérieur à tout le monde avec ton super QI, super diplômes, supers principes, supers connaissances… imposer le respect !!! pure vanité !
Le voyant froncer es sourcil… elle reprend sa respiration à court d’oxygène après ce débit continu de paroles et revient à la charge.
- Oui vanité ! tu sais que tu es meilleurs que ces gens là haut dans ce village dont tu as pris la défense hier, mais t’es pas meilleur que nous autres les vilaines castes supérieures ! pourquoi tu serais Dalit ici et Brahmane la bas ?… ce n’est pas comme ça que ton ami t’as nommé ? c’est pour ça que tu préfères la France à ton pays ?... tu dis que je développe des complexes de culpabilité et toi alors ? tu renies ton appartenance, ton origine, la terre de tes parents… tu renies ce qui a fait de toi, toi ! pour te complaire dans un monde qui sera toujours de substitution pour je ne sais quel sombre complexe…
Sa voix tremblait sous l’effet de la colère et ses yeux remplis de larmes fixaient les siens avec insistance…
- Priya ?... je…
Elle l’arrête en pointant son doigt… lui imposant de l’écouter jusqu’au bout !
- « intouchable » hein ?... alors pourquoi tu as touché mes mains à l’hôpital ? rappelle toi ces deux mains que tu as pris dans les tiennes… c’était quoi ça ? de la pitié pour une gosse de riche incapable de surmonter une foutue phobie ? ou bien ta manière de ne rien devoir à personne ! tu n’es même pas concerné par ces castes et ces traditions… tu n’es ni de cette confession ni d’appartenance à la terre de ces traditions alors pourquoi ?... j’ai peut être un syndrome de culpabilité mais toi Aman Khan, tu as surement de plus graves problèmes qui te poussent à ne trouver le respect que dans le rabaissement des autres !
Elle essuie d’une main rageuse une larme qui roula sur sa joue et se détourne pour repartir sous le regard d’un Aman encore choqué par son comportement. Elle s’arrête soudain et se retourne à moitié
- Et ça monsieur le psychologue… je ne m’en excuserais jamais !
*-*-*
Après une journée dehors, Aman rentre dans son village en début de soirée, il remarque alors qu’inhabituellement, une frénésie spéciale anime ses habitant, les enfants courent partout, les femmes se baladent en groupe avec ce qui ressemble à leur vêtement d’apparat, des torches sont allumées le long de la longue rue et juste devant sa maison où il y a un vaste terrain un énorme feu est allumé autour du quel les gens dansaient en cercle dans les rires et la bonne humeur… un regard vers le ciel lui rappelle que c’est la pleine lune et que comme chaque année à l’équinoxe du printemps… ils fêtent la Holî !
Il cherche du regard sa mère et la voit assise à même le sol en cercle avec ses amies, elles récitent en musiques les chansons de la fêtes donnant le rythme aux danseurs et danseuses autour du feu… Ce soir, son cœur n’est pas trop à la fête.
Il baisse donc la tête et détourne le rassemblement pour rentrer dans la maison, la musique et rythme des tambours lui donnaient la migraine et il s’installe à la table du salon en massant ses tempes.
- Aman ?
Le voyant passer en évitant les gens, la mère d’Aman s’est tout de suite levée pour le rejoindre à la maison, elle s’était inquiétée de ne pas le voir rentrer pour le déjeuner. La mine fatiguée de son fils et le fait qu’il ne se soit pas levé dés son arrivée comme à son habitude l’inquiètent d’avantage.
- Qu’y a-t-il betta ?... tu ne te sens pas bien ?
- Pourquoi as-tu voulu revenir ici, Maa ?
Il lève vers elle des yeux tristes qui lui mettent les larmes aux yeux, elle s’approche de lui et lui caresse les cheveux avant de s’agenouiller pour se mettre à son niveau et lui caresser le visage. Il lui prend la main dans la sienne et y dépose un tendre baiser avant de la serrer très fort contre lui.
- Qu’est ce qui se passe betta ? quelqu’un t’as dit quelque chose ? on t’a…
- Ce n’est pas ça, Maa… mais… (soupire)… je ne comprends pas ce qui te pousse à ressasser ce lointain passé, n’as-tu donc pas eu assez de malheurs dans ta vie ?
Il desserre son étreinte pour la regarder dans les yeux, elle lui sourit en mettant la main sur sa tête.
- Mais je suis heureuse ici, betta… on ne peut changer le passé, ces malheurs sont derrière nous… regarde toi aujourd’hui, tu es mon grand garçon, ma force, ma fierté… tu es le bonheur de ma vie…
- Alors pourquoi je ne te suffis pas ?… pourquoi ce besoin de revenir ici ? sa voix cassée brisait le cœur de sa mère.
- Parce que où que nous allions, nous restons liés à là d’où nous venons… c’est ce qui me rend heureuse de revenir ici.
- Moi pas !
Le verdict était sans appel. Aliya n’avait aucune chance de le convaincre, elle savait au fond d’elle que c’était en grande partie à cause d’elle aussi que son fils était aussi réfractaire à tout ça. Elle se relève et s’apprête à s’en aller, la main de son fils tirant sur la sienne l’oblige à se retourner.
- Je vais faire nos bagages, betta… rentrons à la maison
Il se lève et attire d’une main sa tête pour lui baiser le front avant d’essuyer une larme qui roulait sur sa joue.
- Pardonnez-moi, Maa… je suis vraiment désolé de m’être emporté…
Il lui relève le menton pour voir ses yeux… elle lui sourit et lui prend le visage dans ses deux mains avant de mettre un tendre baiser entre ses yeux. Elle était si émue que si elle parlait, ses larmes la trahiraient et elle ne voulait pas l’attrister d’avantage…
- Aliya-ji !! lança une voix de vieille femme dehors.
- Allez Maa… ton « girls band » s’impatiente, il a besoin de sa chanteuse solo.
Son sarcasme réussit à la faire rire au grand plaisir de son fils. Il lui remet de l’ordre dans les plis du palloo de son sari et la laisse repartir.
Aman remonte dans sa chambre, se lave et se change avant d’aller dans son lit. Il entend alors la musique s’arrêter dehors et une vague de chuchotement. Intrigué il sort dans le balcon voir ce qui se passait.
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime09.11.12 21:14

Eh mira123, tu me laisse toujours sur ma faim, je suis happée dans cette histoire et j'attends la suite avec impatience!!!!
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime09.11.12 21:54

Hum.... Françoise... je vais être sympas et rajouter un paragraphe donc :)
Contente que tu aimes toujours autant... merci de ta lecture ^^
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime09.11.12 21:55

- Namasté… namasté… namasté…
Priya, suivie d’une jeune servante, s’avance les mains jointes en signe de salutation affichant son plus beau sourire. Elle s’arrête devant le prêtre près du feu et se courbe à presque lui toucher le pied avant de se relever et regarder la foule qui la regardait bouche bée.
- Joyeuse fête… euh… Désolée… je vous ai coupé
Elle marque une pause avant de s’éclaircir la voix et reprendre.
- Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Priya Chowdery… je suis venue ici vous inviter à vous joindre à nous pour la fête des couleurs demain… hum… la fête sera donnée sur la colline et vous êtes tous conviés… enfin ceux qui en ont envie. On vous attendra.
Elle s’avance vers la mère d’Aman qui surprise se lève par instinct… on ne reste pas assis devant les maîtres ! Mais à son grand étonnement, la jeune Chowdery se penche et lui touche le pied. Un geste qui crée la stupeur de l’assistance. Aliya se recule précipitamment… elle se rend compte au regard insistant de Priya de ce qui venait de se passer et réussit à dire une bénédiction.
- Namasté ji… vous… vous êtes celle qui a porté mon frère dans ses mains avant ma propre mère, je serai honoré de vous voir vous joindre à nous, vraiment.
Elle jette un regard en haut voyant Aman, qui les bras croisés assistait au spectacle, et se retourne pour saluer les villageois avant de repartir.
*-*-*
Il était déjà 10h du matin et la grande cours du domaine des Chowedery, tout était prêt depuis des heures… un étalage de pigments de couleurs sur un côté et un autre avec les différents mets d’occasion de l’autre, les domestique habillés de blanc se tenaient prêt pour servir les invités.
Priya debout devant chez elle, guette la route d’un œil inquiet, dans sa tête les doutes commencent déjà à germer. Si ses invités ne viennent pas, si ça ne marchait pas, si ça se passait mal… sa servante s’approche d’elle et lui dit avec une voix hésitante :
- Ji… il est déjà tard, je ne pense pas qu’ils vont venir.
- Et ils auront bien raison… comment oseraient ils ?
Son major d’homme ne voyait pas tout cela d’un bon œil et si ce n’était son amour pour la jeune maîtresse, il aurait appelé monsieur Chowdery sans attendre.
- C’est ma dame qui les a invités…
- Yash-ji va…
- Chuuut ! Priya les coupe en levant sa main.
Elle tend l’oreille et scrute l’horizon… un grand sourire se dessine sur ses lèvre lorsqu’elle voit les villageois tous habillés en blanc s’avancer en petit groupe portant des plateaux d’offrandes et friandises.
Sans attendre, elle rentre se changer rapidement, échangeant son sari contre un salwar vert et long kurta blanc d’occasion, en revenant elle s’aperçoit que c’est la mère d’Aman qui devance le cortège. Ravie, elle se lance à sa rencontre et la salue avant de lui toucher le pied…
- La tradition veut que ça soit une ainée qui entame les festivité… alors, si vous voulez bien… ?
Priya lui tend un plat que sa servante lui apporte où reposent divers pigments de couleurs… Aliya hésite un peu, jette un regard autour d’elle et finit par céder sous le sourire radieux et le regard angélique de Priya… elle prend une poignée de bleu et lui entache la joue en la caressant.
Priya prend à son tour une poignée d’orange et lui retourne son geste… elle met le plateau dans les mains et prend encore du vert pour le jeter à la figure de sa servante… cette dernière, une poigné de violet dans les mains lui en lance aussi… la musique se met à battre et bientôt, le mélange des couleurs dans l’air et sur les gens ne fait plus de différence entre villageois, servants et maîtres… rires, cris, nourritures et danses… la colline Chowdery n’a jamais été aussi heureuse.

Priya, maitrisant l’art de la danse traditionnelle, se met à danser pieds nus parmi ses invités qui suivent ses pas en une belle chorégraphie improvisée… Elle s’éclipse à un moment donné pour aller prendre ses médicaments sans se faire voir à l’intérieur. En se piquant le bras avec son insuline, l’image d’Aman s’impose à son esprit. Malgré elle, elle ressent une pointe de tristesse pour son absence. Mais elle se ressaisit vite, elle ne fait pas tout ça pour lui, mais pour elle, pour savoir quel genre de personne est elle réellement... pour ces gens aussi, dont la joie et le bonheur font le sien aussi… pour Rohan qui avait toujours rêvé d’abolir les barrières des traditions…
Elle essuie une larme d’une main sale et regarde son major d’homme qui la fixait d’un regard réprobateur… elle s’approche de lui et frotte ses joues avec ses mains en riant de le voir se débattre…
- Vient dehors et rend la moi si t’en as le courage ! lui lance-t-elle en repartant dehors.
Elle s’arrête net le pas de la porte, la vue d’Aman franchir l’entrée fait faire un bond à son cœur… elle descend les escaliers pour aller à sa rencontre et le défit du regard un sourire narquois sur les lèvres.
- Que vient faire un intouchable chez une altesse ?
Il se penche sur son visage à presque toucher son nez avec le sien et chuchote tout prêt de ses lèvres en plongeant son regard dans ses yeux émeraude…
- Lui montrer… qu’il sait lui aussi faire la fête !
Elle reste paralysée de longues secondes sous son regard de braise, un jet de pigments rouge fouettant sa joue la tire de son hypnose… il lève les mains lui montrant qu’il ne l’a pas touché directement et s’éloigne d’elle avant de se mettre en rang avec les danseurs en faisant un signe aux musiciens d’accélérer le rythme… il se met alors à danser comme jamais elle ne l’aurait imaginé sous les yeux mouillés de larmes de joie de sa mère.
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime09.11.12 22:06

cimer mira123, j'aime beaucoup et à chaque paragraphe, j'ai l'image devant moi, franchement je trouve cela super, tu as une bonne imagination, j'adhère, il en ressort beaucoup de sentiments, continues, je continuerai la lecture avec plaisir!!!!
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime09.11.12 22:18

ça me fait plaisir de voir que ça te fait imaginer les images, j'écris en les voyants devant mes yeux aussi... merci lol2
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mira123
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime10.11.12 17:10

La fête se poursuit jusqu’au bout de la nuit et le soir avancé, sous la lumière de la pleine lune, les villageois redescendent la colline pour aller rejoindre leurs taudis. On ne pouvait presque plus les reconnaitre, les visages barbouillés de couleurs et les vêtements teintés d’arcs en ciel, ils avançaient dans la nuit sourire sur les lèvres et ventres pleins…
Aman resté en retrait vers la fin de la soirée est rejoint par Priya sur la route de retour…
- Alors ? demande-t-elle au bout d’un long silence.
- Alors quoi ?...
- Pas de commentaires ?
- Tu t’attends à des félicitations ?
- Hum… je dirais plutôt à des… « de toute façon, demain leur vie misérable reprendra son cours »… « tu l’as fait pour toi et non pour eux »… « juste un caprice de plus d’une gosse de riche qui veut jouer à la bénévole des œuvres de charité…
- Ça c’est ce que toi tu penses… pas moi
- Et que penses-tu alors ?
Il s’arrête devant le bord du lac… sans s’en rendre compte, ils se sont dirigés vers leur lieu de rencontre de tous les jours. Aman se plonge dans une profonde méditation que Priya n’osait déranger. Soudain, il se retourne se penche vers elle et plonge ses yeux dans les siens.
- Je pense que tu devrais arrêter de te sentir fautive pour tous les malheurs de ce monde… et d’essayer de réparer des torts que tu n’as jamais commis…
Il la dévisage un moment avant de s’asseoir par terre la laissant debout les yeux perdus dans le vague. Au bout d’un moment, elle se ressaisit et s’installe à côté de lui dans la pénombre.
- Alors tu ne me vois plus comme la gosse de riche superficielle que…
- Priya… je ne t’ai jamais vu de la sorte… la coupe-t-il se tournant vers elle.
Il la voit remonter ses genoux sur sa poitrine et les serrer en croisant ses bras dessus contemplant l’étendue de l’eau noirâtre d’un regard triste.
- Je vois en toi, Priya… la jeune femme de forte personnalité qui n’hésite pas de prendre la défense d’une inconnue alors qu’elle fulmine de colère. Une européenne qui se met à se parer des bijoux de son pays … une bindya coloré et une perle sur le coin du nez, juste par solidarité à cette inconnue. Créant par sa popularité une nouvelle mode qui facilitera la vie de sa nouvelle amie… un personnage public qui n’hésite pas à créer la controverse à une soirée médiatisée par une robe trop… hum… découverte, mais qui respecte les traditions de ce pays quand elle y est ! tu es une personne formidable Priya Chowdery, un peu folle sur les bords… mais formidable, ne laisse personne te faire croire le contraire…
Ses paroles lui donnent les larmes aux yeux, comment pouvait il là voir ainsi ?... comment trouvait il en elle toutes ces qualités pourtant si banales ?... son regard insistant sur le sien, elle se perdait dans la profondeur de ses yeux.
- Qu’y a-t-il Priya ?... c’est moi que tu ne crois pas ou ce sont mes paroles ?
- Je ne suis pas si formidable Aman… j’ai causé dans ma vie tellement de tort, tellement d’erreurs irréparables… je ne porte pas le poids des malheurs du monde… juste les miens et crois moi, ils sont bien lourds…
Elle marque une pause, hésitant longuement à poursuivre son récit mais finit par se décider…
- Peu de temps après la naissance de Rohan, mon père avait accepté le poste d’ambassadeur de l’Inde aux Etats Unis. Travaillant à Washington, notre résidence était pourtant à Newyork, c’est là que je suis née et j’ai grandi. Nous revenions en Inde durant les vacances et pour les fêtes seulement. Rohan adorait tellement la vie ici en Inde et prévoyait surement de revenir y vivre dés l’obtention de son diplôme d’avocat contre la volonté de nos parents qui pour je ne sais quelles sombres raisons, détestaient revenir dans cette maison.
Elle se tait un long moment, un sourire de nostalgie sur les lèvres et les yeux perdu dans le vide où défilent les doux souvenirs de son enfance. Aman ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais se ravise finalement.
- Si mon frère était le modèle parfait du jeune hindi de bonne famille, j’étais pour ma part la fille pourrie gâtée qui ne se souciait que de sa petite personne… en grande partie à cause de lui… rien n’était de trop pour sa petite sœur, mes parents avaient beau le blâmer de céder à tous mes caprices, il n’écoutait rien.
Elle prend une profonde inspiration en essuyant une larme venue s’échouer dans le creux de ses lèvres.
- A dix sept ans, je devais me faire hospitalisée pour une série d’examens, comme à mon habitude, je faisais l’enfant en refusant d’y aller prétextant un voyage que je devais faire avec mes amies pour un projet au lycée… Rohan pour me calmer me promet d’aller récolter les informations et prendre des photos lui-même… à cours d’arguments, je me résigne à accompagner mes parents et Sameer à l’hôpital…
Priya s’arrête de parler un moment, sa respiration rapide et ses yeux pleins de larmes attristaient Aman, mais il n’y pouvait rien.
- A un moment donné, mon père s’absente sans prévenir et ma mère essayant de ne pas me communiquer son stresse sortait et revenait chaque cinq minutes de ma chambre… je reçois un appel de Rohan, il était déjà dans son avion, il me demanda d’être forte, qu’il le fallait pour moi, pour nos parents et pour lui aussi… sa voix était si calme …
Cette fois, elle éclate en sanglots et se tient la tête entre ses deux mains, comme pour s’empêcher de se souvenir.
- Je croyais… je … je croyais qu’il parlait de moi, de l’hôpital… avant de raccrocher, il se tût un long moment… il me rappela à quel point il m’aimait et raccrocha.
- Il était sur le vol UA93 ?
- Ha… Maa retourna en catastrophe dans la chambre, elle me demande de me changer et à Sameer de rassembler mes affaire, son agitation me fit remarquer les sirènes d’ambulance qui n’arrêtaient pas de crier dans la ville… elle va se poster devant la fenêtre essayant d’appeler au téléphone en vain… en me redressant je vois la fumée sillonnant le ciel de Newyork… j’arrive à en repérer la source et … c’était l’effondrement de la deuxième tour… nos agents de sécurité viennent nous récupérer et dans les couloirs toutes les télés retransmettaient les mêmes images de catastrophes… je réussis à capter quelques bribes… « 4 avions ont été détournés »… « un troisième avion vient de s’écraser sur le Pentagone »… « le quatrième avion vient de se cracher en Pennsylvanie… en partance de New Jersey près de Newyork… dirigé vers San Francisco… »… comme si quelqu’un m’avait donné une claque pour me réveiller… je compris enfin l’agitation autour… Rohan m’avait appelé de son bucher avant la mise en feu… je l’ai tué Aman… c’est à cause de moi que mon frère… je l’ai tué…
Aman la prend par les épaule et la ramène contre lui, elle se serre contre lui comme accrochée à une bouée de sauvetage et s’abandonne à ses sanglots… il aurait aimé prendre son mal pour la décharger de ce fardeaux si lourd, il caressa juste ses cheveux et son dos en gestes d’apaisement…
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime10.11.12 17:11

