Même si les amoureux meurent... leur amour reste éternel

Quel plaisir d'avoir lu tous ces chapitres, cela me manquait le destin de Aman, je ne sais ce qui va se dérouler mais cela se précise et j'adore, cimer

mira

francoisetiryaki a écrit:: Quel plaisir d'avoir lu tous ces chapitres, cela me manquait le destin de Aman, je ne sais ce qui va se dérouler mais cela se précise et j'adore, mira

Françoise didi :)... plaisir de savoir que ça t'a plu^^
Oui le destin d'Aman semble déjà tracé mais qui sait ce qui peut encore arriver?

Dans les jours qui ont suivis, les habitudes du quotidien restèrent chamboulées par les préparatifs du mariage annoncé. La maison Malhotra était devenue un lieu public, entre les allées et venues des habitantes du quartier, chacune y mettant du sien pour préparer le grand jour et les hommes qui apportaient les diverses fournitures achetées... il y faisait jour même en pleine nuit où les jeunes filles se mettaient à danser sur les chants des vieilles femmes.
Shana n’avait pas d’ainée, mis à part Aliyah qui du coup se transformait en belle mère aussi ayant le mariage de son propres fils à préparer, si bien que les habitants du quartier oublièrent vite les rumeurs qui avaient suivies cette annonce pour laisser place à la fête et emportés par un élan de fraternité, ils se sentaient tous concernés.
Aman échappait le matin à cette frénésie pour se diriger vers son travail où le calme avait regagné les gradins de ses cours. Sans surprise, la jeune Céline fervente opposante à lui, s’est transformée en défenseuse acharnée de sa cause au près de ses camarades après l’incident de ce soir là.
Ça lui faisait du bien de reprendre une routine qui lui permettait de s’évader le temps de donner son cours de ces sombres pensées.
En rentrant, il se dirigeait directement chez lui, prétextant avoir du travail à finir avant le mariage pour être tranquille après. Arjun lui tardait à le suivre, puisqu’en plus de son entreprise, il supervisait les travaux dans la maison de son ami… si ce dernier avait été ferme sur le sujet de la dote qu’il offrait à Shana comme dans ses traditions à lui, son beau frère campait sur sa position de marier sa sœur comme tout bon punjabi qui se doit et d’offrir une dote consistante à son ami !
Ils finirent par se mettre d’accord, si Aman offrait une somme d’argent et des bijoux à son épouse, Arjun s’occupait de leur maison : derniers travaux, décors, meubles… tout ce qu’il avait laissé à plus tard… tout ce dont il lui avait déjà parlé il y a à peine quelques semaines… encore un compromis se dit la mariée en les écoutant débattre sans rien dire.
Qui lui demandait ce qu’elle pensait de toute façon ? elle avait perdu le droit d’émettre son avis au moment d’avoir cédé à toute cette comédie. Depuis, après avoir passé la journée dans sa chambre, elle affichait son plus beau sourire le soir pour descendre se joindre aux invités. Offrant ses mains aux teintes de henné traditionnelles et ses membres aux applications de cette pate qui sentait si bon dont toute jeune indienne rêve de s’enduire pour s’embellir à l’approche du jour tant attendu. Elle écoutait distraitement les conseils coquins des jeunes mariées qui l’entouraient et se forçait à rire à leur blagues douteuses… plus la date approchait, plus elle avait du mal à imaginer que c’était vrai, sentant tout le temps qu’elle était dans un rêve et qu’à n’importe quel moment, elle allait se réveiller…
Les rêves ?... elle les avait oubliés… pensa-t-elle devant son miroir qui lui reflétait une image féérique. Le visage parfaitement maquillé et les cheveux retenus par des bijoux en or qui mettaient ses beaux yeux couleur de miel en valeur, couvert de son sari de couleur verte aux bordures dorées… les jeunes femmes s’empressèrent de lui entaché le coup d’un subtil point de khôl pour lui éviter le mauvais œil…

-Shandini…

La voix d’Arjun fit taire les jacassements des jeunes filles qui s’excitaient autour d’elle ajustant ceci ou rajoutant cela à son allure déjà bien parfaite, l’une d’elles fait signe au autres de s’en aller et en éclair, elles disparaissent derrière lui, non sans se retourner pour l’admirer dans son kurta salwar blanc aux fines broderies bleus et argent qui moulait sa parfaite musculature.
Il venait de se changer après s’être assuré que tout était près pour le lendemain dans le terrain habituellement utilisé pour les grandes occasions. Ce mariage allait être le plus grand qu’ait connu la communauté depuis des années et cela faisait quelques jours que des ouvriers œuvraient à sa décoration. Le beau temps printanier était propice aux fêtes en plein air.
Ce soir était le traditionnel échange d’alliances, le mariage s’étant décidé rapidement et sans avoir recours à un prêtre, ils décidèrent de célébrer les fiançailles la veille du grand jour à la maison. Aman ne tarderait pas à venir escorté par les hommes du quartier et laissant la fête battant son plein en bas, Arjun avait décidé de monter voir sa sœur.
Il s’arrête un moment à la porte, le souffle coupé par cette belle jeune femme qu’hier encore était une petite fille qui jouait autour de lui, elle se lève à sa rencontre et se baisse à lui toucher les pieds, la gorge nouée par l’émotion, il grimace en voyant ses yeux se remplir de larmes en se relevant.