- Aman ?
Priya ne pleurait plus, blottie dans ses bras, la tête contre son torse musclé elle respirait au rythme des battements de son cœur, elle se sentait comme libérée… quelque part elle avait besoin de sortir tout son désarroi, ce qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de faire avec personne.
Elle lève ses yeux vers les siens qui fixaient un point dans le vague, elle le sent resserrer son étreinte avant de la regarder avec un sourire attendri… Dieu qu’il était beau avec ces fossettes ! Ne peut-elle s’empêcher de penser.
- Tu crois au destin ?
Le voyant froncer les sourcils en signe d’interrogation, elle se redresse sans quitter son contact de manière à lui faire face et regarder dans l’infinie profondeur de ses yeux.
- Je veux dire… toi… moi… notre rencontre à Paris et notre rencontre ici…
- Si on devait mettre ça à la charge du destin, alors je pense qu’il a du se jouer de nous bien avant de nous faire rencontrer… comme une boucle à boucler.
- Quelle boucle ?
Pour toute réponse, elle n’a droit qu’à un profond soupire. Aman se replonge dans sa contemplation du vide… que fuyait-il ? la question posée ou la réponse qui devrait être ?
- Que fuis tu dans ce pays, Aman ?
Sa question le pique au vif, elle voit son regard changer, exprimer à la fois tristesse et colère. Il se redresse à son tour et se dégage de son étreinte. En une seconde elle le sent s’éloigner d’elle, regrettant sa question elle s’apprête à s’excuser quand elle entend à nouveau sa voix calme…
- Je suis né ici… je ne parle pas du pays ou du village, mais de cette rive là au bord du lac… le même jour que ton frère Rohan…
Il prend une poignée de terre dans la paume de sa main avant de souffler de dans l’éparpillant aux quatre vents…
- Je suis comme cette terre Priya… dur, je suis si fort que rien ne peut me briser… tendre… je suis si fragile qu’un souffle suffit pour m’effacer. La vie à Paris me durcit et me rend fort… la vue de mon pays m’attendrit et me rend fragile.
Le visage de Priya s’éclaire d’un sourire qui surprend Aman, il l’interroge d’un signe de la tête sur la raison…
- C’est la première fois que je t’entends dire « mon » pays en parlant d’ici…
- Mouais… Paris reste le pays de mon cœur ! dit il en se levant et étirant ses muscles, sa manière de détourner le sujet pour éviter une conversation qu’il n’était prêt à avoir. Priya se lève à son tour et remet de l’ordre dans ses vêtements entachés en tapant dessus dans succès.
- C’est une bien belle déclaration… que tu devrais réserver à ta balade au bord de la Seine, le lac risque de se fâcher et te dire que trouves tu de mieux la bas…
- UNE DOUCHE !... la moindre des choses… je ne sais même pas comment vais-je faire pour me décrasser en utilisant un saut et une tasse !?
- Si c’est une douche qui te manque, je connais un moyen d’y remédier
Dit elle avec un sourire enjoué…
- Merci Altesse, mais utiliser la douche de ton palais n’est pas une option !!!
Son air sérieux en disant cela fait rire Priya aux éclats, elle lui prend la main et commence à courir l’obligeant à la suivre. Au bout d’un moment, elle s’arrête, l’endroit était plus sombre probablement la lune était cachée par le feuillage des arbres les entourant.
- Que penses-tu de cette douche là ?
Aman regarde vers l’endroit qu’elle lui indiquait et voit avec émerveillement un paysage féérique. Ça devait être le passage du cours d’eau versant dans le lac… l’eau jaillissait du haut d’une falaise pour venir chuter avec fracas dans l’eau claire parsemée de pierre.

Il reste un moment immobile avant de sentir la main de Priya presser la sienne encore, il la suit vers le petit pont surplombant la cascade du haut du quel l’éclat du point de chute rafraîchi le cœur et le corps. il se penche pour mieux voir le spectacle, quand il relève la tête, il découvre Priya se tenant sur le bord du pont de l’autre côté de la corde le limitant… choqué il tend la main pour l’attraper… elle lui sourit encore et saute en lui criant :
- J’espère que tu n’as pas le vertiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiige !!!
- PRIYAAAA !
il croit avoir une crise cardiaque en la voyant disparaitre sous l’eau et il lui semble qu’une éternité passe , il la voit enfin ressortir sa tête en remontant ses cheveux en arrière…

Elle lève vers lui son visage noyé sous les chutes d’eau et lui fait signe de faire pareil…
- T’es complètement folle !!! lui crie-t-il
- Peut être… mais tant que tu resteras en haut, tu ne verras pas pourquoi !
Il hésite encore quelques seconde avant de passer le cordon et sauter à son tour… Priya le cherche du regard un long moment avant de le voir ressortir… il nage en sa direction et s’arrête sous le jet d’eau baignant son visage dessus.

- Alors dit moi… quelle douche à Paris peut t’offrir cette sensation là ?
Il la regarde longuement avant d’approcher une main instinctivement et lui remonter une mèche barrant son front. Il se sent comme emprisonné par ses yeux qui le fixaient… il approche encore sa main pour toucher son visage avant de redescendre sur son cou… Priya s’abandonne au flux de sensation provoquées par ce geste et laisse retomber sa tête en arrière… elle sent alors les lèvres d’Aman remplacer sa main sur sa gorge et soupire en s’agrippant à lui par les épaules… c’est si bon que ça ne pouvait être réel… mais si c’est un rêve, alors aucun des deux ne voulait le quitter.
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime10.11.12 21:25

Le jour se lève sur le bord du lac couvrant de ses rayons de soleil Aman assis à même le sol et serrant Priya dans ses bras. Sans se rendre compte, ils s’étaient redirigés vers leur habituel lieu de rencontre et blottis dans les bras de l’un l’autre, il ont attendu le levé du soleil… là, sans rien dire, sans rien faire, ils sentirent quelques chose changer dans leur cœur, dans leur âmes, dans leurs vies…
La semaine passe comme un éclair. Depuis le Holî, Aman et Priya ne se quittent plus, en plus de leur rendez vous quotidien au bord du lac, elle s’est improvisé guide pour lui montrer toute les beautés cachées de son coin de Paradis.
La mère d’Aman tout comme les domestiques de la maison Chowdery ne manquent pas de remarquer les sourires éclatants, la précipitation le matin pour sortir, le retour le soir le regard rêveur… et bizarrement ils ne voient pas trop cela d’un bon œil. Le major d’homme de Priya lui rappelle constamment que passer ses journées avec un dalit était de l’inconscience et que si son père le savait elle aurait des problèmes. Pour toute réponse, elle lui sourit et sort quand même. Elle n’écoute même pas ses arguments… depuis ce soir là dans la cascade, son cœur ressemble à cette chute d’eau, ses sentiments jaillissent avec fracas pour répandre dans tout son être un bonheur indescriptible.
La mère d’Aman elle essaie de ne pas interférer au début, mais finit par mettre le sujet sur la table un matin où elle avait remarqué qu’il a passé la nuit à contempler le ciel dans son balcon.
- Aman beta ?
En la voyant entrer dans sa chambre, il se lève et vient à sa rencontre pour lui toucher le pied et lui baiser la main comme à son habitude. Ils s’installent sur le bord du lit et elle reste un long moment silencieuse à regarder dans le vide. Inquiet, il se penche sur son visage et lui demande :
- Maa ? tu es sure que ça va ?
- Oui beta, mais toi, est ce que tout va bien ?
- Oui… bien sûr ; répond il d’un air enjoué
- Tu sais… rien dans ce monde, rien, ne me rend plus heureuse que de te voir comme ça…
- Comme ça , comment ?
- Comme ça… heureux…
- Mais alors, qu’est ce qui ne va pas ?
Ses yeux scrutant une réponse dans les siens lui font monter les larmes aux yeux, elle se lève et va dans le balcon. Les premières lueurs du jour donnaient à l’horizon un hâle blanchâtre envoûtant. Aman la rejoint et l’entoure de ses bras par derrière la serrant très fort contre lui en nichant sa tête dans le creux de son coup.
- Arrête de voir la fille de Chowdery !
La voix habituellement calme et douce de sa mère avait pris un ton autoritaire qu’il ne lui a jamais connu. Aman ne savait ce qui le choquait le plus, ce que sa mère lui disait ou le ton sur lequel elle le disait… il se dégage d’elle et la prend par les épaules pour l’obliger à lui faire face et la regarde droit dans les yeux comme y cherchant la traduction de ce qu’elle venait de lui dire.
- Ha beta… je veux que tu cesse de voir la fille de Chowdery… que tu mettes fin à cette histoire avant qu’elle ne commence
- Tu le veux ?... ou… tu me l’ordonnes ?
Elle lisait dans ses yeux la confusion et l’incompréhension et dans sa voix une pointe de colère qu’il n’exprimera jamais. Elle le comprenait, mais elle n’était pas prête à renoncer à ses droits de mère, ni à ses devoirs de fils.
- C’est ce que je veux… mais… la volonté de ta mère n’est elle pas une exigence à tes yeux ?
Il la fixe encore un moment incrédule avant de se tourner vers la vue au loin en s’appuyant sur le garde corps de son balcon. Au bout d’un long silence, il lui répond sans se retourner.
- si ta volonté est de m’enlever la mienne, alors soit… maa.
Elle le voit crisper ses doigts autour de la balustrade en métal sur la quelle il s’appuyait…
- t’ « enlever la tienne »… c’est si sérieux ?
- sérieux !?...
cette fois, sa voix s’élève malgré lui lorsqu’il se retourne vers elle. Il essaie de se calmer avant de reprendre sur un ton plus calme.
- De quoi parlons-nous, maa ?... depuis quand es tu obligée de m’ordonner des choses pour me voir les exaucer ? la question ne concerne pas Priya et moi… mais juste toi et moi !
- Alors tu vas le faire ?
- Faire quoi ?
- Quitter la fille Chowdery…
- La quitter ? faudrait d’abord qu’on soit ensemble ! et puis… tu te rends compte de ce que tu dis ? Priya …
- … est la fille de celui qui a tué ton père, Aman !
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime21.11.12 21:35

Priya attendait depuis des heures au bord du lac, le soleil à présent bien haut dans le ciel lui brûlait les joues et elle s’avance vers la rive pour prendre de quoi se rafraîchir… elle plonge ses mains dans l’eau tiède et en prend une poignée pour la passer sur son visage.
- je t’aime…
elle reconnaîtrait sa voix entre mille, son souffle chaud dans le creux de son cou et le bruit de ses pas arrivant derrière elle… mais, n’est elle pas en train de rêver ? a-t-elle vraiment entendu ces paroles ou est ce le soleil qui lui donne des hallucinations.
Il se penche sur elle jusqu’à lui toucher presque la joue, elle tourne vers lui des yeux incrédules et emprisonné par son regard de braise, elle le voit approcher ses lèvres des siennes doucement… il s’arrête à peine avant de les frôler et sans quitter ses yeux, elle l’entend souffler encore une fois… « je t’aime ».
Sans s’en rendre compte, elle se jette dans ses bras et s’y blottie comme si sa vie en dépendait. Il l’entoure de ses bras et lui caresse les cheveux avant de lui relever la tête pour lui faire face. Un mélange de sentiments créait un tourbillon dans son cœur et ses sens et sans s’en rendre compte, des larmes de joie commencent à remplir ses yeux émeraude.
- Je t’aime aussi Aman… je crois que je t’ai aimé depuis le premier jour, je ne…
Il l’arrête d’un doigt sur les lèvres, elle remarque soudain son air sérieux, son regard glacial et à quel point son cœur tambourinait dans son torse musclé contre le sien. Quelque chose clochait dans cette situation qui paraissait pourtant féérique, elle scrute dans ses yeux une réponse à ses inquiétudes, une réponse qui tarde à venir à ses lèvres.
- Tu ne devrais pourtant pas…
Il finit par sortir de son mutisme en se détournant d’elle pour faire face à l’étendu d’eau. Le soleil matinal commençait à se cacher derrière un grand voile nuageux qui jetait sur les lieux une ombre pesante… elle s’approche de lui et l’oblige à la regarder en tirant sur son bras, ce qu’elle lisait dans son regard l’effrayait
- Qu’est ce que je ne devrais pas ?
Aman avait du mal à détourner les yeux des siens, il remonte une main vers son visage pour lui caresser la joue, mais s’arrête et ferme son poing. Au bout d’un moment il se retourne encore vers le lac lui faisant dos. Cette fois elle n’ose plus aller vers lui, un pressentiment lui réclame même de s’éloigner d’ici… d’y aller et ne plus revenir.
- Je suis venu aujourd’hui t’expliquer pourquoi on ne devrait plus se voir…
- Mais… essaie-t-elle de réclamer, mais il la coupe en pointant son doigt comme à son habitude.
- Mais tout au long du trajet, je n’arrêtais pas de penser à comment te le dire, comment te l’expliquer, comment tu réagirais… et cela m’a fait prendre conscience de mes sentiments pour toi…
il se tourne vers elle et plonge son regard dans le sien, elle y lisait un mélange de tristesse et colère qu’elle ne comprenait pas.
- Pourtant Priya… ça ne change rien. C’est notre dernière rencontre ici… ailleurs, tu ne seras qu’une étudiante parmi les autres dans mon cours.
- POURQUOI !? pourquoi cette décision si soudaine ? pourquoi maintenant ? pourquoi me dire que tu m’aimes alors !? dis moi Aman ! Dis moi quel jeu joues tu encore !?... c’est ta manière encore une fois d’imposer le respect ? ta manière de fuir les éventuels problèmes causés par notre relation ? ta vanité t’oblige-t-elle à prendre les devant pour préserver le respect que tu imposes !? tu ne… POURQUOI !!!
Elle éclate en sanglots et lui tourne le dos… elle ne savait si c’était la peur de le perdre ou la colère de son rejet mais son cœur saignait tellement qu’elle entendait son agonie bourdonner à ses oreilles sous son souffle accélérer.
Aman reste longtemps silencieux, la regardant simplement n’osant la toucher, pourtant son cœur à lui aussi souffrait. Il n’avait qu’une envie, la serrer dans ses bras pour la consoler et la rassurer… mais il était trop tard, la boite au pandore était ouverte et le chemin qu’il a pris n’était pas réversible.
- Dites moi Altesse… une histoire d’amour entre une kshatriya et un dalit… lui professeur, elle étudiante… bravant les tumultes de leur relation insolite, interdite… un beau mélange pour faire un film bien bolywoodien, n’est ce pas ?... tu ne sais même pas la profondeur du gouffre dans lequel ça nous engagerait…
Le calme de sa voix mettait ses nerfs à bout… elle se tourne vers lui et lui crie en lui tapant le torse à le faire reculer de quelques pas :
- Alors tu préfères la solution de la facilité ?... je ne t’aurais pas imaginé aussi lâche… oui lâche ! tu crois que pour moi c’est un jeu ? genre la fille pourrie gâtée qui fait un caprice de plus à ses parents en se mettant avec un homme de rang inférieur ! réveille toi Aman, on est loin de cette époque et combien même , je ne suis pas la fille hindi soumise qui finit par obéir à ses parents sans se battre ou se suicider parce qu’elle n’a pas eu gain de cause…
Il finit par lui empoigner les mains pour stopper ses coups sans ménagement, il l’approche tellement de lui qu’elle sent sa respiration lui fouetter le visage, et lui demande en fixant ses yeux de son regard intense :
- Es tu prête à te révolter contre tes parents pour un inconnu !?... me crois-tu vraiment l’homme qui te pousserait à le faire !?
- Pourquoi ces considérations !? Pourquoi imaginer le pire… tu ne connais pas mon père, il n’est pas…
Elle se dégage de son emprise et remet de l’ordre dans ses cheveux, au loin le grondement d’un tonnerre ne réussit pas à couvrir sa réponse :
- Tu ne me connais même pas Priya ! lui… si
Cette réflexion la glaça. De quoi parle-t-il ? comment Aman et son père peuvent ils avoir une quelconque relation ?... « tu ne me connais même pas »… finalement, que sait elle vraiment sur Aman ?... mille et une question se bousculaient dans sa tête, ses yeux remplis de larmes erraient incrédules comme ses pensées sur l’étendue des terres qui les entoure. elle le voit s’approcher d’elle et la fixer, l’obligeant à le regarder. Son air de marbre lui donne la chaire de poule !
- Ha Priya… que sais-tu sur moi ? que dirais tu à ton père si je voulais le rencontrer ?... « Aman Khan, enseignant en psychologie à l’université de Paris » ?
- Ce qui est la réalité… arrive-t-elle à dire d’une voix à peine audible voyant qu’il attendait une réponse.
- La réalité est comme un bout de verre… peut importe qu’il soit transparent, il te renverra toujours une image différente si tu changes d’angle de vision… et tu le sais que ton père n’a pas le même angle de vue.
- Quel angle de vue ? … je ne comprends pas… que sais tu de mon père pour pouvoir le juger ?
- J’en sais surement plus que tu ne puisses l’imaginer, même plus que tu peux toi-même savoir !
- Ça n’a aucun sens !
Excédée, elle tourne les talons et s’apprête à s’en aller. Il s’était tourné aussi encore une fois vers le lac… hésitant quelques secondes, elle finit par se décider à partir quand le son de sa voix l’oblige à s’arrêter.
- Zahir Khan était le fils d’une famille moyenne de New Delhi...
Sa voix vibrait, comme animée d’une onde de tristesse qui nouait sa gorge, pour la première fois, Priya le sentait faible, elle se tourne vers lui et le découvre assis à même le sol, les jambes croisées remontées sous son menton et enserrées de ses mains.
- … il venait de finir ses études en médecine quand on annonça le lancement de la grande compagne pour l’amélioration des conditions de vies des « intouchables »… un peu naïf et beaucoup trop idéaliste, il s’y inscrit et se retrouve trois mois après ici, à Manipur.
Il racontait l’histoire de son père… Tout ce que Priya savait c’est qu’il était mort, elle comprend pourquoi tant d’émotions se lisaient dans sa voix et elle aurait tellement voulu le prendre dans ses bras.
- Le village était d’une pauvreté inimaginable, pourtant il avait plus d’une fois fait le déplacement dans les quartiers malfamés de Delhi au cours de ses études, mais ici c’était pour l’homme de la ville qu’il était, insupportable. Au-delà de la pauvreté, les conditions de vie inhumaine, il lui fallait braver aussi les mentalités… Musulman, citadin et trop jeune pour être médecin, peu était ses clients alors que grand était le nombre de malades. il réussit néanmoins à gagner petit à petit leur confiance grâce surtout à une jeune fille qui comme avait été toute les femmes dans sa famille, faisait office de sage femme dans le village. Peu instruite, elle était pourtant très intelligente et avait réussi à l’intégrer petit à petit dans sa communauté en faisant appel à lui dés que l’occasion se présentait… en le côtoyant, son esprit vif et sa capacité d’apprendre lui valu la place d’assistante médicale attitrée et un an après… ils se mariaient !
Aman reste un long moment silencieux, contemplant l’autre rive du lac comme imaginant revoir ses parents jeunes faisant de longues balades au clair de lune que sa mère lui racontait depuis son enfance. Priya essayait d’imaginer ce couple si insolite à une époque où les mentalités étaient loin de s’ouvrir à ce genre de tolérance. Il ne l’avait pas dit, mais évident était l’amour qui avait réuni ces deux êtres que tout séparaient… pourquoi donc est il si fermé à leur histoire à eux ?... sur le point de lui poser la question, elle le voit se lever en tapant dans ses mains pour les dépoussiérer avant de les mettre dans ses poches. De dos, elle devinait ses muscles tendus sous sa chemise qui se plaquait contre sa peau sous l’effet d’un vent qui se levait. Un frisson la parcourt quand elle essaie de rassembler ses cheveux qui animés par la brise, venaient valser devant ses yeux…
- Je sais ce que tu te dis, Priya… oui ils étaient amoureux, oui ils ont vécu heureux, oui les différences ne les ont pas séparé… mais non, ce n’est pas une idylle… leur destin bascula un soir… le soir du Noël 1975…
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime22.11.12 14:12

Bravo mira123, Je suis de plus en plus captivée par cette histoire...!
La suite, la suite!!!!!!
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime22.11.12 20:43

Maïté a écrit:
Bravo mira123, Je suis de plus en plus captivée par cette histoire...!
La suite, la suite!!!!!!

Mille mercis heureuse de voir que ça te plait :)
voilà donc la suite... prépare toi à plonger dans un lointains passé... un long chapitre, j'espère qu'il plaira :)
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mira123
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Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime22.11.12 20:44

** FLASHBACK**
24 décembre 1975…
- Haa… je ne t’entends pas très bien… tu ne peux pas revenir avant QUOI !?... oui … OUI… la route est coupée… les vivres commencent à manquer… haa… ne t’inquiète pas… d’accord… d’accord… prends soin de toi… han… couvre toi bien… haa… ne veille pas tard… d’accord… oui… ne.. ne t’inquiète pas… je m’en occupe… je t’aime !
Aliya raccroche et demande au seul administrateur de la poste combien avait coûté sa conversation téléphonique. elle remet son grand sac plein de provision sur son épaule, porte un autre sur un ventre formé par une grossesse pas encore à terme et quitte le bureau de poste pour reprendre la longue route vers le village sous une pluie battante qui lui plaquait les cheveux sur la visage. Petite et mince, elle était assez charmante dans son sari orange aux bordures vertes qui lui donnait l’allure d’une « dame » parmi les siens. elle marchait d’un pas rapide à travers les champs avant la tombée de la nuit. La pluie ne s’était pas arrêtée depuis des jours et la route menant à la ville était coupé par la multitude d’arbres que l’orage avait fait tomber.
Au téléphone, elle prenait des nouvelles de son mari qui parti pour la capitale pour se réapprovisionner en médicaments s’est retrouvé coincé par la tempête qui frappait toute cette zone du pays. Elle sourit encore en repensant à sa voix alarmée en lui dictant toutes les précautions à prendre en son absence, c’était plus pour lui qu’elle s’inquiétait… ces pauvres enfants de la ville sont si fragiles se disait elle encore.
Arrivant dans son village, elle voit les voisins qui barricadaient leur logement de fortunes, les vents doublaient de vitesses et les maisons n’étaient pas assez solides pour y résister. Habitant dans la plus prestigieuse demeure du coin, elle essayait de compter le nombre de personnes qu’elle pouvait accueillir pour la nuit sous son toit, elle ne pourrait pas tous les aider, mais au moins minimiser le nombre de victimes.
elle atteint enfin sa maison le souffle court, quelques femmes avec leur enfants l’attendaient dans la cours déjà… quelques blessures à cause des chutes et les rhumes…
- Il va falloir commencer à découper vos lambeaux de saris mes dames, nous commençons à manquer de pansements… lance-t-elle en leur ouvrant la porte.
Elle rallait comme à son habitude, mais savait pertinemment que si on venait la voir si qu’on n’avait pas trop le choix. Seulement cette fois, ce n’était pas des paroles en l’air, si Zahir ne rentrait pas dans les jours qui viennent, elle n’aurait plus de quoi soigner qui que ce soit.
Du sirop pour les uns, une infusion pour les autres… elle est payée la plus part du temps par du lait de chèvre ou un panier d’œuf, mais ces jours ci, même les bêtes ont besoin de soin.
Deux heures après, elle trouve enfin le temps de s’assoir, une main sur son bassin qui lui faisait un mal de chien, elle essaie de le masser tout en caressant son ventre de son autre main, elle sourit en sentant un coup le faire bouger…
- Tout doux mon garçon, je sais que ton père dit que je dois me reposer, mais tu vois ces pauvres gens… que ferais tu à ma place, hein ?
Le soir arrivait bien vite en ces jours gris, elle va allumer une bougie près de la fenêtre quand un éclair déchire le ciel lui donnant une vision furtive du palais sur la colline éclairé de guirlandes de mille couleurs.