-Ne pleures pas … lui dit il en pointant un doigt menaçant à son visage.
Elle se contente de hocher la tête pour acquiescer en gardant le yeux rivés vers le sol, il l’attire vers lui par les épaule avant de lui remonter le menton l’obligeant à le regarder
-Qui aurait cru que ma petite Shandini, à peine plus grande que ma main d’enfant deviendra cette jeune femme que j’ai en face de moi ?... tu es magnifique petite sœur… nos parents seraient fiers en te voyant aujourd’hui… argh ! qu’est ce que j’ai dit… pleures pas ! tu vas bousiller toutes ces heures de travail pour t’embellir ! se plaint-il en essuyant une larme qui perlait à sa joue la faisant sourire à son manque de tact légendaire.
-Et puis… je sais que tu n’es pas triste de me laisser… ton rêve se réalise enfin… rajoute-t-il en baissant les yeux, avant de les relever vers elle et l'arrêter alors qu’elle voulait protester, il la regarde droit dans les yeux et ajoute:
-Je sais que tu l’aimes… Aman, le fils des voisin, le copain du grand frère et le professeur parfait… je ne suis pas très bon pour ce qui est de l’éloquence, mais je suis excellent pour ce qui est de lire dans le cœur des gens… et le tiens petite sœur, ne bat que pour lui depuis que tu as compris ce que c’était l’amour !
Elle écarquilla les yeux surprise par ce qu'il venait de dire, se sentant le sang lui monter aux joues, elle se détourna de lui honteuse en essayant de trouver une réponse adéquate , mais il la devance et se replante devant elle :
-Haa Shandini, je le savais… tout comme je sais qu’Aman saura te préserver et te rendre heureuse, parce qu’il est le seul homme à qui je m’imaginais un jour te confier
-Baihyaa…
-Laisse moi continuer s’il te plait… je devrais être le frère le plus comblé au monde par cette union… pourtant, ce soir j’ai peur
-Peur ?
-J’ai peur de cet amour là, parce qu’il finira par te rendre malheureuse… termina-t-il d’une voix enrouée
-Comment ça, malheureuse ? demanda-t-elle surprise par cette affirmation catégorique à laquelle il la condamnait
-Aman sera un mari dévoué et exemplaire j’en suis sur… il t’offrira tout ce dont tu auras besoin et même plus… tout sauf...
-… son cœur, je sais ! termina la jeune en retenant ses larmes.
Un long silence passe avant qu’elle remette de l’ordre dans son sari en reprenant son sourire, elle caresse la joue de son frère et lui dit d’une voix rassurante :
-Ne t’inquiète pas baihyaa, je ne me fais pas d’illusions… j’ai déjà bien plus que je n’aurai jamais imaginé, j’épouse l’homme le plus convoité de la communauté, j’ai un grand mariage que toutes les jeunes filles de mon âge m’envieront et surtout ... j’ai le grand frère le plus merveilleux au monde… pourquoi je ne serais pas heureuse ?

Cette fois ci, c’est lui qui a les larmes aux yeux, des larmes de joies mais aussi de tristesse de devoir se séparer de la seule famille qu’il n’a jamais eu, elle s’empresse de lui essuyer les joues avant de se serrer dans ses bras. Il avait tort, elle ne s’était jamais imaginée vivre loin de lui et de le laisser seul lui brisait le cœur.
Le bruit de la musique dehors annonça l’arrivée du cortège du marié et Aliyah ne tarda pas à venir sommer Arjun d’aller à leur rencontre, il embrasse sa sœur sur le front pour la bénir avant de mettre le châle bleu que la vieille dame lui ramenait sur les épaule et s’en aller.

Elle ajuste la tenue de la jeune femme en récitant une prière et faisant le geste traditionnel pour chasser le mauvais œil, les jeunes demoiselles d’honneurs reviennent en s’écriant :
-Ohé Shana-didi !!! tu as tellement de la chance… Aman est un bien bel homme !!!
-Il n’aurait pas de frère Aliyah-maa…
-Il est trop craquant en tenue traditionnelle !
-Non qu’il ne l’était pas en jean et pull serrés
Elles allaient et venaient des fenêtres en ricanant rendant Shana nerveuse et pressée de voir à quoi il pouvait ressembler.

Dehors, précédé de quelques danseurs et cracheurs de feu, Aman s’avançait en sherwani noir imprimé de fils d’argent de la couleur du salwar et l'écharpe dans une foule d’hommes en tenues de fêtes mêlant kurta et kamiz qui applaudissaient au rythme de la musique émanant des tambours et flûtes de certains. Affichant un sourire radieux et saluant les gens sur son passage en joignant tantôt les mains par un « namasté » tantôt d'un signe de la main et un « adab »… il est accueilli par Arjun qui le serre dans ses bras dans un geste fraternel qui ne manque pas de tirer quelques larmes à certaines vieilles dames et quelques bavardages à d’autres… les jeunes filles l’accueillent par des lancés de pétales de fleurs et on l’installe avec son beau frère et quelques hommes dans un coin précédemment réservé

On lui offrit des gâteaux et à boire et ainsi qu'aux hommes qui discutaient des vieilles traditions du pays, le voisinage se composant de toutes les cultures dans la grande Inde, chacun expliquait ce qu’on faisait parmi les siens, la piste de danse ne se vidait pas, les petites élèves à leur professeur de danse avaient décidé d’offrir un florilèges de danses traditionnelles à la grande admiration des assistants.
Bientôt, toutes les attentions se dirigèrent vers le haut de l’escalier où une grande assemblée de filles s’apprêtait à faire descendre la jeune fiancée précédée par Aliyah à l’arrivée de laquelle Aman se leva pour lui toucher les pieds, Arjun fit de même et laissa sa place où on assit Shana dont le visage restait presque caché sous son voile couvrant sa tête baissée…

On apporta un plateau décoré avec les deux alliances, au moment où il lui prit la main gauche elle leva les yeux vers lui, il la sentait tremblante sous ses doigts et lui sourit en caressant de son pouce la paume de sa main, un geste qui suffit à faire disparaitre toute anxiété… à vrai dire, il réussit à faire disparaitre tout autour d’elle, elle ne voyait que lui glissant un anneau en or à son annulaire avant de lui sourire encore… perdue dans ses yeux d’un marron profond, elle entendit vaguement quelqu’un lui rappelait qu’elle devait faire de même et quand il lui offrit sa main gauche, elle glissa une alliance à son doigt aussi . Sans savoir comment, elle se retrouva poussée par elle ne savait qui à la piste de danse face à lui, elle n’arrivait pas à détacher ses yeux des siens et quand il se mit à danser entrainé par la musique et la foule qui les encerclait, elle imita ses gestes sans quitter ses yeux du regard… il lui sourit encore en exhibant ses prouesses artistiques et bientôt tous le monde dansait avec eux… Shana elle, ne le voyait que lui ... soudain elle réalisa que cela ne pouvait être un rêve, puisque derrière ce radieux sourire, Aman cachait une profonde peine au fond des yeux.