Palais des Chowdery :
La longue allée menant à la demeure familiale où des jets d’eau venaient défier les cordes de pluie tombant du ciel était éclairée de mille feux. Le froid glacial qui y régnait contrastait avec la chaleur ressentie aussitôt la porte franchie. Une grande salle décorée par des sapins somptueux dans tous les recoins où diverses guirlandes brillaient de toutes couleurs. Les invités, un verre à la main discutaient en petit groupe ici et là… ceux là, dans leur costumes trois pièces parlaient des cours de bourse de la journée, celles-ci, dans leurs somptueuses robes de soirée parlaient de leur dernières vacances en Europe.
Beaucoup étaient habillés de sherwani et de saris aussi, quelques uns ne comprenaient même pas hindi contrastant avec leur teint trop pale et leur chevelure dorée avec le reste des convives.
Yash Chowdery, en sherwani bleu et grande écharpe blanche discutait près de la cheminée avec le premier ministre qui était en visite dans l’état, ils ne tardent pas à être rejoint par le gouverneur. Absorbés par un grand débat sur l’approche à prendre lors de la compagne électorale démarrant juste après les fêtes, ils prêtent peu d’attention à ceux qui les entourent.
Quand Kamal-ji descend enfin le grand escalier pour rejoindre ses invités, son mari va à sa rencontre pour l’aider en lui tendant une main suscitant la jalousie de plus d’une femme présente. Peu lui importait, au-delà de sa galanterie légendaire et l’amour et respect qu’il portait à sa femme, c’est surtout son état qui le préoccupait. Entamant son neuvième mois de grossesse, elle était plus belle que jamais dans son sari rose pâle serti de dorure allant avec ses bijoux.
Aussitôt, le diner est servi et les Chowdery s’installent de part et d’autre d’une longue table rassemblant tous les invités, les mets se suivent et les discussions aussi. On faisait remarquer en se moquant au député à l’assemblé représentant l’état qu’il abusait un peu trop des bons mets et du bon vin. Déjà à un état d’ébriété bien avancé, il en redemande en riant de leurs blagues.
Quand le diner fut terminé, les hôtes ouvrent le bal de danse avec une valse vertigineuse. La piste de danse ne tarde pas à être investie par les autres convives, la soirée commençait à peine et ça promettait de ne pas finir… puisqu’à cause de la tempête, personne ne va repartir.
***
Au village, Aliyah essaie de mettre de l’ordre dans ses convives improvisés. Pour la plus part des femmes accompagnées de leurs enfants dont les maris sont absents ou encore inexistants, cela lui importait peu. Le diner se résume en une coupelle de soupe bien chaude sous les fines lumières des bougies. Le bruit des branches d’arbres tapant sur les volets sous la force des vents donne l’impression d’être plonger dans une angoissante maison de film d’horreur ce qui fait peur à quelques enfants qui commencent à pleurer. Quelques vieillards commencent à râler en réclamant le silence pour dormir… Une vieille femme commence à entonner une chanson de noël qu’elle avait apprise dans son enfance en travaillant chez les anglais.
- « Douce nuit… sainte nuit… »
Quelques enfants répètent après elle le couplet et bientôt toute la maisonnée était bercée de chants tantôt traditionnel, tantôt venant d’ailleurs, surplombant avec joie les bruit de la nature qui se déchaînait dehors.
Aliyah, serrant la photo de son mari contre sa poitrine souriait les larmes aux yeux. ce ne fut pas facile de faire accepter son mariage à sa communauté, tout comme il n’avait pas réussit à convaincre les siens de son amour. Maintenant, un an à peine après son mariage, elle ne se souvient plus de cette vie qu’elle avait eu autre fois. Pourtant, elle n’était pas joyeuse, orpheline et sans frère et sœur, elle n’avait pour toit qu’une grange. Aujourd’hui, femme du docteur habitant dans la seule vraie maison de tout le village, occupée dans ses trois quart par le cabinet médical, elle pouvait se vanter d’être la femme la plus respectée parmi les siens… voire même, misérablement, la plus riche.
La maison construite par les fonds dirigés à cette compagne de santé pour cette tranche de la population comportait deux étages, le rez de chaussée était entièrement consacré au cabinet médical : bureau du médecin, salle de premier secours, une salle de soin en plus d’une chambre de malade. A l’étage se trouvait son logement de fonction dont il n’utilise qu’une chambre et un petit salon, le reste est consacré au stockage des médicaments en plus d’une pièce stérilisée pour les mini chirurgies qu’il pouvait effectuer sur place. Sans grand luxe, la demeure est décorée sobrement avec des couleurs dans le bleu clair. Aliyah prenait le soin de décorer leur chambres avec des ornements qu’elle faisait elle-même, coussin, couvertures, tentures… quelques bibelots taillés dans la pierre… de quoi faire une petit foyer familiale qui faisait oublier en fermant la porte derrière soit, le mal et l’agonie enfermés dans ces murs.
Elle caresse de sa main son ventre, en début de septième mois, on voyait à peine son ventre arrondi tant elle était mince. Elle n’a rien préparé pour le bébé pour le moment, mais elle ne s’inquiétait pas, il restait assez de temps encore. Faut dire qu’ayant fait accoucher des dizaines de femmes depuis des années, là en se retrouvant de l’autre côté, elle ne sait pas trop ce qu’il faut faire.
Elle se rappelle encore la réaction de Zahir quand il avait appris qu’elle attendait leur premier enfant… de bonheur, il la fit virevolter en la prenant dans ses bras et riant aux éclats ne prêtant pas attention aux patients qui attendaient dans la cours et qui le prenait pour un fou. Il était allé dans la journée même couper du bon bois pour sculpter le lit du bébé… le bois qui est toujours entassé dans un coin de leur chambre, pense-t-elle en ricanant.
Un coup d’œil dehors encore, elle prie intérieurement pour que la tempête s’arrête et qu’il revienne. Depuis son départ, une boule lui nouait l’estomac comme un mauvais pressentiment…
***
Chez les Chowdery, un peu éloigné de la piste de danse où ondulaient quelques couples aux mélodieux rythme de la musique classique jouée par un orchestre philarmonique, Yash et ses amis discutaient encore politique autour du feu de la cheminée.
- … On peut prévoir de construire une plus grande école, l’ancienne ne suffit pas à la moitié des enfants la bas !
Yash pointait le doigt sur les problèmes du village délabré de l’autre côté du lac. Comme chaque année, sans être chrétiens, les Chowdery organisent cette fête restée du folklore après le départ des anglais, pour rassemble les notables de la région et quelques prestigieux invités. A l’arrivée de la nouvelle année, les temps étaient à la mise en place des programmes à suivre.
- Tu es encore si prévenant, cher ami ! répond maître Mohinder, avocat du barreau à la capitale.
- Il est surtout soucieux du pourcentage dans les élections qui arrivent, ils représentent quand même une communauté qui a son poids dans les urnes… surenchérit avec un sourire ironique le gouverneur.
- Je n’arrive toujours pas à croire qu’ils peuvent voter ces gens là !
Le député parlementaire Rakesh Dewan ne s’est jamais caché de son intolérance envers les Dalits, qu’il était le seul à continuer à nommer « intouchables ». il entamait sa troisième bouteille de la soirée et avec son nez rougis et ses yeux de sang, il ressemblait plus à un ivrogne qu’à un homme politique respectable en se dandinant mollement entre chaque groupe d’invités.
- La constitution leur donne ce droit, cher ami… n’en sommes nous pas les garants ?
Yash, peu enclin à ce genre de discours extrémistes, essaie de ne pas entrer dans un débat de fond avec un homme dont la plus grande partie de son bon sens venait de finir dans le fond de verre qu’il engloutissait.
- Quelle me*de !... laisse tes beaux discours à tes électeurs Chowdery, ne joue pas les humanistes, tu n’es pas mieux dans ta manière de penser, la seule différence, c’est que moi je dis tout haut, ce que nous tous pensons tout bas… termine-t-il en levant son verre avec un rire bien sonore qui irritait son hôte.
Le gouverneur, proche ami du député, essaie de recadrer la discussion.
- N’empêche qu’il n’a pas tort, regarde le succès de la compagne de santé annoncée il y a quelques années… si on joue sur le système éducatif cette fois, ça va attirer encore plus de population…
- Ou non… ils préfèrent envoyer leurs enfants travailler et apporter de l’argent plus tôt qu’à l’école, précise maître Mohinder.
- Justement… c’est à nous aussi de jouer sur ça… il est grand temps d’essayer de changer les choses.
- L’idée n’est pas mal Yash, reste à savoir la mettre en marche avec subtilité… termine le président du parti politique au pouvoir.
- Amen ! dit Rakesh théâtralement en levant son verre pour un toast avant d’ajouter faisant rire ses compagnons :
- Tu sais ce qui manque dans ta fête, Chowdery ?... les femmes... si tu voix ce que je veux dire !
- Je voix surtout que tu commences à moins tenir à l’alcool Rakesh… pas sur que ta femme apprécie cela… lui fait remarquer le gouverneur.
- Ni la mienne ! ajoute Yash en se retournant vers sa femme, qui comme sentant son regard sur elle, elle se retourne aussi et lui sourit.
Dans cette culture où les hommes ne sont pas spécialement expressifs en ce qui concerne les sentiments, elle pouvait se vanter d’avoir un mari tendre et attentionné tout en étant intraitable sur ses principes.
Elle était née dans une famille de descendance royale dans le centre de Manipur, lui d’origine aristocrate, l’avait rencontré lors de la célébration de la naissance de l’Etat du Manipur il y a trois ans. Kamalkali, jeune princesse n’ayant plus vraiment de titre mais grandissant dans les vieilles traditions du pays s’était bien gardée de lui montrer son intérêt préférant jouer l’indifférence. Lui, revenant à peine de l’Angleterre après avoir fini ses études en sciences politiques et droit international, jouait au gentleman anglais qui courtisait toutes les belles filles présentes dans la soirée sauf elle. Avant que la fête ne soit finie, les deux familles s’étaient déjà mises d’accord sur le mariage.
Elle écoutait d’une oreille distraite les conversations superficielles de ses amies de la société, ne partageant guère leur goût pour l’extravagance, encore moins celle de cet homme qu’elle avait surpris à plus d’une reprise regarder indécemment une invité dont le mari n’était pas loin. Un comportement qui lui donnait la nausée… à moins que ça soit autre chose.
Depuis le matin, elle ne se sentait pas très bien, ayant un mal au dos insupportable et son estomac est tellement retourné qu’elle a à peine touché à son diner. Elle se reprend vite et affiche son plus beau sourire devant le regard angoissé de son mari face à son teint livide et ses yeux fatigués. Sa prochaine consultation avec son médecin est programme pour la semaine prochaine, peut être faudrait il l’appeler demain pour qu’il vienne voir… seulement ces intempéries ne s’arrêtent pas…
- Ha !
Un mal fulgurant dans le bas du ventre la fait crié sans se rendre compte, une douleur déchirante frappe son bassin et avant même de reprendre son souffle, un deuxième coup se suit…
- Haa…
Yash accourt pour la voir, deux servantes aussi… il s’alarme en lui prenant la main :
- Que se passe-t-il ? Kamal ? répond moi…
- Ji… HA… Yash… au secours… je crois que je vais mourir…
Elle avait du mal à respirer et crispait sa main sur son ventre, ne tenant plus sur ses jambes, elle est à peine rattrapée par ses mains avant qu’elle tombe. Il la prend dans ses bras et la monte dans leur chambre.
Elle ne répondait plus à ses questions, essayant de reprendre son souffle entre deux vague de douleur, des larmes silencieuses ruisselaient sur ses joues.
Yash essaie de téléphoner au médecin, mais ça ne passait pas. Une servante lui rappelle qu’il y en avait dans le village mais la route était coupée…
- Je m’en fiche, dit à Ramdas d’aller le chercher… MAINTENANT !!!
***
En découvrant l’intendant des Maîtres taper à la porte de sa maison à presque une heure du matin, Aliyah était choquée ! haletant et mouillé jusqu’à l’os, Ramdas ne prit même pas la peine de la regarder… il cherchait du regard derrière elle.
- Ji !?
- Votre mari… le docteur… il faut qu…
- Je suis désolée, mais mon mari est absent, il ne rentre pas avant la fin de la tempête…
- NON !!!
Le vieille homme cria tellement qu’il réveilla toute la maison, s’essuyant le visage et les cheveux avec les mains, il récite une prière entre ses lèvres en joignant les mains en l’air… sur le point de repartir, Aliyah l’arrête :
- Que se passe-t-il ?
- C’est madame… elle n’est pas bien… que Dieu nous préserve… que vais-je dire à Yash-ji ?
- Elle est malade ?
- Elle attend un enfant… mais ce n’est pas encore l’heure… comment vais-je…
Le reste de sa phrase n’était plus audible, il tourna les talons et s’apprêta à reprendre son chemin quand elle le rappela :
- Attedez… je viens avec vous !
Elle retourna prendre une trousse médicale dans le cabinet et laissa les clefs à une des dames dans le salon avant de sortir avec lui sous la pluie et les orages. Pressant le pas en essayant de ne pas glisser dans le sentier cabossé et boueux qu’elle ne reconnaissait pas… c’est vrai que jamais elle n’avait pris la route menant au manoir Chowdery !
***
En franchissant le grand portail en bronze menant au manoir Chowdery, Aliyah sent le sol vaciller sous ses pieds… est elle vraiment là !? ses pas hésitant font devancer Ramdas de quelques mètres déjà et bientôt il atteint en courant l’entrée de la maison. Il se retourne vers elle et lui demande de presser le pas mais se souvient enfin qui elle était et surtout de son statut.
- Attendez ici… l’arrête-t-il en bas des marches avant de disparaitre à l’intérieur.
Elle essuie son visage pour dégager sa vue brouillé par la pluie qui s’est rabattue sur eux tout le long de leur trajet. Devant la féérie du spectacle, elle se rend compte qu’il suffit de quelques mètres pour changer de terre !
Sous l’ordre du major d’homme une servante va chercher Yash ji à l’étage où il n’avait pas quitté le chevet de sa femme. Quelques invités étaient encore dans la grande salle en train de discuter, la plus part s’étaient retirés dans leurs appartements. Voyant son air menaçant en le voyant seul, il s’empresse d’expliquer :
- Ji… le docteur est absent
- QUOI !
- Ha… ji… mais, sa femme est venue avec moi… elle sait ce qu’il faut faire…
- Comme s’il suffisait de vivre avec un médecin pour le devenir… tu vas finir propriétaire aussi à ce rythme !
Si l’expression a amusé les invités, Ramdas savait pertinemment que le maitre était sérieux. Il déglutit difficilement et explique :
- Non ji… il est… je veux dire, que cette femme était accoucheuse avant que le médecin arrive dans le village…
Devant le silence de son maitre, Ramdas ose enfin lever les yeux pour le voir, il le découvre le visage crispé de colère. Il ouvre la bouche pour lui dire que s’il n’en voulait pas, il allait la congédié mais se ravise. Mieux vaut attendre la sentence que la provoquer. Un cri de douleur émanant de l’étage rompt le silence pesant qui s’était installé.
Yash lève les yeux vers l’escalier et pousse un long soupire avant de lui faire signe de se dégager, il voit alors Aliyah qui grelottait de froid sous la pluie dehors essayant de se réchauffer en frottant ses bras… un autre cri retentit attirant l’attention de la jeune femme qui lève la tête, mais croisant le regard du maitre, elle la baisse aussitôt.
- Ramène là en haut… finit-il par dire avant de monter à l’étage.
En la guidant à la chambre de la dame, Ramdas lui explique les règles d’usage, ne jamais parler directement au maitre, ne jamais le couper quand il parle, ne pas le regarder de face, ne surtout pas le toucher !
- Hé laddoo… les maharaja sont partis depuis longtemps ! le coupe-t-elle, excédée avant de rajouter :
- N’ayez crainte, nous autres Dalit savons nous tenir en présence des maitres…
Ils arrivent à la chambre où Kamalkali se débâtait contre le mal qui la rongeait de l’intérieur. Son mari assis à son chevet lui tenait la main en essayant de la calmer. Elle s’éclaircit la voix pour faire savoir sa présence, Ramdas s’était arrêté plus loin dans le couloir.
- Kamal… tout ira bien, ne t’inquiète pas… regarde, cette… cette femme va t’aider.
Lorsqu’elle tourne la tête pour voir de qui elle parlait, sa main se crispe pour celle de son mari, elle tourne son visage de l’autre côté et se met à sangloter. Il lui caresse les cheveux et s’approche d’elle pour murmurer à son oreille :
- Chut… ce n’est rien, l’essentiel est que tu ailles bien…
- Je suis désolée… souffle-t-elle en le regardant
Pour toute réponse, il dépose un tendre baiser sur sa tempe avant de se lever et s’en aller en faisant signe à la servante de rester dans la chambre, il passe à côté d’Aliyah sans la regarder et se tourne une dernière fois vers sa femme avant de franchir la porte, une nouvelle vague de douleur la submergeait… il sortit rapidement, ne supportant plus de la voir autant souffrir.
Aliyah accourt vers la dame pour la redresser un peu lui permettant de mieux gérer la douleur, celle-ci lui tendant d’abord la main trop absorbée par son mal, se dégage vivement aussitôt se sentant soulagée. Peu embarrassée, Aliyah se tourne vers la servante pour lui demander de ramener de l’eau chaude et des serviettes propres.
Elle ouvre sa trousse médicale et sort un stéthoscope et un tensiomètre. elle n’était pas médecin, mais franchement, ce genre de mesures sont prises par les assistants. Voyant la dame serrer ses poings sur les couvertures, elle se précipite vers elle pour lui prendre la main et l’aider à se redresser un peu et mime le rythme de respiration qu’il faut prendre. La douleur passe et Kamal retire encore une fois sa main sèchement.
- Désolée madame, mais ça ne peut se faire sans vous toucher… dit elle en mettant son stéthoscope sur sa poitrine.
Elle découvre ensuite son ventre pour écouter le rythme cardiaque du bébé, devant le visage alarmé de sa patiente, elle sourit en lui disant :
- Ne vous inquiétez pas, madame. Le jeune maitre a juste décidé de venir un peu plutôt.
- Il restait encore trois semaines…
- Y en a même qui viennent avec trois mois d’avance !
La servante revenait avec une grande bassine d’eau et une pile de serviettes sous le bras. Aliyah finissant de prendre la tension de la dame va mouiller une serviette et lui mettre sous la nuque, l’aidant ainsi à se détendre. Elle lui demande si elle avait perdu les eaux, mais voyant qu’elle ne comprenait pas de quoi elle parlait, elle déduit que non. Elle passe ses mains sous les couvertures pour vérifier avant de se tourner vers la servante et lui demander :
- Allez faire une tisane chaude de cannelle, ajoutez y des bâtonnets de… attendez, montrez moi juste la cuisine !
Cette fois, Kamal la retient en s’agrippant à son bras, elle tremblait.
- Ne vous inquiétez pas, madame. Je reviens vite…
- Mais si une nouvelle douleur arrive ?
- Ah ça madame… ça ne fera qu’arriver et de plus en plus… mais c’est normal
Voyant son expression angoissée, elle lui prend la main entre les sienne et lui dit en souriant :
- Pensez à votre bébé qui va bientôt se bercer dans vos bras… le reste je m’en occupe.
En sortant, elle trouve Ramdas qui attendait encore dans le couloir
- Le bébé arrive… seulement, si la poche des eaux ne se rompt, ça risque de créer des complications. Elle est où la cuisine ?
Il l’y guide et va donner les nouvelles à Yash ji qui tournait dans la salle devant la cheminée comme un lion en cage.
En sortant, Aliyah se heurte à quelqu’un sur son passage et manque de peu de verser son breuvage, croyant d’abord que c’était Ramdas elle commence à lui crier dessus, mais découvre un homme en costume qui sortait de la salle de bain à côté… c’était le député.
- Euh… désolée, ji… désolée… je suis vraiment…
Elle répétait ses excuses avant de s’en aller, mais Rakesh lui barre le passage en la plaquant au mur, elle détourne sa tête se sentant nauséeuse à cause de son halène puant l’alcool.
- Pas si vite ma jolie !... tu sais qui viens-tu de toucher, intouchable !
- Ji… encore une fois désolée… je… je ne vous avez pas vu…
- Ah bon… et ça tu l’as vu, hein !??
Il se plaque contre elle à presque l’écraser contre le mur en lui tenant le visage de sa grosse main, l’obligeant à le regarder. Elle se débat vivement sans succès, alors, elle lui jette la tasse de tisane chaude à la figure… sentant le breuvage le bruler, le politique lui afflige une gifle du revers de sa main la jetant à terre… s’apprêtant à lui donner des coups de pieds, il s’arrête en entendant la voix de Yash retentir derrière lui :
- Que se passe-t-il ici !?
- Ah cher ami… ce n’est rien, cette petite sotte a malencontreusement trébuché en sortant de la cuisine.
Peu convaincu, le maitre regarde Aliyah qui essayait de se relever en remettant de l’ordre dans ses vêtements. Elle regarde le député d’un air menaçant, mais finit par se lever et dire :
- Je vais refaire de la tisane rapidement…
Quelques minutes plus tard, elle était de retour près de sa patiente…
Dans le salon, Yash serrant son verre vide dans la main restait debout devant sa cheminée, les cris se succédaient, les silences aussi… encore des cris, plus fort… plus rapprochés… Enfin, un nouveau cri arrive… doux, mélodieux… Rohan !
***
Le jour se levait à peine quand Aliyah quittait le manoir Chowdery en direction de son monde à elle. Après s’être assurée que la maman allait bien et que son bébé se portait comme un charme, elle voulait partir le plus rapidement possible. L’euphorie de la venue du petit Rohan qu’ils espéraient depuis si longtemps ne durerait pas longtemps… ainsi les maitres redeviendraient maitres et les dalits restent toujours dalits.
Sur la route, elle repensait avec un sourire au bonheur de la maman en tenant son bébé dans les bras. Pourtant habituée à ce genre de spectacle, elle n’avait pas pu retenir une larme qui roula sur sa joue. Une main sur le ventre, elle sentit son cœur se gonfler de tendresse.
Le papa lui n’attendant même pas que la servante vienne lui annoncer la nouvelle, s’était rué sur la chambre et à sa grande surprise c’est vers sa femme qu’il alla, demandant si elle se sentait bien avant de déposer un doux baiser sur son front… ses yeux cherchaient alors le fruit de tant d’attente.
Aliyah l’avait lavé et finissait de l’habiller, emmitouflé dans un soyeux habit en robe blanche brodée à la main, Rohan avait vraiment l’air d’un prince.
Elle tendit à la servante pour qu’elle le lui donne, mais Kamalkali s’exclama :
- Non ! c’est à toi Aliyah de le faire… c’est grâce à elle que nous avons survécu à cette nuit… ce bonheur là, nous lui devons… finit elle en s’adressant à son mari.
D’abord hésitant, Yash finit par tendre ses bras vers elle pour accueillir son adorable fardeau.
- Votre fils, ji…
Elle n’eut aucun mal à sentir son souffle se couper sur ces mots, quand ses yeux mouillés se posèrent sur le petit ange, ses lèvres prononcèrent une prière inaudible.
Sur le point de partir, il lui fit signe de patienter, fouilla pendant quelques secondes dans sa nuque avant de sortir une longue chaine en or et l’enleva. Elle eut du mal à comprendre ce qui se passait jusqu’à ce qu’il lui tende en la remerciant :
- Cette chaine appartient à ma famille depuis des générations… ceci fait de toi, ainsi que des tiens des membres de ma famille.
Son cœur battait encore la chamade en y repensant alors qu’elle arrivait au bord du lac. Son précieux présent serré au creux de sa main, elle décida de faire une halte. Maintenant que ces évènements sont passés, elle se rendait compte qu’elle tombait de fatigue et qu’une bonne nuit de sommeille lui ferait le plus grand bien.
Seulement la nuit était passée, le jour n’allait pas tarder à se lever et la ligne cassée de l’horizon derrière son village se dessinant face à elle commençait à s’éclaircir. Ça promettait une belle journée…
L’idée que Zahir allait enfin pouvoir rentrer lui donna un radieux sourire, un coup dans son ventre y répondit :
- Haa… je sais, il me manque aussi… tu penses qu’il me croira quand je lui racontr…
Sa phrase fut coupée par une main qui lui empoigna le bras sans ménagement. En se retournant, le visage lui faisant face la choqua…
***
Zahir descend à la station de bus près du grand marché. Chargé de deux grands paquets plein de médicaments, la route vers le village lui semble encore bien loin. Passant devant un étalage de vêtement, il ne peut s’empêcher d’acheter un sari à sa femme… il se traite d’idiot de pas y avoir pensé en ville.
En repartant, une grenouillère pour bébé de couleur blanche lui tape à l’œil, il se dit qu’il y avait encore du temps pour y songer et continue son chemin… mais au bout de quelques pas, il revient pour la prendre.
Il prend alors la route menant au village sur une terre boueuse et sous un soleil de plombs. Dire qu’hier encore une tempête se déchainait dans la région. Aujourd’hui, il n’en reste que ses séquelles, arbres abattus, talus écroulé, routes coupées… trois heures suffisaient d’habitude pour rentrer, aujourd’hui il lui faut toute la matinée avant d’entrer dans le village en début d’après midi.
Il est alors frappé par un paysage insolite, au-delà des morceaux de bois et gravats jonchant le sol comme chaque hiver, le village était inhabituellement… vide.
- Quelqu’un est il mort ?
Se demande-t-il en arrivant presque chez lui puisqu’en général tout le village se déplace pour le service funèbre d’un des habitants. Son idée se confirme en arrivant devant chez lui où une foule était rassemblée. La vague de chuchotement et regards insistants qu’il reçoit en la traversant lui fait penser que c’était peut être à cause de son absence… il les regarde s’attendant à ce qu’ils lui disent quelque chose en vain. Il franchit enfin le seuil de sa porte et le spectacle qu’il avait au milieu de la salle le stoppe net. Les paquets sous ses bras tombent à terre dans uns fracas assourdissant.
Aliyah, allongée les yeux clos sur un lit au milieu de la grande pièce est méconnaissable. Son visage n’est plus que bleu et plaies et un draps tâché de sang la couvrait jusqu’aux épaules dont le haut parait greffé et lacéré. Une voisine, un linge mouillé dans les mains, lui lave un bras ecchymosé… elle est immobile… inerte…
- Aliyah ! murmure-t-il les yeux écarquillés.
il s’avance vers elle à pas longs, la pensée qu’il l’avait perdue à jamais paralysait ses sens et bientôt les battements de son cœur tant il cognait dans sa poitrine. De plus près, il découvre l’ampleur de ce que son visage avait subis, ses yeux errent sur elle cherchant un point de repère lui rappelant ce qu’elle était avant et de chaudes larmes les remplissent.
D’une main tremblante, il effleure son front pour dégager une mèche couvrant un gonflement bleuâtre… le long gémissement qu’elle pousse a raison de toute forces le tenant encore debout. Ne sachant si c’était par peine de la voir dans cet état ou par bonheur de la savoir respirer encore, il tomba sur ses genoux à son chevet et se mit à sangloter comme un enfant…
Des pleurs lui répondent… des pleurs de bébé…! en relevant la tête, il voit que ça venait de ce que la voisine venait de redéposer sur la poitrine de sa femme. Enveloppé dans ce qui restait du sari de sa mère ensanglanté, le bébé criait réclamant par instinct son sein.
Il était de coutumes dans certains peuple de laisser le nouveau né avec sa mère mourante, en prenant son sein, il ne tardait pas à la suivre, surtout que là il est né bien avant terme.
Zahir ne réagit pas, il regardait impassible ce spectacle de désolation, n’entendant même pas certaines femmes dire derrière lui :
« Ce bébé est un malheur pour cette pauvre fille… C’est la colère des dieux… elle n’aurait pas du les défier en l’épousant… qui pourrait l’accepter… »
- Eh… Zahir… eh…
La voix de sa femme le tire de sa torpeur, elle gémissait tellement que personne ne l’entend. Il s’approche d’elle, n’entendant pas ce qu’elle disait, il se penche encore à presque coller son oreille à sa bouche.
- Eh… ne… ne les laisse pas le tuer… ne veux tu… eh… pas … prendre ton bébé… eh… dans tes bras…
Elle réussit à peine à ouvrir les yeux… le voyant prendre cette petite créature dans ses mains, un presque sourire apparait sur ses lèvres.
- C’est… eh… garçon ?
La voisine lui confirme que oui d’un signe de la tête, il tend un doigt vers son visage pour le caresser… il était la plus belle chose qu’il avait vu de toute sa vie. Le bébé sentant la caresse sur sa joue, se tourne et se met à sucer le doigt de son père… il avait faim… il relève la tête pour le dire à Aliyah, elle avait encore sombré…
***
Chez les Chowdery, la plus part des invités étaient repartis dans la matinée où en début d’après midi, laissant les heureux parents profiter de leur bonheur tranquillement.
Yash avait offert aux domestiques deux mois de paie et divers présents pour fêter l’arrivée de son fils et a ordonné de démarrer les préparatifs pour la cérémonie de rite qui se tiendra dans une semaine en présence d’un prêtre.
Après quelques coups de fils d’affaires, il remonta auprès de sa femme pour profiter encore du petit. Il se précipite vers son landau en soie bleue claire et enlève le voile le couvrant pour l’admirer
- Je vais commencer à être jalouse… tu te préoccupes plus de ton fils que de moi…
Kamalkali se redressa dans son lit et lui sourit malicieusement, elle était radieuse et mangeait avec appétit constata son mari en voyant son plateau de déjeuné vide. Il s’avance vers elle et lui caresse les joues avant de lui dire en souriant :
- Comment oserai-je !... tu es ma…