A des milliers de kilomètres de là, alors que le jour se levait sur New York, Priya se leva de son banc au dernier appel à l’embarquement… destination Paris…

Waouh, très beau chapitre sur la préparation et cérémonie du mariage. J'imagine Aman dans son sherwani, magnifique et si beau un rêve. Maintenant avec le retour de Priya, il faut s'attendre à du chamboulement. cimer

mira, c'est si bien écrit, je suis heureuse d'avoir lu ce chapitre, j'attends la prochain avec impatience.

francoisetiryaki a écrit:: Waouh, très beau chapitre sur la préparation et cérémonie du mariage. J'imagine Aman dans son sherwani, magnifique et si beau un rêve. Maintenant avec le retour de Priya, il faut s'attendre à du chamboulement. mira, c'est si bien écrit, je suis heureuse d'avoir lu ce chapitre, j'attends la prochain avec impatience.

merci à toi pour la lecture et les compliments, heureuse que ça t'ait plu, la suite risque oui d'avoir son lot de chamboulements :p

Partie 3 : Le jour j…

Le grand terrain à l’entrée arrière du quartier des Indes était méconnaissable, servant d’habitude comme terrain de jeu tantôt de football, tantôt de cricket, c’était aussi le lieu de célébration des grandes fêtes comme celle du Diwali ou encore le théâtre improvisé de la petite communauté indienne… il est aujourd’hui lavé, tapissé et décoré de mille feux… entre les guirlandes de fleurs et les lumières à installer, une dizaine de jeunes s’affairaient à mettre les dernières retouches, les spots de lumière, les réglages de son, les deux stèles réservés aux mariés… dans quelques heures la fête commencera et il fallait que tout soit prêt avant.
Arjun supervisait toute cette fourmilière d’un œil inquiet, il se sentait nerveux à l’approche du moment attendu et passait son temps à crier sur tout le monde ne manquant pas d’en faire sourire plus d’un à sa tête fatiguée aux cheveux ébouriffés et vêtements chiffonnés… derrière le gros râleur se cachait juste l’homme qui ne voulait voir sa sœur quitter son cocon familial.
Il avait passé la nuit dans les locaux de son entreprise à se retourner dans un lit de fortune peu confortable, tout était mieux que de dormir chez l’homme qui allait épouser sa sœur le lendemain !
- Hey laddoo ! n’oublie pas de prendre des chariots solides pour ramener les plats préparés à la maison, après il faudra passer chez Aman pour prendre les gâteaux qu’ils font venir de la ville… tu m’as compris ?
- Ji Arjun bhai… bafouilla le jeune homme en s’épongeant le front de sueur
- Si tu renverses quoi que ce soit, je te….
- Nahi bhai…
- Prends deux autres gamins avec toi pour te faire aider !
- Haa… haa… lui répond il en hochant frénétiquement la tête avant de déguerpir.
Deux vieux hommes assis sur le trottoir de l’autre côté se mirent à rire à haute voix, il se tourna vers eux exaspéré :
- Rassure toi mon garçon, tout ira bien ! lui lance l’un deux
- Adab Ammi Ahmed… namasté oncle Shikar ! sourit-il en allant à leur rencontre
- Au lieu de passer tes nerfs sur ces pauvres gamins, va plutôt te préparer pour la fête, le frère de la mariée doit être aussi beau qu’elle ! rajoute le deuxième en le faisant sourire.
Il ne leur répondit pas, fit un dernier tour d’horizon avant de retourner dans son entreprise pour prendre une bonne douche, il n’imaginait même pas combien de personnes étaient dans sa maison.

La maison Malhotra était tout autant décorée, dehors des guirlandes de fleurs garnissaient les murs de la façade de belles couleurs chaudes, les marches y menant étaient recouvertes d’un tapis oriental rouge alors que de part et d’autre la balustrade était ornée de rubans de soie de la même couleur. De la grande porte ouverte émanait la musique traditionnelle du pays sur la quelles des femmes enjouées offraient de belles danses mêlant le tintement de leur grelots aux rythmes joués.
Aliyah supervisait les travaux en cuisine, goutant à telle marmite et ajoutant des épices dans cette autre. Elle s’assura des quantités et le nombre de mets avant d’aller à l’étage dans la chambre d’Arjun où elle se changea rapidement.
Elle rejoint alors la chambre de Shana et resta debout à son entrée, contemplant un bon moment la jeune femme qu’elle trouva déjà maquillée assise sur une chaise au milieu de la pièce portant une fine robe en soie à lacets de couleur crème entourée par plusieurs jeunes filles qui s’occupaient d’elle.
L’une d’elle parfumait ses longs cheveux à l’aide d’un kanoun où brûlait un encens royal aux parfums exquis avant de le déposer dans un coin laissant l’odeur imprégner chaque parcelle de son corps qui venait de se prélasser dans un bain aux pétales de roses. Elle entreprit alors de coiffer ces douces mèches en les ajustant avec des épingles en or. Les séparant d’une longue maang tika incrustée de fines pierres précieuses rouges et qui descendaient sur son front comme un diadème en parure avec des boucles d’oreilles qui laissaient son cou dégagé pour l’y glisser un collier qui montait sur tout son long et s’étendait jusqu’à la naissance de ses épaules ornant sa poitrine de cet or qui se reflétant sur son visage lui donnait une allure de princesse.
Une autre jeune fille finissait de vernir ses ongles pardessus la couleur de henné qui couvraient ses mains de belles arabesques avant de faire de même à ses pieds prenant le temps de les laisser sécher avant de glisser à ses orteils des bagues liées aux chevillières qui tintaient à ses chevilles.
Sur son lit, son sari rouge aux motifs d’or s’étalait au milieu des différents bijoux que le fiancé avait apportés la veille comme cadeaux à sa future femme. Shana le fixait d’un regard absent, tellement perdue dans ses pensées qu’elle ne remarqua la présence d’Aliyah que lorsque l’une autre fille lui demanda son avis.
- Maa… s’écria-t-elle en se levant pour lui toucher les pieds mais elle la fit rassoir rapidement
- Dieu te bénisse betti… mashallah… rajouta-t-elle en lui souhaitant d’échappant au mauvais avant d’entreprendre de lui passer les nombreux bracelets aux deux bras elle-même.
- Laissez nous les filles…
Les deux demoiselles s’excusèrent avant de s’en aller et les laisser seules, la vieille dame se mit à genou à terre rajoutant des bracelets à ses chevilles avant de la regarder en face et lui demanda sur un ton grave :
- Es-tu heureuse betti ?
La question surpris Shana qui sentant sa gorge se nouer d’émotion ne put sortir un mot de peur de se mettre à pleurer et « bousiller tant de travail qu’on a fait pour l’embellir » comme aurait dit son frère.
- Tu sais Shana… étant ta belle mère, je suis sensée jouer les méchantes et aigries pour te faire comprendre que ta place dans ma famille doit encore être conquise… commença-t-elle en tentant une expression de méchanceté qui tira un petit rire à la jeune femme.
- … pourtant aujourd’hui je ne me sens que mère heureuse de voir sa fille se marier… de voir son rêve se réaliser … pourquoi tu pleures, hein!? Sèche tes larmes vite… la menaça-t-elle en levant sa main avec un sourire.
- Vous n’êtes pas mieux… maa ! répondit la jeune femme en lui essuyant les joues de larmes avant de ravaler les siennes et l’aider à se lever pour aller devant un grand miroir qui leur renvoyait leur images se tenant par la main et lui dire :
- Vous voyez ça, maa ?... voilà mon rêve à moi… c’est tout ce dont j’ai toujours rêvé… alors comment se pourrait-il que je ne sois pas heureuse ? lui demanda-t-elle les yeux brillants de larmes qu’elle retenait à peine, la vieille dame la serre dans ses bras quand elle entend une des femmes crier d’en bas :
- « Aliyah didi !!! les gâteaux sont arrivés chez vous ! »
- Je dois aller vérifier si tout va bien, je reviens plus tard… lui dit elle avant de l’embrasser sur le front.
Shana se perdit encore dans ses pensées en fixant son reflet dans le miroir, les jeunes demoiselles d’honneur revinrent l’aider à terminer de se préparer :
- Aré… quelle belle bague ! s’écrie l’une d’elle en ouvrant une petite boite.
- Elle va avec sa parure, elle la mettra ce soir quand elle passera son alliance de son annulaire gauche à celui de droite… tu as raison, il est vraiment magnifique… expliqua la deuxième en montrant le bijou à Shana qui contempla le rouge de la pierre précieuse qui surplombait un tissage de fils d’or recouvrant l’anneau faisant la bague en pensant que lorsqu’Aman avait demandé à son frère de choisir des bijoux de grandes valeurs, ils ne lui étaient pas destinés.

Aman assis à son bureau dans sa chambre contemplait de son côté la pierre qui ornait la bague dont le vert émeraudes lui rappelaient amèrement un regard qui lui manquait tant.
Il avait encore du mal à imaginé que sa vie avait basculé du tout au tout en si peu de temps et qu’aujourd’hui même il allait sceller son destin à jamais à une autre femme que celle qui le hantait… il se sentait vidé de toutes forces se laissant emporté par les courants du vent soufflé par son destin, tel un bateau qui pris dans le tourbillon d’une tempête et abandonné par son équipage, se laissait engloutir par un vague et émergeait d’une autre jusqu’à échouer sur une rive de fortune… ne sachant si son état abimé avait valu la peine de survivre ou si les profondeurs des eaux auraient mieux fait de l’accepter… sinistres réflexions le ramenant à sa naissance au bord de ce Lac qui veilla ses malheurs… qui veilla aussi son bonheur… qui au final n’était que l’annonce de nouveaux malheurs !
Le bruit en bas des hommes se chargeant des commandes de gâteau finit par le tirer de ses pensées obscures, il ferme l’étui de velours qu’il avait en main en soupirant et se lève pour le remettre sur l’étagère de son armoire.
- Aman betta ?
- Maa ! se retourne-t-il pour lui sourire avant de se baisser pour prendre sa bénédiction
- Tu ne t’es pas encore préparé ? lui demande-t-elle en voyant qu’il était encore en jean et T shirt
- Préparé !? je n’ai qu’à prendre une douche, m’habiller et ça sera tout ! mais que font les hommes en pareilles circonstances… j’ai passé la matinée à attendre ! se plaint-il en la faisant sourire
- je ne sais pas, ton père avait passé sa journée à faire accoucher la chèvre d’un voisin avant de passer à la mairie… quoi que la veille ils avaient fêté son enterrement de vie de célibataire entre homme en ville !
- haa ! et avec qui veux tu que je fête ça ? pour mon malheur, mon meilleur ami est lui-même mon beau frère… tu vois Arjun m’emmener dans une boite de striptease !
- TAIS-TOI ! s’offusque-t-elle en riant de bon cœur. Elle s’arrête néanmoins soudain et lui demande le regard grave :
- Je suis si désolée que… elle ne peut achever sa phrase puisqu’il l’arrête d’une main sur la bouche en hochant la tête en signe de négation voyant des larmes se former au fond
- Je ne le suis pas… je ne mentirai pas en disant que je suis l’homme le plus heureux au monde, mais je te jure que je ne regrette rien… sauf de voir ma mère triste le jour de mon mariage ! termine-t-il en essuyant ses joues avec tendresse.
- J’aimerai par contre te demander quelque chose…

Priya s’impatientait dans son taxi bloquée par les embouteillages crées par un accident de la route. Après son long voyage, elle n’avait même pas pris le temps de rentrer se reposer et s’était engouffrée dans le premier taxi trouvé à l’aéroport pour le quartier des Indes.
Elle repensait encore à son séjour à New York, retrouver Sameer avait été comme une bouffée d’air frais dans cette vie qui l’étouffait et en le côtoyant jour après jour, elle finit par se dire qu’elle ne mesurait même pas la chance qu’elle avait, la promesse qu’elle lui avait faite il y a quatre ans prenait tout son sens … elle lui avait juré de vivre sa vie pleinement pour que son combat pour survivre chaque jour ait un sens…
Ses mains se crispent sur son sac en se rappelant de sa colère quand elle avait finit par tout lui raconter sur Aman, leur histoire, leurs problèmes et leur séparation… comment il était entré dans une crise de nerfs en apprenant qu’elle l’avait manipulé pour accréditer sa comédie et que si elle n’avait pas menti, elle avait su détourner la vérité pour offrir à Aman la vision dont il avait besoin pour l’oublier.
- Le trafic est reparti, madame ! se sent obligé d’annoncer le chauffeur en reprenant la route.
Elle jette un œil dehors où elle voit de loin les jardins de Versailles et repensent à cette journée inoubliable qu’elle donnerait tout pour revivre. Le souvenir du visage d’Aman baigné de soleil avec son rire éclatant qui creusait ses fossettes lui tire un sourire mais au souvenir de son regard noir le jour de leur séparation, son cœur se remet à battre la chamade… pourra-t-il lui pardonner ? comprendra-t-il si elle lui racontait vraiment tout ? des questions qui la hantaient à faire oublier la crainte de la colère de son père…
- On y est madame… voilà l’entrée du quartier…
Elle règle la course et descend pour s’engouffrer dans les dédales de la cité qu’elle trouve inhabituellement richement décorée, elle se demande même si elle n’avait pas oublié une fête traditionnelle puis se dit que finalement elle ne savait guère comment la vie était mené par ici.
Au bout de quelques maisons, elle aperçoit celle de son amie et fronce les sourcils en entendant au fur et à mesure de s’en approcher la musique et les chants de femmes en émanant, s’arrête quelques instant pour admirer la décoration extérieure et songe même à entrer, mais se ravise finalement et continue son chemin.
En montant les marches de la maison Khan, elle manque de peu de se faire renverser par le passage de deux gamins qui portaient à bout de bras de grands plateaux recouverts.
- Ji… la fête des femmes est dans la maison d’Arjun bhai… Aliyah ji y est aussi… vous ne trouverais personne ici ! lui lance l’un d’eux en chargeant un chariot devant lui et lui indiquant la direction adéquate.
- Aman est là ? lui demande-t-elle
- Haa… ji… Ganga !!! on doit y aller, sinon on va prendre du retard… crie le deuxième à son copain avant de la saluer et partir
Elle les regarde s’en aller avant de pousser la porte et entrer.