- CHOWDERY !!!

Le cri d’un homme dehors ne le laissa pas terminer sa phrase…
- CHOWDERY !!! … je sais que tu es là… je ne partirai pas avant que tu sortes me faire face !
Yash se redresse, jette un œil derrière le rideau et quitte précipitamment la chambre. Sa femme inquiète, se relève difficilement et va regarder à la fenêtre ce qui se passait dehors.
Zahir avait réussit à éloigner chacun des gardes qui avait voulu l’arrêter et se tenant debout devant la porte de la maison le visage fermé aux yeux rouges les bras ballants aux poings serrés, les pieds comme ancrés dans le sol… rien ne présageait de bon… Kamalkali se demandait qui ça pouvait bien être… un autre cri de sa part finit par réveiller le bébé…
Yash sort sur le palier et fait signe à ses gardes de s’éloigner, il reconnait le docteur Khan qu’il a du rencontré une fois ou deux lors de réunions concernant l’état du village.
- Qu’est ce qui se passe ici ? Pourquoi tant de cris…
A sa vue, Zahir a l’impression de sentir son sang bouillir dans ses veines. L’image de sa femme s’impose dans son esprit et les cris du bébé en haut lui rappellent ceux du sien. Les explications d’une voisine lui reviennent :
- Quelqu’un de la part des maitres était venu la chercher en pleine nuit, on avait plus eu de nouvelles. Mais dans la matinée, des passants entendirent des cris de bébé de l’autre côté du lac… on l’avait trouvé dans cet état là, le bébé était encore lié à elle par le cordon…
Il vira alors la foule qui n’avait pas bougé et sorti sa trousse médicale pour essayer de la soigner… des pansements, quelques points de sutures, une perfusion de sérum salé et une batterie de médicaments administrés… elle ne réagit même pas aux injections qu’elle détestait tant ni à son auscultation qui lui donna un diagnostic sans rappel…
- Répondez… vous vouliez me voir, me voilà… que voulez vous ?
La voix de Yash le tira de ses sombres souvenirs, il s’avança vers lui et le défia du regard. Sa voix tremblait de colère quand il lui dit :
- Alzubrah Khan… Aliyah… une femme libre… mariée à un homme libre… de quel droit en avez-vous fait une « putin » !?
- Je ne comprends pas…
- C’est moi qui ne comprends pas… pourquoi ma femme qui avait quitté sa maison en pleine nuit pour venir aider votre femme en toute humanité, sachant pertinemment quels sentiments avez-vous envers elle et ses semblables… pourquoi gise-t-elle agonisante en ce moments souffrant à chaque bouffée d’air respirée… quel crime a-t-elle commis pour subir ça ?
- Qu’est ce que c’est que ce délire !?... votre femme est repartie ce matin saine et sauve…
- Saine et sauve !!... ceci le montre bien…
Zahir lança les lambeaux du sari de sa femme ensanglantés au visage de Yash, ils retombèrent à ses pieds…
- Elle a été frappée… violée… laissée pour morte… elle a fait naitre votre fils dans des draps chauds et propres… mon fils a quitté le ventre de mère pour tomber sur le rugueux sol entourant le lac… comme s’il voulait s’échapper de la mort à la mort…
Devant la stupeur de son interlocuteur, Zahir sort un objet de sa poche qu’il brandit… une longue chaine or qui luisait sous le soleil et où le sceau de la famille Chowdery était dessiné :
- C’est bien la votre, n’est ce pas ?... c’est ce que ma femme serrait dans sa main… alors…
- Vous avez perdu la tête !!! vous croyez que c’est moi qui ai violé votre femme… s’indigna Yash incrédule.
- La police en décidera… oui je vais déposer plainte, parce que je crois en la justice dans ce monde ou dans l’autre… je suis venu pour vous le dire en face, cela suffit à mon égo de male de voir la peur dans vos yeux du scandale que ça pourrait provoquer… vous tuer aurait été trop facile et sans aucun intérêt… je veux arrêter ce genre de pratiques… aucune femme ne mérite ça, et aucun rang ne mérite d’être épargné !
Sur ces dernières paroles, il resserre la chaine dans la paume de sa main et tourne les talons pour prendre le chemin de la ville derrière la colline. Il devait l’atteindre avant la tombée de la nuit.
***
La nuit était tombée quand Aliyah ouvre enfin les yeux, elle essaie de se redresser péniblement mais n’y arrive pas. Sa fidèle voisine accoure l’aider en lui ajoutant un oreiller sous la tête, elle tenait le bébé dans ses bras le berçant pour éviter qu’il se réveille encore. Guère optimiste pour sa survie, elle l’avait nourri au lait de chèvre et changé en lui mettant la tenue que son père avait acheté le matin même, il disparaissait presque dedans tant il était petit.
Quand ses yeux se posent sur le visage de son fils, ses bras couverts de lacérations endoloris se tendent naturellement pour le réclamer trouvant une force insoupçonnable. Les larmes lui viennent dés qu’elle le niche tout près contre son cœur, son visage rose encadré de soyeux cheveux noirs, ses minuscules mains rappelaient qu’il était un enfant prématuré, mais il respire sans gêne et même que quand elle approche une main de la sienne, il s’accroche à son doigt et ne le lâche plus… un costaux… pense-t-elle avec un sourire amer.
Soudain, elle est assaillie par ses souvenirs, ses maux, ses terreurs… elle se met à pleurer, de chaudes larmes qui noyaient le visage de son fils. Son amie avait beau lui répéter de se calmer, qu’il lui fallait être forte, rien ne la consolait… une bribe de souvenir lui revient sur son mari… son amour… il l’avait vu dans cet état… la honte vient s’ajouter à ses malheurs…
C’est alors que les petits yeux de son bébé s’ouvrent et semblent la fixer… sa bouche se moue en ce qui ressemblait à un sourire, elle le lui répond à travers ses larmes qu’elle finit par essuyer pour l’embrasser. Il lui sourit encore et cela comble son cœur meurtri de bonheur… elle ne pleurera plus !
- Je vais lui rechercher du lait, il a surement faim… dit la voisine avant de partir chez elle.
Au bout de quelques minutes, on frappe à la porte…
- C’est ouvert…
Aliyah se demande bien qui ça pouvait être, surement pas son amie puisqu’elle savait qu’elle n’avait qu’à pousser la porte pour entrer. On ne semble pas l’avoir entendu, les coups reprennent…
Elle se tire de son lit en gémissant, tenant son fils d’une main et s’appuyant sur l’autre pour ne pas tomber, elle enlève sa perfusion avant de tenter de se mettre debout. Les mètres séparant son lit de la porte lui semblent des kilomètres et chaque pas réveille ses douleurs et ses vertiges lui donnent une vision trouble.
En ouvrant la porte, ses yeux s’arrondissent de surprise.
- Bonsoir Aliyah-ji… puis je entrer ?
C’était Yash Chowdery !
***
Aliyah n’en croyait pas ses yeux, elle s’essuie le front d’une sueur qui y faisait apparaitre quelques goutes… c’est probablement sa fièvre qui lui donnait des hallucinations.
Elle se cramponne à un meuble à l’entrée pour tenir sur ses jambes en lui faisant signe d’entrer, son bébé toujours serré dans ses bras.
Yash semble désemparé, errant son regard sur la simple décoration de la chambre pour éviter de se focalisé sur les séquelles de ce qu’elle avait subis, il s’éclaircit la voix avant de s’adresser à elle sur un ton qu’elle ne lui aurait jamais imaginé :
- Je… je suis désolée de… de ce qui s’est passé, si je peux faire quoi que ce soit… sa voix était sincère, et il l’était. Il n’avait pas imaginé la trouver dans pareil état.
- Ji… ce n’est pas de votre faute, pourquoi…
- Justement… la coupe-t-il avant de poursuivre :
- Pourquoi, pourquoi votre mari croit que je suis fautif… tu le sais que je ne t’ai rien fait… tu étais sortie de ma maison indemne… je t’ai offert mon bien familiale le plus précieux, jamais je n’aurai imaginé qu’il devienne une accusation d’une telle horreur !
- Accusation ? Zahir vous a…
Elle s’arrête soudain, comprenant ce qui se passait et se rendant compte de ce qui a pu traverser l’esprit de son mari, elle n’avait pas pensé à cette chaine… une panique mystérieuse commence à la gagner, sa tête commence à tourner et elle arrive à peine à se mettre debout. Il se précipite pour l’aider mais n’arrive à surpasser ses préjugés et lui tendre la main, elle réussit finalement à se redresser seule.
- J’éclaircirai ce malentendu dés son retour ji… je ne sais pas où il…
- Il est parti voir la police… oui Aliyah, ton mari veut m’accuser de ton viole ! pure folie… je n’ai rien à voir avec ça, si ce n’était pour éviter les scandales, je le trainerai en justice pour diffamation !
La compassion laisse la place à la colère et l’orgueil de la caste supérieure dans la voix du maitre. Il fulminait et elle aussi…
- Comment osez-vous !?... vous traitez un homme en colère de folie, vous menacez un homme dont l’honneur a été bafouillé de prison…
- Ce n’est pas ma faute !
- Qui l’a dit ?... vous n’avez peut être pas commis les faits, mais je sais que vous vous sentez coupable… parce que vous y avez contribué !
Devant sa mine surprise, Aliyah s’avance vers lui en titubant, elle le regarde droit dans les yeux pour la première fois et lui dit en face le fond de sa pensée :
- Vous le savez que c’est lui… cet ami que vous comptez parmi les vôtres et que vous avez vu m’agresser sous votre toit sans brancher… vous l’aviez vu me frapper sans sourciller, sans doute vous l’avez vu rentrer aux première lueurs du matin le visage greffé !... c’est ce que je pensais !
Finit-elle par dire en le voyant baisser les yeux devant son regard insistant… un long silence passe où une main sur son ventre endoloris, elle essaie de reprendre sa respiration. Il ne trouvait rien à dire, elle avait raison et pour la première fois de sa vie il se sentait si inférieur à une personne comme elle.
- Quoi qu’il en soit, j’ai confiance en mon mari… jamais il n’accuserait un innocent sans preuves…
Elle voulait finir cette conversation malsaine au plus vite, ses jambes ne la retiendraient pas longtemps debout, et cette foutue voisine ne revenait toujours pas.
- Il croit justement en avoir !
- Mais il ne vous nommera pas, pas avant de m’en parler…
- Et que comptes-tu lui dire ?
- La vérité… je n’épargnerai pas cet…
Elle comprend enfin le but réel de la visite du maitre et l’art de sa diplomatie !
- C’est de ça n’est ce pas ?... vous savez que vous n’avez rien à craindre… c’est pour votre réputation, vous ne voulez être lié à cette histoire, ni vous… ni LUI !
- Si tu crois que je te crains toi et ton mari… sache que ma patience a des limites et que si je le veux, je peux évincer tout soupçon avant même son apparition !
Ironiquement, le visage réel de celui qu’elle avait enfin lui donne le sourire. Après la compassion, l’intimidation… il lève sa main comme un juge prononçant une sentence :
- Dis à ton mari ce que tu voudras, mais n’oublie pas que je suis sans pitié quand cela est nécessaire… vous ne trainerez pas ma famille dans la boue pour une…
- Chienne !
La voix d’un autre homme termine sa phrase, une voix qui lui donne la chaire de poule et la fait trembler… elle la reconnaitrait entre mille, c’était lui sans nul doute. Instinctivement, elle resserre son étreinte sur le petit bout de chaire qu’elle avait dans les mains.
- Rakesh ! que fais-tu là ?...
- Je termine ce que tu n’arrives pas à faire, l’ami… je te l’ai dit, tu es trop tendre avec ces gens là !... il n’y a que la force qui les fait marcher, n’est ce pas farouche courtisane ?
Le respectable député apparait dans l’encadrement de la porte, lavé et changé, de ses aventures matinales ne restaient que les traces des ongles de sa victime taillées dans la chaire de son visage. Sa vue et ses paroles révoltent la pauvre Aliyah.
- Tu n’aurais pas du venir, je t’ai dit je m’en occupe…
- Je voulais la revoir… elle m’a bien marqué la coquine…
Il passe sa main sur ses égratignures un sourire sadique sur les lèvres et s’avance vers elle…
- Hé… déjà un petit chiot ?... qu’il ne vienne pas réclamer héritage après ma mort, je sais que je suis excellant, mais pas au point d’engrosser et faire naitre en une journée…
La colère lui donnant une force inhumaine, Aliyah se jette sur lui en lui affligeant des gifles sur le visage, crachant à sa figure salive et paroles :
- Espèce d’animal !!! tu mérites la mort… je t’avais supplié d’avoir pitié non pas pour moi mais pour l’enfant que je portais… un animal… rien de plus qu’…
Un coup la jette à terre laissant son juron en suspend. Rakesh reprend son souffle difficilement et finit par lui cracher dessus en remettant de l’ordre dans ses habits. Une plaie dans sa lèvre se rouvre et le sang commence à en découler
- Rakesh !...
Yash le tire par le bras pour l’éloigner d’elle, ayant l’impression qu’il n’hésiterait pas à la frapper d’avantage, la situation tournait au désastre.
- Va-t-en… attend moi dehors…
Il le pousse vers l’extérieur quand la voix d’Aliyah retentit encore…
- Je plains ta pauvre femme… Si tu étais un homme, tu n’aurais pas besoin de violer pour assouvir tes besoins pervers…
Le touchant de plein fouet, l’homme politique sort une arme de sa poche qu’il pointe en sa direction :
- Sale petite sal*pe !!
- RAKESH ! t’as perdu la tête !
Yash essaie de le raisonner, mais ses yeux jetaient des étincelles et le regard de défi sans peur de proie ne faisait qu’attiser sa haine.
- Laisse-moi en finir, Chowdery !
Aliyah se relève en serrant des dents, elle sentait la fin arriver… si elle devait mourir, elle ne le ferait pas à terre… mais debout et fière comme elle a toujours vécu. Elle voit Yash essayer de lui prendre son arme en le sommant de revenir à la raison, il y arrive enfin mais Rakesh ne renonce pas et continue à se battre pour la reprendre… un premier coup de feu part dans le sol, elle serre Aman contre elle en le regardant… deuxième coup de feu partant dans la pénombre dehors. Cette fois, Yash réussit enfin à prendre l’arme et se redresse triomphant en essayant de reprendre son souffle… il lève les yeux vers Aliyah et la découvre une expression de stupeur sur le visage… les yeux remplis de larmes fixant un point derrière lui… Zahir !
Il se tenait appuyé sur l’encadrement de la porte une main ensanglanté sur son torse. Yash comprenant ce qui c’était passé laisse tomber l’arme à terre… il le regarde s’avancer de quelques pas avant de s’écrouler en murmurant le nom de sa femme.
Elle accourt vers lui et lui prend la tête pour la mettre sur ses genoux… sa plaie était fatale, elle le savait… sa gorge est tellement nouée qu’elle n’arrive à prononcer aucun mot. Il lui sourit de ses dents pleines de sang et essuie ses larmes de sa main avant de la mettre sur la tête de son fils et lui dire :
- Vit… vit pour lui, ma douce… Apprend lui à ne jamais se courber devant personne… il sera un seigneur parmi les siens…
- Pardonne moi… réussit elle à dire entre deux sanglots
- Il n’y a rien à pardonner, je t’aime…
Sa main s’alourdit et tombe signe qu’il l’avait quitté… elle lui ferme les yeux et reste immobile, revoyant leur vie commune comme un film dans sa tête… elle ne pleurait plus.
Deux policiers arrivent, venus prendre la déposition d’Aliyah après la plainte qu’avait déposée son mari, ils sont surpris de découvrir un meurtre dans la maison.
Rakesh prend les devants en leur donnant sa version des faits :
- Voyez vous monsieur l’inspecteur, cette femme avait volé dans la maison de monsieur Chowdery, où elle a été sollicité en urgence pour l’accouchement de madame, quelques objets de valeur, vous savez comment sont ces gens là… quand mon cher ami a découvert cela, il a menacé de la dénoncé et son mari lui avait demandé de venir les récupérer ici… qui savait qu’il nous tendait un piège, malheureusement, en se défendant… le coup de feu l’a atteint, nous vous aurions appelé de toute façon…
- Oh… vous n’avez rien monsieur Chowdery ?
Yash, choqué par le comportement de son soit disant ami, ne répond pas tout de suite, un coup de coude de ce dernier le réveille quand le policier répète sa question !
- Ha… ça va… ça va…
Le policier se dirige vers Aliyah qui était restée inerte écoutant sans étonnement la profanation de la mémoire de son honnête mari.
- Allez !... suivez nous au poste de police, voleuse !
Devant son immobilité, le policier s’apprête à lui donner un coup de bâton sur le dos pour la forcer à se lever, mais Yash l’arrête :
- Non !... je veux dire… je ne dépose pas plainte… ni contre elle, ni contre son mari… laissez là !... oublions juste toute cette histoire si vous voulez bien.
- Vous êtes vraiment un grand seigneur monsieur Chowdery… je voterai pour vous sans aucun doute !
Voter !?... les élections… un sujet qui paraissait bien loin dans l’esprit de Yash à ce moment… comment les choses sont-elles arrivées jusque là ?
- Ah… et toutes mes félicitations pour votre fils, monsieur !
Rohan… lui et cet enfant sont nés le même jour dans des circonstances si différentes… il jette un œil sur le minuscule visage si serein après tant de larmes et voit que la chaine qu’il avait offert à Aliyah lui entourait le cou… dans sa chute, la main morte de son père l’y avait glissé.
Les policiers étaient repartis, les villageois s’étaient rassemblés dehors encore une fois après avoir entendu les coups de feu. Bientôt les deux seigneurs quittaient la maison Khan en silence… un silence qui allait y planer pendant les trente années à venir.
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime22.11.12 21:55

mira123, je ne sais quoi dire, l'histoire est tellement prenante. cimer , nous avons enfin su le pourquoi de cette haine, très bien écrit, j'ai hâte de lire la suite. Un amour presque impossible entre deux jeunes gens de deux mondes différents avec une mort au milieu. Beau chapitre, j'attends la suite!!!
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime23.11.12 0:11

francoisetiryaki a écrit:
mira123, je ne sais quoi dire, l'histoire est tellement prenante. cimer , nous avons enfin su le pourquoi de cette haine, très bien écrit, j'ai hâte de lire la suite. Un amour presque impossible entre deux jeunes gens de deux mondes différents avec une mort au milieu. Beau chapitre, j'attends la suite!!!

cimer beaucoup , ça fait plaisir de savoir que ça plait, j'espère qu'il en sera de même pour la suite, qui sera là dés demain :)
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime23.11.12 8:42

** FIN FLASHBACK**


La voix d’Aman avait cédé sa place à un silence lourd qui parût interminable à Priya.
Restée en retrait derrière lui, elle sentait la terre vaciller sous ses pieds qui ne porteraient pas longtemps ses jambes tremblantes… les évènements que son récit a décrit s’imposaient en films d’images repassant encore et encore devant ses yeux brouillés de larmes.
« Comment pouvait-il être aussi serein ? » une question qui l’obsédait en le regardant de dos, solide et impérieux comme ces montagnes millénaires qui les entouraient, imperturbable comme les eau sombres en ce début de soirée de ce lac qui avait été seul témoin de ces atrocités… de sa naissance aussi ! sa voix avait été d’un calme effrayant, comme s’il était étranger à tout ça, détaché… insensible… alors que dans son cœur à elle, une tempête ravageait son âme, son univers s’écroulait à ses yeux comme un château de cartes balayé aux quatre vents… tout n’est donc qu’une piètre comédie ? un théâtre où les acteurs portaient des masques les embellissant devant leur spectateurs et aussitôt le rideau tombé, leur masque tombent ne laissant que laideur !
Yash ji Chowdry ! L’homme politique qui a le plus œuvré pour les castes inférieures, s’élevant pour certains au rang d’un Ghandi ou même d’un dieu sauveur… il n’est finalement qu’un imposteur ?
Qui blâmer ? le violeur ou celui qui l’a caché ? la victime ou son mari ? les circonstances ? les traditions ? le destin ?...
- Alors Priya ? tu crois toujours que je fuis par peur ?
La voix d’Aman la ramena à la réalité avant que son esprit ne sombre dans la démence…
Toujours face au lac, il semblait braver le vent qui s’était levé sans sourciller, les mains dans les poches, son pantalon en jean noir et sa chemise blanche virevoltaient en moulant chacun de ses muscles qu’elle devinait tendus… il était peut être Dalit, mais à ce moment là… il ressemblait à un roi !
Il se tourne enfin vers elle, son sourire narquois dessinant ses irrésistibles fossettes et la peine à peine dissimulée dans ses yeux assombrissait leur couleur de miel.
- Dites-moi altesse ? quel autre lien pourrait-il nous lier à part celui de la maitresse de ces lieux et le fils des bas fonds… il n’y a que comme ça que cette horrible histoire a un sens…
Elle ouvre la bouche pour arguer mais aucun son ne daigne sortir de sa gorge nouée… de nouvelles larmes se remettent à ruisseler de ses yeux dont le vert émeraude se noyait dans le rouges sang les teintent par tant de pleurs.
Il s’avance vers elle et prend son visages dans ses deux mains avant d’essuyer de ses pouces ses joues glacées… elle ferme les yeux, sentant comme un courant électrique traverser son dos. Une envie folle de se plonger dans ses bras et échouer sur son torse tout près de son cœur qui battait si fort qu’elle l’entendait la tenailler… mais aussi proche qu’il était d’elle, elle sentait un gouffre sans fond les séparer.
- Ne pleurs pas Priya… ne sois pas triste, je ne le suis pas… tout arrive pour une raison dans cette vie et je ne me plains pas de ce qu’est devenue la mienne… je t’ai raconté tout ça pour que tu saches…
- Tout arrive pour une raison ? alors si ce lourd passé est la raison de notre séparation, quelle est celle de notre rencontre !? pourquoi m’aimer si nous sommes condamnés à la haine ?
- La haine ! tu crois vraiment que je te déteste Priya !?
- Tu en aurais le droit…
- Le droit de haïr une personne qui ne m’a jamais rien fait de mal ?
- Tu me punis bien pour ces fautes que je n’ai pas commises !
- Je ne te punis pas… je te préserve !
- PRESERVER ! s’indigne-elle, si tu voulais me préserver, pourquoi avoir fait tombé toutes les barrières alors que toi tu savais… pourquoi venir me dire que tu m’aimes pour ensuite me rejeter ? dis moi, pourquoi ?
Elle ne parlait plus, elle criait en lui tournant le dos pour cacher une nouvelle vague de larmes… il s’approcha encore d’elle et lui dit d’une voix calme:
- Parce que c’est la vérité…
Elle se retourna vers lui vivement lui prenant les mains dans les siennes et s’apprêtant à lui dire qu’alors ils pouvaient surpasser cela, mais il la devança :
- … mais cela ne peut effacer les malheurs du passé… de la colère, du sang et la mort… un destin injuste a écrit cette histoire il y a longtemps scellant nos vies et nos sorts aussi !
- C’est la justice que tu veux, Aman ?... alors prend la !
Une colère sourde monta en elle, elle jeta son sari à terre et s’avança vers lui ne portant plus que son choli et son jupon et dénudant ses épaules et son ventre au froid… un éclair déchira le ciel éclairant son corps dans la pénombre :
- Qu’est ce… commença Aman choqué
- Vas-y ! prends la ta justice… prends moi !... déshonore ma famille comme elle a déshonoré la tienne ! tu n’auras même pas à te sentir coupable puisque je suis pleinement consentante… vas y, Aman… sois un homme, vas y !
***
Elle tremblait de colère et de froid, son souffle accéléré lacérait sa poitrine à chaque bouffée d’air glacé avalée… Aman, les yeux rond de stupeur, finit par réagir au bout de quelques secondes :
- Tu as perdu la tête !!!
Cria-t-il en ramassant son sari et le lui jetant sans ménagement sur les épaules couvrant sa poitrine et son ventre avant de détourner les yeux s’apprêter à s’éloigner, mais la main de Priya le retient par l’avant bras :
- Je ne me ridiculiserai pas d’avantage, Aman… si tu pars maintenant, c’est pour ne jamais revenir ni dans cette vie… ni dans une autre…
Les yeux scrutaient les siens cherchant une réponse, il la regarda longtemps… pour la première fois, elle y percevait une émotion qu’elle ne définissait pas, une larme s’y forma et il finit par détourner la tête.
C’en était fini, sa décision était prise et elle n’y changerait rien. Elle lâcha sa main qui tomba comme la massue d’un juge prononçant sa sentence et se redressa avant de remettre de l’ordre dans son sari et ses cheveux ébouriffés par le vent. Elle le dépassa et alla au bord du lac sans lui jeter un regard.
- Laisse moi s’il te plait, j’aimerai rester seule…
Sa voix avait retrouvé son calme et sa stature sa majestueuse allure, elle ressemblait à une nymphe dans la nuit. Quelques minutes passent avant qu’elle n’entende le bruit de ses pas s’éloigner… comme dans son cœur, un torrent de pluie s’abattit sur les lieux dans un fracas qui couvrait le bruit des battements de son cœur agonisant.
Combien d’heures passèrent ? Elle était incapable de le deviner, elle était arrivée ce matin avec tant de joie… comment tout peut il changer en une seule journée !?
Fatiguée et trempée jusqu’à l’os, elle se résigna à rentrer. Sa décision était prise, elle partira le lendemain matin dans le premier avion pour ne jamais plus revenir. Peut être retourner aux Etats Unis, rester près de Sameer, peu importe ce que disaient ses parents…
Elle remonta ses cheveux en arrière pour dégager sa vue brumeuse à cause de la pluie qui ne s’arrêtait pas et regarda le ciel sombre sans étoile ni lune, accueillant les gouttes d’eau froide qui la pénétraient jusque l’âme et finit par se tourner pour partir… mais elle s’arrêta net le souffle coupé!
Le visage noyé de pluie, les cheveux plaqués sur son front, les vêtements collés à son corps… sa respiration s’accéléra en revoyant son visage faisant monter et descendre son torse avec frénésie, Aman n’était jamais parti :
- Si je pouvais te quitter, je ne serais jamais venu aujourd’hui… la réalité Priya, c’est que je t’aime tellement que je suis mort de trouille que mon amour finisse par te faire du mal !
Incapable de lui répondre, elle éclata en sanglot en se jetant dans ses bras, il la serra tellement fort qu’elle avait l’impression qu’ils s’étaient mêlés, qu’ils ne faisaient plus qu’un… il embrassa la naissance de sa gorge la faisant tellement chavirer qu’elle a du s’accrocher à ses épaules parce que ses jambes ne la portaient plus.
- Je t’aime plus que ma vie, Aman… comment peux tu me faire du mal ? souffla-t-elle d’une voix étouffée contre son torse.
- Le passé, Priya…
- Nous créeront un avenir meilleur à deux
- Tant de choses nous séparent… les castes, les religions, les traditions…
- Si nos cœurs sont liés, rien de tout ça ne peut les séparer…
Il lui prit le visage dans les mains et plongea son regard dans le sien, elle pleurait encore ou est ce la pluie qui noyait ces joues ? mais son sourire était éclatant. Il approcha ses lèvres des siennes à presque les toucher avant de souffler tout bas :
- Épouse-moi…
Elle ne pût répondre tellement elle était émue, il répéta :
- Épouse-moi…
Elle se mit à rire en hochant sa tête en signe de oui, il se mit à faire de même en répétant encore :
- Épouse-moi…
- Oui… réussit-elle enfin à dire !
Il lui caressa les lèvres d’un doigt avant de déposer juste à côté dans le creux les séparant de ses joues, un baiser qui embrasa ses sens. Elle se jeta à son cou en criant :
- Je t’aime !
Aman la souleva avec ses bras musclés et se mit à tourner les faisant tournoyer si vite qu’elle ne voyait plus les alentours… elle ne touchait plus terre… elle avait surement atteint le paradis.
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime23.11.12 10:18