Waouhhh mira, tu me laisses sur ma faim, je suis en suspend sur cette arrivée de Priya, fais vite pour nous mettre un nouveau chapitre très bientôt.
Que va t-il se passer entre nos deux protagonistes, suspense!!!!!!!!

francoisetiryaki a écrit:: Waouhhh mira, tu me laisses sur ma faim, je suis en suspend sur cette arrivée de Priya, fais vite pour nous mettre un nouveau chapitre très bientôt.
Que va t-il se passer entre nos deux protagonistes, suspense!!!!!!!!

hum merci beaucoup, prochain chapitre déjà en écriture, je vais essayer de ne pas trop tarder à le poster... patience, patience :p

Des cartons empilés et des plateaux couvert jonchaient le sol du salon , Priya eut du mal à se frayer chemin sans déranger tout ce « rangement », elle se dit que les petits gars ne tarderaient pas à revenir pour prendre encore ce qui lui semblait à son odeur de délicieux gâteaux au miel et des amandes.
Ne l’apercevant pas dans les parages, elle se dirige instinctivement vers l’étage et pousse la porte de sa chambre. Un sentiment bizarre s’empare d’elle en s’y introduisant, quelque chose qui nouait son estomac et lui donnait des palpitations au cœur, peut être est ce parce que c’est la première fois qu’elle la voyait.
Son regard balaye la simple décoration à sa recherche, un lit fait, une fenêtre grande ouverte devant laquelle un rideau dansait sous l’effet de la brise, elle s’avance vers son bureau où son ordinateur resté allumé affichait un de ses cours. Le livre du Saint Coran ouvert dans son écrin indiquait qu’il avait lu quelques versets il n’y a pas si longtemps… pourtant, il n’était pas là.
Elle se tourne vers sa garde robe laissée ouverte avec une housse de vêtement accrochée au bout d’un cintre à sa porte… son regard est attiré par un étui qu’elle reconnaissait et sans s’en rendre compte, elle tend sa main pour le prendre et l’ouvrir…
- Tu n’étais pas sensée la voir… lui lance la voix d’Aman dans son dos.
Il sortait de sa douche ne portant qu’un large selwar blanc qui enserrait sa taille basse d’une ceinture aux fines broderies rouges, jaunes et vertes et qui serrait ses chevilles d’une large bande aux mêmes motifs floraux.
S’essuyant encore les cheveux avec sa serviette, il la regarde longuement perdue dans la contemplation de son corps parfait, quelques gouttes perlaient encore sur ses épaules dessinées de muscles, elles glissaient le long de son torse pour parcourir son abdomen et aller se noyer dans le tissu soyeux de son pantalon. Le voyant jeter sa serviette sur le bord de lit où elle rebondit pour tomber à terre, elle s’oblige à détacher ses yeux de ce spectacle envoûtant alors qu’il s’avance vers elle mais ne peut y résister quand il la frôle en se baissant pour prendre un débardeur blanc d’une étagère. Ses joues s’empourprent malgré elle, elle en reste paralysée et ne peut reculer alors qu’il l’enfile tout près avant de repartir vers sa table de chevet pour mettre sa montre :
- Je devrais être surpris de te voir ici… dit il rompant enfin le silence.
Elle s’éclaircit la voix avant de passer une main nerveuse dans ses cheveux et répondre :
- Hum… Je voulais te parler…
- Me parler !?... s’étonne-t-il en coiffant ses cheveux sans la regarder.
- Tu ne portes pas ta chaine ?
- J’ai décidé qu’elle m’avait assez enchainé… quelques minutes avant et tu m’aurais trouvé en plein débat avec ma mère à ce sujet… et donc tu voulais me parler ? il ne la regardait pas cherchant quelque chose dans un tiroir
- J’ai… j’ai vu qu’il y avait une fête chez Shana… je suppose que son frère se marie… c’est pour ça qu’il y a tout ce bazar en bas… commence-t-elle en le voyant s’assoir sur son lit et se chausser.
- Je ne pense pas que tu sois là pour me parler du mariage … ironise-t-il en se relevant pour lui faire face en mettant de l’ordre dans ses vêtements.
- Tu ne me facilites pas les choses !
- Hum… voyons voir… Bonjour Aman, Bonjour Priya, Comment vas-tu ? bien, merci et toi ? ça va aussi… comment a été ton voyage ?... à toi maintenant…
- Comment sais tu que j’étais en voyage ?
- Ta montre dit que tu es à l’heure de New York, altesse… comment va ton fiancé ?
Son ton était glacial et malgré un sourire courtois sur les lèvres, ses yeux reflétaient une colère qu’il ne dissimulait même pas.
- « Aman ji !!! nous en avons fini ici… » cria une voix de gamin en bas.
Comme Aman la regardait toujours attendant une explication, Priya se sentant mal à l’aise s’apprêta à s’en aller :
- Je crois que tu es occupé aujourd’hui, on se parlera un autre jour…
- Il n’y aura pas d’autres jours, Priya… si tu veux dire quelque chose, dis le maintenant, pour ma part, je pense que tout est dit !
Elle s’approche de lui en le regardant droit dans les yeux avant de les baisser vers le bijou qu’elle tenait entre les mains :
- Je voulais te dire que je suis désolée… pour ce que j’ai dit la dernière fois… elle marqua une pause avant de poursuivre en relevant la tête vers lui
- Je t’aime, Aman…
Il resta impassible, soutenant son regard sans rien dire ce qui la désarmait face à lui :
- Tu ne dis rien ?
- C’est toi qui a des choses à dire, alors je t’écoute…
- Pour ce qui est de Sameer… je…
- Comme tu as pu le constaté c’est un jour de célébration alors si tu peux éviter de me mettre de mauvaise humeur j’apprécierais !
- Mais il faut que tu saches que…
- Ne va pas sur ce terrain là, Priya ! la coupa-il sèchement
- Ne soit pas cruel, Aman !
- Cruel !?... c’est moi qui suis cruel ? c’est moi qui ai décidé de partir !? lui cracha-t-il sur un ton qui trahissait sa colère
- Mais je suis revenue… répondit elle les yeux brillants de larmes. Loin de s’en émouvoir, il eut un petit rire ironique avant de se pencher vers son visage à presque le toucher et lui dire :
- Ah ce que ce syndrome de culpabilité peut nous faire faire…
Elle était emprisonnée sous son regard de braise, son cœur battant à rompre accélérait sa respiration et l’espace d’une seconde elle eut l’audace de vouloir l’embrasser, mais une voix dehors la fit sursauter :
- « Oyé Aman ji !!! votre mère dit que le cortège démarrera dans une demi-heure… Arjun bhai ne va pas tarder à venir vous chercher !! »
Aman se redressa en poussant un profond soupire, il passa une main nerveuse dans ses cheveux et ajusta machinalement sa ceinture avant de lui dire :
- Ne vous sentez pas coupable, altesse… je te l’ai déjà dit, assume tes idées et tes décisions, les regretter ne les fera pas changer…
- Ce n’était pas une décision !
- Ça en avait pourtant l’air…
- Aman, ne comprends tu donc pas que je l’ai fait pour…
- Moi !? la coupa-t-il terminant sa phrase… c’est pour moi que tu as cru que notre amour n’était pas assez grand pour vivre ? que tu as juré que tu ne me quittais pas pour me préserver ?
- J’ai juré que j’étais honnête, pas que…
- Haa… c’est vrai ! mais alors pourquoi revenir ? rien n’a changé, Priya… je suis toujours le dalit aux origines peu glorieuses… toujours celui dont les confessions le rendent présumé coupable… toujours aussi réfractaire à ce monde qui te préoccupe tant ! et tu es et tu resteras toujours la fille des maîtres… toujours aussi supérieure… toujours aussi insaisissable… toujours aussi… fiancée ! termina-t-il en reculant pour s’éloigner d’elle. quand elle voulut protester, il l’arrêta en pointant un doigt autoritaire à son visage avant de la contourner pour aller vers son armoire.
- Tu joues bien l’indifférence ! lança-t-elle en fronçant les sourcils.
- Je crois que c’est un art où tu excelles, altesse…
Quand elle se tourna vers lui, elle le vit enfiler un magnifique sherwani blanc à la découpe droite et courte brodé aux mêmes motifs qui décoraient sa ceinture, c’est la première fois qu’elle le voyait en vêtements traditionnel et Dieu qu’il était beau dedans… il continua sans lui prêter un regard :
- L’art de passer de la gosse de riche au sale caractère à celui de la gentille amie défenseuse de la veuve et l’orphelin qui prône des principes égalitaires dignes d’une parlementaire… de celle qui aime envers et contre tout à celle qui ne supporte pas le regard des autres… de celle qui m’a offert son cœur à celle qui s’était offerte à un autre homme !...
- Suis-je si horrible que même mon amour pour toi est devenu à tes yeux un simple jeu ? lui dit-elle en s’approchant de lui
- Toi… toujours toi ! tout n’est qu’autour de toi ! tu t’es détournée de moi sans un regard en arrière, tu ne t’es pas soucié de ce que tu as laissé derrière toi… voilà encore un côté que je ne soupçonnais pas!... j’avoue oui que mon amour m’a aveuglé au point de ne voir en toi que celle que j’ai aimé ! termina-t-il en ajustant ses manches lui tournant toujours son dos. Elle ne put s’empêcher de redresser son col qui montait en forme officier… quand elle frôla son cou de ses doigts, Aman eut un mouvement de recul brusque qui la choqua ! il lui fit enfin face et lui dit sur un ton calme mais dur :
- Ne me touche pas ! rappelle-toi, je suis intouchable !
- Que tu « as » aimé !? lui demanda-t-elle comme comprenant enfin ce qu’il venait de lui dire, ses yeux fixaient les siens pour chercher une réponse qui tarda, c’est lui qui détourna les siens en disant :
- Cette conversation ne mène nulle part ! lui lance-t-il en s’apprêtant à partir mais elle s’interposa sur son passage !
- Non Aman ! répond moi ! je sais que tu m’aimes encore… le défia-t-elle du regard, elle posa une main sur son torse palpant le rythme de son cœur dans l’entrebâillement de sa veste, le contacte de sa main sur sa peau lui envoya une décharge électrique dans tout le corps, elle s’approcha encore plus de lui sentant les battements de son cœur s’accélérer :
- Tu m’avais dit un jour que notre lien n’était pas accroché au bout d’une chaine, mais qu’il était là… malgré tout ce qui a pu se passer, tout ce que j’ai dit et tout ce que tu as pensé, je sais qu’il ne bat que pour moi…
Il ne dit rien, ne recula pas se contentant de scruter le vert émeraude de ses yeux qui l’hypnotisait, elle lui prit la main … celle qui portait encore les marques de leur dernière rencontre… l’effleura de ses lèvres dans un tendre baiser avant de la poser sur sa poitrine :
- Tout comme tu sais qu’il ne bat que pour toi… dit moi Aman… as tu cessé de m’aimer ?
- Ça ne suffit pas… il y a… souffla-t-il d’une voix cassée, elle le fit taire d’une main sur ses lèvres :
- Il n’y a rien d’autre que ça… juste nos cœurs… je suis bien plus coupable de revenir que je ne le fut pour partir… je n’ai besoin que de savoir une chose, as-tu cessé de m’aimer, Aman ? insista-t-elle en lui caressant la joue, il était incapable de lui répondre prit sous le feu de son regard qui le captivait, elle sentait son torse dur montait et descendre sous sa main comme sa respiration s’accélérait… ses défenses tombaient comme un château de cartes face à elle et il ne réagit pas quand il la vit se hisser à sa hauteur pour murmurer tout prés de ses lèvres :
- Réponds moi, Aman… ne m’aimes tu plus ?
Sans attendre de réponses qu’elle savait ne jamais venir, elle posa ses lèvres sur les siennes doucement en fermant les yeux de peur de ne pas avoir la force d’affronter son regard qui semblait si choqué par cet élan soudain qu’il n’eut aucune réaction l’espace des quelques secondes qui passèrent comme un éclair avant qu’elle ne s’éloigne les joues en feu et les yeux baissés mais sa taille fut aussitôt emprisonnée par sa poigne possessive alors que sa main longeait la peau de sa gorge pour atteindre son visage, il l’obligea à relever la tête vers lui d’une petite pression avant de caresser d’un doigt ses lèvres encore chaudes, elle se sentit tressaillir quand les scella d’un baiser ardant envoyant des milliers de signaux d’alerte dans tout son corps, sa main remonta vers ses cheveux qu’il dégagea pour caresser son visage alors que l’autre descendait vers son cou et la naissance de sa gorge dont le simple touché suffit à rendre sa belle déjà ivre de bonheur complètement folle … elle glissa ses mains le long de son torse vers son abdomen puis dans son dos, sans s’en rendre compte, l’espace entre leur corps disparut et bientôt leurs caresses s’en hardiment à faire oublier tout ce qui les entouraient… leurs lèvres ne se quittaient que pour goûter au goût envoûtant de leur chaire
- Tu vois que tu m’aimes encore… Aman… réussit à dire la jeune femme dans son souffle saccadé alors qu’il allait encore l’embrasser, il stoppa net l’air inquiet, son regard choqué fixa le sien quelques secondes avant de s’en détourner, il poussa un profond soupire en se dégageant brutalement… Priya se sentit soudain tremblante comme si d’un coup l’atmosphère se refroidissait après avoir été au cœur d’un brasier, elle le vit passer ses mains sur visage rougit en inspirant bruyamment
- Il est temps pour toi de partir ! lui lança-t-il sans la regarder en fermant nerveusement les boutons de son sherwani
- Aman… ?
- Si tu voulais te prouver que tu pouvais encore me manipuler, c’est réussi ! part maintenant ! il s’était encore muré derrière ses défenses, elle lui répondit choquée par son accusation :
- Te manipuler ? je t’aime Aman !