Très beau chapitre, tu as su très bien d'écrire les sentiments, on se projette dans l'histoire et on imagine les émotions, les mouvements d'Aman, c'est très beau!!
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime23.11.12 10:22

francoisetiryaki a écrit:
Très beau chapitre, tu as su très bien d'écrire les sentiments, on se projette dans l'histoire et on imagine les émotions, les mouvements d'Aman, c'est très beau!!

Merci chapitre difficile à mettre en mot, si les sentiments sont bien décrits alors cela me ravie
merci de ta lecture françoise didi zoubi
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime23.11.12 22:47

Le jour se levait quand il la ramena aux portes de son palais, ils s’étaient mis d’accord pour qu’il prenne rendez vous pour voir son père dés qu’ils rentreraient à Paris. Il parlerait à sa mère aussi, elle ne voulait que son bonheur à lui, et son bonheur est auprès de sa bien aimée. Il lui dit en relevant une mèche barrant son front avec délicatesse :
- Ici s’arrête mon chemin, altesse …
- Je dois avoir une horrible tête ! sourit elle en passant ses mains dans ses cheveux. il passe ses doigts de dans avant de les faire glisser sur son visage jusqu’à son menton qu’il relève pour déposer un tendre baiser soufflant tout près de ses lèvres :
- Je ne t’ai jamais vu aussi belle…
Il s’éloigne aussitôt à la grande frustration de Priya qui ne pouvait plus se passer de sa présence si près d’elle. Il lui prend la main pour la ramener à ses lèvres avant d’enlever un anneau en or qu’il avait à l’auriculaire gauche et le glisser à son pouce pour éviter qu’il tombe:
- je sais que c’est peu conventionnel comme bague de fiançailles mais je suppose qu’il n’y a pas de maison « Scherlé » dans les parages, hein ?
- il est magnifique… répond elle simplement émue jusqu’aux larmes.
- Il appartenait à mon père, son seul bien matériel dans ce monde… ma mère n’a même pas une belle bague de mariage que je pourrais t’offrir, mais ce n’est pas grave… tu verras, à nos vrais fiançailles, je t’en offrirai une qui se passera de génération en génération dans la famille qu’on créera…
- Cet anneau me suffit… ton amour me suffit… je n’ai pas besoin…
- Non non non… je n’ai pas confiance en ta beauté, je ne veux pas qu’un riche héritier vienne demain glisser une grosse pierre lourde à ton doigt alors qu’il m’appartient… en fait, tout en toi m’appartient, faudrait peut être t’offrir un costume « don’t cross »…
Il l’avait dit sur un ton si théâtral en faisant de grands signes avec ses mains pour montrer la taille de l’écriture, qu’ils éclatent de rire en même temps. Sans s’en rendre compte, Priya scrute ses yeux dans lesquels elle voudrait se noyer pour l’éternité… ils brillaient d’un éclat nouveau, le bonheur… il était heureux et il ne s’en cachait pas.
Leur fou rire passé, Aman reprit d’un air serein en la regardant droit dans les yeux :
- Sérieusement Priya… je ne supporterai pas que quelqu’un d’autre te touche.
Pour toute réponse, elle se blottit dans ses bras ne sachant si c’est pour le rassurer lui ou elle.
La lumière du jour jette déjà ses premiers rayons sur eux. Un dernier baiser sur la joue, un autre sur l’anneau qu’il lui avait offert… Aman, regarde Priya disparaitre derrière la clôture avant de reprendre le chemin du retour.

Au balcon de sa fenêtre chez lui, Aliyah ayant passé la nuit à attendre le retour de son fils lève les yeux vers le manoir des Chowdery que la lumière du jour éclaire en premier sur la colline… un souvenir s’impose dans son esprit comme un vieux film en noir et blanc :
Flashback
Aliyah, son bébé dans les bras, avait exigé de voir le maître en disant qu’il lui devait bien ça. Après avoir pris autorisation, la gouvernante la fait entrer dans le hall. Yash Chowdery ne tarde pas à descendre en robe de chambre, il était si tôt et sa tête disait qu’il n’avait pas trouvé le sommeil.
- Qu’y a-t-il… si c’est de l’argent que tu réclame…
Elle lui impose le silence en levant la main :
- Que voulez vous donc acheter ? mon silence ou bien votre conscience ? soyez tranquille ji… j’ai la dernière volonté d’un mort à exaucer, le sang couvrant vos mains n’aura pas encore séché que je quitterai ce monde que vous écrasez….
Un cri de bébé attire son attention sur le haut de l’escalier, Kamalkali avait suivi son mari en tenant son fils dans les mains. Elle la regarde droit dans les yeux, honteuse la dame baisse les siens ce qui donne un sourire amer à Aliyah…
- J’étais venue dans votre demeure vous offrir le bonheur, vous n’avez apporté à la mienne que malheur… mais je crois en la justice céleste puisqu’ici bas elle est aveuglée par vos billets… je m’en vais, surement que nos chemins ne se croiseront jamais plus… mais je sais que le malheur frappera aussi cette maison … et ce jour là, qu’il vienne tôt ou tard, vous penserez à moi !
Fin du flashback

Un sifflotement la sort de ses obscures pensées… Aman rentrait enfin à la maison sautillant d’une flaque d’eau à une autre un air de mélodie entrainante sur les lèvres… elle comprit que peu importait ce qu’elle dirait… la pluie de la veille n’était qu’une averse annonçant la tempête.
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime24.11.12 20:53

Waouh, cela ne présage rien de bon, attendons la suite!!!! cimer mira123
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime28.11.12 22:21

Merci encore de ta lecture, voilà le nouveau chapitre :)
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime28.11.12 22:23

4ème partie : La fin des vacances :
Paris… une salle de danse sur le campus :

« Un… deux… trois… deux… un… deux… trois… un, deux, trois… quatre… »
La troupe de danse de la fac est en pleine répétition du spectacle prévu en fin d’année. Une douzaine de filles et garçons devront présenter un tableau artistique multiculturel avec des danses de tous les coins de la planète.
« - ça sera tout pour aujourd’hui… la semaine prochaine, avec les reprises des cours, les répèt’ se feront en début de soirée , merci… »
Shana court aux vestiaires prendre une rapide douche avant de se changer pour rentrer au plus vite. Durant les deux semaines qui se sont écoulées, elle avait réussi à vite s’acclimater dans l’ambiance de la troupe qu’elle avait rejointe, il lui arrive d’aller prendre des rafraîchissements avec eux après les répétitions et même assisté à des petites présentations que certains faisaient ailleurs.
Elle avait trouvé refuge dans la danse qu’elle aime tant après s’être sentie soudain bien seule depuis l’arrêt des cours… sa gentille tante n’est pas là pour qu’elle s’occupe d’elle, Priya lui manquait aussi… mais surtout Aman …
- Namasté jolie demoiselle !
La voix aigue de Suresh la surprend figeant son sourire béat à la sortie de la salle. Depuis qu’il a rejoint la troupe de musique répétant à côté, il crée toutes les situations possibles et imaginables pour la croiser. Il était mignon avec cet air de « s’il te plait » qu’il affichait souvent en la voyant mais son cœur était pris et puis Priya semblait se méfier de lui… elle chasse ses idées et reprend son sourire quotidien.
- Némasté Suresh… je t’ai déjà dit de laisser tomber, je n’ai pas besoin d’un chauffeur, je préfère marcher.
- Hum… soit… tu ne refuserais pas un compagnon de route, hein ?
- Tu n’abandonneras pas, ha ?
Pour toute réponse, il lui prend son sac de sport des mains et lui fait signe de se mettre en marche. Ses blagues stupides, son nez retroussé et ses cheveux en hérisson lui donnent l’air d’un gamins aux yeux de Shana, mais elle s’avoue que sa compagnie est agréable, difficile de croire qu’il vienne d’un monde qui lui est totalement étranger… finalement, son frère a tort, ce n’est pas parce qu’ils sont riche qu’il faut se méfier, preuve en est Priya.
Elle l’avait prévenu que chez elle, le téléphone était aboli, en rentrant la bas c’est pour avoir la paix… et c’est vrai que ça fait du repos à son portable qui n’arrête pas de sonner d’habitude… qu’est ce qu’elle lui manquait…
Ses pensées avaient finalement couvert le débit intarissable des paroles de son compagnon de route. Ils sont déjà arrivés à l’entrée du quartier où elle lui dit au revoir, il manquerait plus qu’elle s’affiche avec un garçon.
Un rapide coup d’œil à sa montre lui indique qu’il était presque cinq heure de l’après midi, elle décide de passer voir son frère à sa petite entreprise :
- Baihyaa ! baihyaa… b… baihyaa…
Elle criait de toutes ses forces pour se faire entendre parmi les bruits et fracas des ateliers : du fer battu, du cuivre modelé, de la pierre taillée, des machines à coudre… une fourmilière qui tournait à plein régime.
Arjun était au fond un téléphone portable à l’oreille en train de négocier une commande pour la Belgique. Sans relever la tête, il lui fait signe de la main pour qu’elle entre.
Elle rassemble son écharpe et son kurta pour éviter de se les faire prendre dans tout le bazar qu’il y avait et parvient à atteindre ce qui ressemble à un bureau où ses papiers et dossiers se battaient avec tous les échantillons de matières premières ou séries de production par tout, sur le bureau, dans les étalages, par terre… elle tapote sur une pile papiers d’un air suspicieux pour le dépoussiérer, essuie un cadre portant sa photo lorsqu’elle était petite fille… elle pense avec un sourire qu’il la voit toujours avec cette image là et se met à organiser un petit peu les classeurs ouvert devant elle…
- Ap apapapapap ! touche à rien, sinon je m’y retrouverai plus après !
Arjun en raccrochant s’était précipité pour lui enlever ce qu’elle avait en main et le remettre en place, il crie à un de ses employé de se dépêcher d’aller récupérer les échantillons de tissus avant la tombée de la nuit avant de faire enfin une pause et la regarder vraiment.
Derrière son air retranché et sa barbe mal rasée, elle voyait dans ses yeux tout l’amour fraternel dont il la couvre sans mot, elle lui épongé le visage en sueur avec le revers de son châle tout en le réprimandant
- Comment peux-tu travailler dans tout ce désordre hein ? tu ne…
- Je me retrouve dans mon désordre, je te demande moi pourquoi tu mets les vêtements dans l’armoire et les légumes dans le frigo… bon, qu’est ce qui t’amène ? besoin d’argent ?
il préfère changer de sujet rapidement avant d’avoir une plaidoirie.
- Non non, du tout… y en a assez à la maison. Je t’apporte du boulot ! les organisateurs du spectacle de la fac voudraient quelques pièces de décoration orientales, de la tapisserie, des vases… ce genre de chose quoi.
- Pas de problème, fait un tour dans les lieux, voit ce qui convient et fait moi une liste. Faut penser au temps pour les choses à fabriquer spécialement, alors ne t’y prends pas trop tard
- Ah merci baihyaa… s’exclame-elle en sautant à son cou pour lui faire une bise sur la joue. Geste qui fait sourire à chaque fois ses employés et le gêne comme à son habitude.
Elle le prévient qu’elle passe chez les Khans avant de rentrer pour nettoyer la maison avant leur retour, mais l’attendra pour le diner avant de s’en aller en sautillant comme si une musique passait en boucle dans sa tête… « pagal » un mot qui vient souvent à ses lèvres dans un sourire en la regardant.
Il pense que finalement Amen avait raison, la fac lui ferait du bien, elle n’a jamais été aussi heureuse que cette année et c’était le plus important à ses yeux. La sonnerie de son téléphone le ramène à ses activités, il décroche en jetant un dernier coup d’œil à la rue où la silhouette de sa sœur s’éloignait.