- Et moi j’ai aimé une femme qui se préoccupait de plus que sa petite personne ! surement pas celle qui ignore jusqu’au mariage de celle qu’elle considère comme sa meilleure amie…
- Shana se marie !!? l’information la surprit, un long silence passa où son regard hagard semblait chercher un raisonnement logique en vain, soudain elle aperçût l’anneau en or qui brillait à son doigt et comprit !
Elle sentit une vague de terreur l’envahir et lui glacer le sang, se rappelant des détails qui pourtant ne trompaient pas…
- Et c’est toi le mari !!!? finit-elle par laisser échapper de ses lèvres d’une voix presque inaudible.
Comme il ne lui répondit pas, elle s’approcha de lui et lui prit la main gauche pour enfin voir cet anneau qu’elle avait inconsciemment ignoré…
- TU TE MARIES AVEC SHANA !!! lui cria-t-elle au visage l’obligeant à enfin lui faire face pour chercher une réponse dans ses yeux comme il restait silencieux, ses yeux se remplirent de larmes en comprenant enfin et prise d’une rage folle, elle le gifla de toutes ses forces :
- Je te déteste ! je te déteste ! de toutes les maux que j’ai eu dans ma vie et Dieu sait que j’en ai eu… tu es bien le pire !... pourquoi !? pourquoi es tu entré dans ma vie !? pourquoi !? lâcha-t-elle en lui assignant des coups sur le torse les joues inondées de larmes
- Assez !!! finit-il par réagir en lui empoignant les mains avec force avant de lui dire en se penchant vers son visage :
- C’est notre destin altesse… il s’est joué de nous en nous réunissant un jour et il se joue de nous aujourd’hui en nous séparant à jamais…
La musique démarra dehors… accompagnée des bruits provenant du cortège des hommes en approche, Aman se redressa mais elle le retient par les épaules en le regardant droit dans les yeux :
- Nahi Aman ! tu ne peux me quitter… je ne te laisserais pas partir…
- Tu n’as pas le choix… son cœur se brisait de la voir aussi malheureuse
- Bien sûr que si, rappelle toi de ce que tu as dit… je t’appartiens, entièrement, chaque infime partie de moi est tienne… il n’y aura jamais de place pour une autre femme… aussi parfaite qu’elle puisse être !
- « OYÉ LE BRAHMINE !... » la voix d’Arjun retentit en bas
- Si je la laisse ce soir… elle en mourra ! plaida-t-il les yeux se remplissant de larmes aussi
- Et moi !? crois tu que j’y survivrais ? répondit elle en le suppliant des yeux
- « AMAN !? »… rappela la voix d’Arjun encore plus forte
- N’as-tu pas survécu à pire ? ces facettes cachées de toi qui me restent insaisissables… cette Priya qui ne m’a jamais appartenue est si forte qu’elle est tout ce que j’aime et tout ce que je déteste… la Priya que j’ai connu prés du Lac n’est qu’une de ces facettes… une sorte de rôle que tu as joué… toi, tu y survivras j’en suis sur… quand à ma Priya à moi… elle est morte le jour où la vraie Priya m’a juré être honnête en croyant que la colère de son père est plus grande que l’amour de mon cœur !
Ses paroles eurent l’effet d’un poignard dans son cœur meurtri, elle le relâcha sans rien dire… de toute façon qu’aurait elle pu dire de plus ? il la dévisagea encore mais elle ne soutenait plus son regard
- « QU’EST CE QUI SE PASSE LE BRAHMANE ? TU N’AS PAS FINI DE TE PREPARER ? » la voix indiquait que son ami montait le voir, il s’empressa de mettre son écharpe dernier accessoire de son costume traditionnel autour du coup avant de quitter sa chambre, il s’arrête un instant sur le pas de la porte, mais finit par partir sans regarder en arrière.
Elle mit quelques minutes avant de réagir, entendant comme derrière un voile les voix d’Aman et Arjun se mélanger de rires… les tambours dehors annonçaient le commencement des festivités… ses larmes séchées, elle prit son sac et sortit mais fut étonnée de croiser le regard d’Arjun qui se tenait dans l’encadrement de la porte d’entrée, elle n’y vit aucune surprise… il la saluer d’un hochement imperceptible de la tête avant de sortir se mêler à la foule dehors qui félicitaient le jeune marié avant que le cortège ne démarre.
Restant d’abord immobile, elle ne put s’empêcher de dévaler les escaliers pour rester sur le palier apercevant au loin l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde s’avancer parmi les sien habillé comme un prince et choyé comme un roi…
Alors que le son de la musique l’accompagnant s’éloignait peu à peu, celui des chants des femmes s’approcher, elle me comprit qu’en se retournant vers l’autre sens que le cortège de la mariée accompagné des femmes du quartier sa belle mère en premier, les suivait de prés pour se rejoindre sur les lieux de célébration. Elle recula instinctivement à leur approche mais ne put détacher ses yeux de celle qui, entourée de belles demoiselles d’honneur portant un large voile rouge aux belles broderies en or au dessus de sa tête qui accueillait les pétales de fleurs que lançaient celles qui les suivaient, avançait d’un pas lent dans son magnifique sari rouge qui couvrait jusqu’à son visage…
Ne prêtant aucune attention aux visages choqués des dames ni celui alarmé d’Aliyah, elle s’avança vers la mariée d’un pas décidé et lui dévoila le visage doucement, découvrant le visage parfait de celle qu’elle considérait comme sa seule amie. Shana retenait difficilement ses larmes se sentant coupable de ce malheur qu’elle lisait sur son visage, mais elle est surprise de le voir s’illuminer d’un sourire.
Priya lui prit le visage entre les deux mains et déposa un baiser sur ses cheveux avant de la prendre dans ses bras et lui chuchoter à l’oreille :
- Rend le heureux, Shana… toi seule en est capable…
Alors que des larmes perlaient aux yeux de celle-ci, elle s’empressa de lui recouvrir le visage et se dégager du passage pour permettre au cortège festif de reprendre sa route… Aliyah se détacha du groupe pour venir lui parler, la jeune femme se baissa aussitôt à ses pieds :
- Bénissez moi maa une dernière fois… il se peut que ne chemin s ne se croisent plus…
- Que tu vives longtemps betti… lui dit aussitôt la vieille dame une main sur sa tête, elle voulut lui dire quelques chose mais la jeune femme l’arrêta
- Nahi… cela me suffit… je retourne dans mon monde… retournez au votre, vous ne voulez pas être en retard en ce jour si important, n’est ce pas ?
Alors que la fin de l’assemblait la dépassait, elle la vit la vieille dame s’y mêler… au loin, Shana se tourna vers elle et releva un peu la tête… elle crut y lire un pardon avant qu’il disparaisse entre toutes les femmes aux saris de fêtes aussi colorés que les champs de fleurs dont le souvenir s’imposa à son esprit… souvenir d’un amour perdu… d’une vie perdue… sa vie perdue…