***
En refermant la porte de la maison Khan derrière Shana a l’impression de se couper complètement du monde extérieur, plus rien n’existait à part cet univers où « lui » vit. Tout en se traitant de folle de s’imaginer la bru de cette famille qui était déjà sienne, la femme de l’homme qui hantait ses pensées, elle se met au travail. Dépoussiérage, laver à terre, tenture et couvertures, ranger, repasser… elle voulait que tout soit impeccable avant leur arrivée.
Après le rez de chaussée, elle s’attaque à l’étage et termine par la chambre qu’elle n’a jamais visitée avant… celle d’Aman.
Simplement meublée d’un lit, une armoire et un bureau, elle avait sa sobriété de prof, seules les coupes et médailles ornant une étagère rappelaient son fond fougueux et intrépide qu’il ne laissait paraitre que dans ses compétitions de sport pendant ses années d’études. Elle passe un doigt traçant une ligne indélébile dans la poussière du meuble avant de caresser son image dans une photo de spectacle où il avait participé au collège. Elle laisse échapper un profond soupire d’aise…
Elle s’assit sur son lit et l’imagine vivant dans ce lieu restreint, préparer ses cours sur le portable, lire un bouquin ici en s’installant contre cet oreiller… son regard se pose sur une serviette de bain à terre juste à côté, elle la ramasse et la hume instinctivement, la senteur du jasmin de son gel douche qu’elle sentait chaque matin ces dernières semaines où elle venait pour aider sa mère… soudain un souvenir lui fait monter le sang au joues… même odeur, même serviette… Aman sortant de la douche…
Sans s’en rendre compte, elle posa sa tête sur son oreiller et se laissa bercer dans un monde de rêves qu’elle espérait se réaliser un jour…
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime28.11.12 22:24

Manipur…


En cette fin de journée ensoleillée, Priya assise au milieu d’un champ de fleurs
aux senteurs enivrantes, les cheveux libérés à la brise printanière avec les
joues en feu sous l’effet des rayons de soleil a l’air d’une héroïne de conte
de fée dans son sari aux couleurs claires. Sur ses genoux, sa main caresse les
cheveux soyeux d’Aman qui allongé sur l’herbe verte, lui chatouillait le nez
avec une tige de fleur. Son rire franc éclaire le visage d’Aman d’un sourire de
bonheur… le monde s’écroulerait autour, peu leur importait, puisqu’ils étaient
ensembles.


Depuis cette nuit là, ils ne se séparaient plus. Aliyah n’avait pas ouvert le sujet
avec son fils et lui se contentait de faire comme s’il n’avait pas remarqué sa
froideur à son égard. Il savait qu’il fallait éclaircir les choses, mais
préférait retarder l’échéance, ils en parleraient une fois rentrée à Paris.



A Paris justement où il fallait prévoir sa rencontre avec le père de Priya, une
rencontre appréhendée et crainte pour les deux, mais pas pour les mêmes
raisons.



Elle savait que son père avait beau afficher de beaux discours égalitaires,
batailler pour améliorer la vie des plus défavorisés, il n’en reste pas attaché
à ses principes archaïques, à ses traditions, à la volonté de la société… sans
oublier ce lourd passé qui ne peut qu’être un obstacle de plus…



Elle s’était imaginé tous les cas de figues, s’il insultait Aman, elle le laisserait
pas faire … de toute façon elle savait que lui ne se laisserait pas faire. Elle
est même prête à tout plaquer pour lui, famille, héritage, argent, prestige… rien
ne valait plus la peine s’il n’était plus là !



Aman lui, se préoccupait d’un autre problème. Au-delà de faire accepter à sa mère
leur union, bien plus peur de comment réagirait Chowdery, il a peur de
lui-même… était-il vraiment capable de le faire ? d’oublier le
passé ?... arrivera-t-il à mettre sa main dans celle de l’homme qui a tué
son père pour lui demander de devenir son beau fils ?



Toute sa vie, il n’y pensait pas. Il connaissait l’histoire, il en souffrait, mais
n’a jamais cherché justice ou vengeance… trahissait-il son père par cet
amour ?



Oui
l’amour, cet amour dont il s’est moqué toute sa vie dans les films et les
romans, celui qui faisait déplacer des montagnes à hollywood et les écrasait
dans bollywood… comment en est il arrivé là ?



Son cœur lui répondait par les battements effrénés au rythme des battements de cil
de sa bien aimée, de ses sens embrasés par son parfum délicat et son sourire
ravageur… sa manière de lever un sourcil
lorsqu’elle est intriguée, ses yeux qui peuvent poursuivre du regard une
poussière flottante pendant de longues minutes, comment son nez se rétrécit
pour échapper à la torture d’un chatouillis, ses lèvres qu’elle pince de côté
quand elle est contrariée… ces grand yeux où il se perdraient, sa douce voix
qui le berçait, ses cheveux qu’il aime caresser… non il ne peut s’en passer…



Quelque part, ces sentiments si fort qui faisaient son cœur chavirer, étaient aussi sa
faiblesse, une faiblesse qu’il s’est toujours refusé… une faiblesse qu’il
détestait !



Il ne voulait pas que Priya soit confrontée à sa famille, il ne voulait pas non
plus qu’elle choisisse entre lui et eux. Mais il n’était pas idiot et savait
que ça allait arriver… Chowdery ne l’accepterai jamais et combien même… s’il
l’acceptait, pouvait il lui l’accepter ?...



Instinctivement, sa main se glisse dans l’ouverture de sa chemise pour prendre ce lien qu’il n’a
pas choisi… Priya, intiguée lui demande en voyant un bijou luire entre ses
doigts par l’écartement de l’ouverture de sa chemise sous l’effet du vent.



- Qu’est ce que c’est ?


- Ah… c’est…


Il se redresse pour lui faire face et sort le bijou pour le faire tournoyer sous
ses yeux, sans l’enlever. Elle repère vite le sigle Chowdery qu’elle connait si
bien, une chaine que tous les hommes de sa famille portent, celle de Rohan
déformée par l’incident, était précieusement entreposé dans un étui à
l’intérieur de son armoire, elle ne voyageait jamais sans. La pensée de son
frère voile ses yeux de tristesse, elle avance une main pour caresser le
médaillon en or. Aman lui explique alors :



- Ma mère ne me l’a jamais enlevé… une manière de ne jamais oublier.


Elle remarque une tache rougeâtre qui devait surement être celle du sang versé de
son père et reste longtemps silencieuse avant de sourire en disant :



- Tu as donc déjà ta place chez les Chowdery… c’est ton ticket d’entrée
en…



- Si encore je voulais vraiment entrer !


Le ton si dur qui raisonna dans sa voix lui glaça le sang, elle scrute longtemps
ses yeux perdus dans la contemplation du bijou pour essayer d’y lire quelque
chose mais en vain, comme à son habitude, ils étaient impénétrables.



Soudain, il les relève vers les siens et sourit devant son visage inquiet avant de lui
dire :



- T’inquiète pas altesse, ce n’est pas ce ticket qui compte… mais celui
là !



Joignant son geste à la parole, il lui prend la main et la dépose sur son cœur en la
pressant contre sa peau exposée.



- Tu sens ces battements ? chacun d’eux crie que tu m’appartiens,
rien qu’à moi… rien ni personne ne pourra le changer



Emue, Priya laisse échapper une larme qui va rouler jusqu’à mourir sur ses lèvres
qu’il caresse d’un doigt, elle les avance doucement pour déposer un baiser sur
son cœur avant de se blottir contre sa peau pour mieux l’écouter.



Ce simple contact charnel suffit à rassurer son cœur à elle, même si
paradoxalement, si près, il ne pouvait que s’emballer.



Le soleil ne tarde pas à les quitter, laissant le voile sombre de la nuit se jeter
doucement sur eux les plongeant dans la pénombre sous un ciel étoilé où la
finesse d’un croissant de lune écarlate faisait ses adieux au mois écoulé.



Aman
lui prend le menton pour lui relever la tête et regarder ces grands yeux où il
se noyait, il dégage une mèche sur front dans caresse qui se prolonge le long
de sa joue et finit sur ses lèvres, il lui demande doucement :



- N’est il pas l’heure de ton médicament ?


Voyant les yeux de Priya s’arrondir de stupeur, il répète son geste en
expliquant :



- Les phobies donnent des crises d’angoisse… mais pas l’haleine fruitée,
Priya. Termine-t-il en hochant la tête en signe de négation.



Confuse, Priya se redresse en remontant machinalement ses cheveux en arrière, elle ne
savait pas trop quoi dire.



- Depuis combien de temps es tu diabétique ?


- Hum… je…


Il s’approche encore d’elle et passe sa main sur sa nuque pour venir lui caresser
la joue en lui tenant le visage tout près du sien , tellement près que leurs
reflets s’entremêlent au fond de leur yeux, leur souffle ne devient qu’un et
les battements de leur cœur aussi :



- Priya… Priya, tu vas partager ma vie, je vais partager la tienne,
bientôt nous ne seront plus toi et moi, nous serons un… je ne suis pas
indiscret ou curieux…



Comme elle se révoltait à l’idée qu’il puisse penser qu’elle l’imagine comme ça, il
l’arrête serrant encore un peu son emprise sur son visage :



- Chut… laisse moi terminer… comment peut on cacher des choses à soit
même ? je veux tout savoir sur toi… chaque petite chose insignifiante que
tu me caches reste quelque chose que ne partage pas avec toi, quelque chose que
je ne possède pas de toi… (se rapprochant d’elle à presque toucher ses lèvres
des siennes)… et vois tu Priya, je suis très possessif… très… très… possessif…



Elle était hypnotisée par son regard de braise fixant le sien, son souffle chaud
caressant ses lèvres et le son de sa voix qui l’envoûtait à ne plus rien
entendre, voir ou sentir à part lui… oui il est possessif… à cet instant là,
elle n’est plus rien d’autre que « sa » Priya… tout lui appartenait,
ses pensées, son cœur, ses sens… si c’est ça la possessivité, alors il n’y a
plus douce prison que celle de ses bras… si seulement il pouvait plus en
disposer, prendre le reste… à commencer par ses lèvres qui frémissaient sous
l’attrait des siennes… les longues secondes passent finalement comme un éclair,
il s’éclaircit la gorge en se dégageant un peu d’elle et passe main nerveuse
dans ses cheveux, il jette un œil sur les alentours avant d’inspirer
profondément et reposer ses yeux sur les siens.



Il semble attendre quelque chose… une réponse ?... mais à quelle
question ?... Priya avait du mal à rassembler ses idées. Elle réussit
enfin à se rappeler :



-
Je le suis… je veux dire, je suis née comme ça, enfin… je suis née
diabétique, pas de médicament pour guérir, juste de quoi régler mon taux de
glycémie dans le sang… ce n’est pas une maladie si terrible hein, il y a
tellement pire…



- Pourquoi avoir menti à l’hôpital ?


- Je n’ai pas menti…
s’empresse-t-elle de nier, avant de rajouter :



- Je suis vraiment phobique des hôpitaux et ça me provoque des crises
d’angoisse… c’est venu après ce qui s’est passé pour Rohan, un casse tête
d’ailleurs parce que je suis amenée à y aller justement, et les crises
d’angoisse provoquent des crises d’hypoglycémie… mais bon… rien de mortel
encore une fois… les gens croient que quand on est malade on a droit à plus de
faveurs, qu’on doit nous préserver ou quelque chose comme ça, je déteste qu’on
pense que je me cache derrière ça pour justifier…



La main d’Aman scellant ses lèvres vient arrêter le débit incontrôlable de mot
qu’elle sortait tout en hochant la tête en signe de négation un sourire aux
lèvres. Ce foutu syndrome de culpabilité… quand il enlève à peine sa main, elle
articule d’une voix enrouée par l’émotion :



- Avec tout notre passé, je serai toujours coupable à tes yeux, Aman.


Pour toute réponse, Aman glisse sa main vers sa nuque en lui caressant la joue,
dégage ses cheveux en arrière et s’approche d’elle pour lui souffler à
l’oreille :



- Vous n’êtes coupable que d’une chose Altesse… (il s’avance encore
plus)… me rendre complètement fou de toi !



Comme pour confirmer ses paroles, il tire doucement sur ses cheveux pour lui faire
basculer la tête en arrière et pose enfin ses lèvres sur la peau brulante de sa
gorge, sentant la vie la traverser en montant et descendant avec un souffle
effréné et un pou accéléré… elle s’agrippe à ses épaule pour ne pas tomber…
pourtant, elle était déjà à terre…



Ses mains ne supportant plus le tissu de sa chemise, elle glisse ses mains vers son
cou caressant ses muscles tendus et descend sur son torse le dégageant pour
aller cueillir le goût exquis de sa peau au bout de ses lèvres. Aman a
l’impression qu’une décharge électrique traverse son corps et ses mains se
mettent à fouiller ses cheveux laissant à ses lèvres le soin d’explorer le
visage de sa dulcinée, son cou, sa nuque, sa gorge, le creux de son épaule… ses
mains remplacent ses lèvres sur leur passage et bientôt son sari tombe… une image
s’impose dans son esprit… celle de Priya complètement offerte à lui dans sa
fureur…



Il lui prend alors les mains et les ramène à ses lèvres pour déposer un baiser sur
l’anneau qu’il lui avait offert, un geste qui suffit pour réveiller Priya de sa
transe, il lui remet son sari sur l’épaule et lui donne encore un baiser sur le
front.



- Il est vraiment temps que tu rentres… pour ton médicament…
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MessageSujet: Re: Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel   Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel - Page 2 I_icon_minitime01.12.12 18:06

Sur le chemin du retour vers le domaine des Chowdery, Aman et Priya ne peuvent plus se quitter, leur mains gardent un lien incassable entre eux, les doigts entrelacés, les cœurs en chœur, la route se raccourcit doucement sous leur pas au rythme de leur légères discussions ponctuées de fou rire sous la bienveillance des étoiles.
Bientôt, l’imposant portail en bronze apparait et ils s’arrêtent pour s’accorder un ultime moment ensemble en cette soirée. Aman ne pouvait plus détacher ses yeux de ceux de sa belle princesse en l’écoutant raconter tout le bien qu’elle avait pensé de lui à leur première rencontre et comment elle l’aurait étranglé s’il l’avait encore foutu dehors la deuxième fois… tout en souriant devant ses grands gestes, il ramène sa main droite à ses lèvres pour déposer un baiser sur l’anneau en or qui les liait.
Elle, tout en continuant son récit, sa deuxième main tripotait les doux cheveux de son homme pour remettre quelques mèches rebelles en place, profitant de l’occasion pour lui chatouiller l’oreille rien que pour le plaisir de déguster la vue de ses adorables grimaces et entendre ses doux gémissements plaintifs qui ne tardent pas à devenir un rire bien sonore emplissant son cœur de joie.
Pour la châtier, il se met à la chatouiller à la taille la torturant sous ses caresses qui ne cessent que lorsqu’elle se blottit contre son torse musclé en riant aux larmes… il l’enlace alors en humant le doux parfum de ses cheveux.
Soudain, un bruit peu familier dans les lieux attire leur attention, ils se retournent pour regarder le bout de la route qu’ils avaient laissée derrière eux et découvrent deux yeux lumineux se dessiner dans l’horizon noir … un véhicule s’avançait en leur direction. Bizarrement, l’anxiété s’empare d’eux et la pression de leur mains augmente à en blanchir les bouts des doigts. Ils échangent un regard inquiet lorsque la limousine noire les dépasse de quelques mètres et s’arrête devant les portes du domaine.
La portière arrière s’ouvre avant même que le chauffeur n’ait le temps de venir le faire et la silhouette d’un homme grand aux larges épaules habillé d’un costume aux couleurs sombres en descend.
Priya étouffe un cri de stupeur dans sa gorge une main sur la poitrine où son cœur tambourinait, elle jette encore un regard vers Aman qui lui paraissait étrangement si serein avec un sourire qui contrastait avec son regard glacial.
L’homme se tourne vers eux et à la vue du visage parfait de son père, Priya lâche la main d’Aman précipitamment, il ne réagit pas…
Elle ne savait pas ce qui lui faisait le plus peur, la présence inattendue de son père ici et maintenant, son visage impénétrable où ses yeux scrutaient ceux d’Aman ou le calme inexplicable qui émanait de ce dernier.
Ils étaient là, se jugeant comme deux coq près à se sauter au coup l’un de l’autre et attendant chacun que l’autre ouvre les hostilités.
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