mira pour ce beau chapitre, nous sommes en plein coeur d'un chagrin d'amour et d'un abandon qui m'a fais fondre, les larmes étaient au rendez vous au dernier passage.
Je ne sais ce que va nous réserver la suite mais je suis dans l'attente.

francoisetiryaki a écrit:: mira pour ce beau chapitre, nous sommes en plein coeur d'un chagrin d'amour et d'un abandon qui m'a fais fondre, les larmes étaient au rendez vous au dernier passage.
Je ne sais ce que va nous réserver la suite mais je suis dans l'attente.

Désolée pour les larmes mais je suis heureuse d'avoir pu transmettre les sentiments de nos deux amoureux aux coeurs brisés... la suite est déjà en écriture, j'espère que ça continuera à te plaire, merci beaucoup de ta lecture zoubi

Sur une estrade richement décorée, Aman était installé sur des coussins en velours aux couleurs chaudes parmi quelques notables du quartier. Arjun à sa droite, le regardait discuter et rire de bon cœur en se demandant comment pouvait-il être aussi serein !
L’expression qu’affichait son visage en le rejoignant sur le perron était éloquente, la présence de Priya aussi et pourtant le voilà, jouant le jeune marié heureux comme s’il avait attendu ce jour toute sa vie. Savourant les gâteaux qu’on lui offrait, s’extasiant même des prouesses artistiques des danseuses qui avaient envahi la piste, saluant les invités d’un geste de la main ou se levant pour prendre la bénédiction des plus vieux… Aman faisait oublier à tout le monde les circonstances désastreuses qu’ils avaient connues il y a à peine deux semaines… ou presque !
Dobby vient annoncer l’arrivée des collègues d’Aman qui le suivaient de prés, trois femmes qui enseignaient avec lui, la bibliothécaire qu’il connaissait depuis ses études ainsi que le chef de son département.
- Arjun… rappelle que c’est mon patron, hein… chuchote-t-il à l’oreille de son ami un sourire crispé sur le visage
- Je sais… pourquoi !?
- Parce que… comment dire ?... le tact n’est pas vraiment une de ses qualités… haa… Monsieur David, merci de votre venue ! s’exclame-t-il en se levant suivi par ses compagnons, il tend une main vers le vieil homme qui lui donne une accolade bien chaleureuse.
- Toutes mes félicitations, jeune homme !
- Merci à vous… merci… Arjun, je te présente monsieur David Jacobi, le chef de département de sociologie… Géraldine, Carole et Céline… mes collègues, Alex que tu as déjà rencontré… annonce-t-il en leur serrant la main… Arjun est mon beau frère… et voici ma famille ! termine-t-il en leur présentant ses voisins
- Enchanté… enchanté…
- Merci… bienvenus… installez-vous… Dobby conduit les à leur table… fait Arjun en la leur montrant
- Allez y, mesdames… moi j’aime les première loges, ça ne vous dérange pas Khan ? lance le directeur en cherchant des yeux un coussin bien moelleux au sol
- Oh non non… bien sûr... c’est un honneur… s’empresse-t-il de dire en l’invitant à s’asseoir avant de faire de même, aussitôt on lui propose un tchai chaud accompagné de gâteaux
- Alors les français aussi savent s’asseoir à terre !? lance amusé le vieux Sidhart à l’intention de leur invité qui ne passait pas inaperçu avec son costume et cravates et son teint pour le moins clair.
- Oh mais détrompez vous... je suis bien à l’aise comme ça que dans mon fauteuil à la maison !... j’adore les mariages orientaux parce que ça me rappelle le pays…
- Monsieur Jacobi est né au Maroc en fait… explique Aman en souriant
- Casablanca, plus précisément… ah la chaleur des rives de l’Atlantique ! une culture… des traditions…
- Ça ne vaut pas la chaleur des rives de l’Océan Indien, monsieur… ni celle de notre pays ! dit Karan en souriant
- Ce n’est pas ce soir qu’on l’aura la chaleur… ni les traditions… maugrée Sidhart, retissant à l’idée que la jeune Malhotra se marie selon les traditions d’Aman.
- Oncle Sidhart ! s’exclame Arjun en fronçant les sourcils, Aman lui presse la main en souriant avant de se tourner vers le vieillard et lui lancer avec amusement !
- Que puis je y faire, Sidhart ji ?... pour votre malheur, le printemps est arrivé plus vite cette année, s’il neigeait encore, on l’aurait allumé le feu ! la réflexion fit rire l’assemblée au grand étonnement du directeur qui était déjà absorbée par la musique qu’il appréciait.
- Merci encore monsieur Jacobi… lui lance Aman sincèremnt
- De rien Aman, je dois dire que c’est la première fois que j’assiste au mariage d’une de mes étudiantes… je tenais à lui témoigner de notre soutien face à ce qu’elle a traversé, c’est si terrible comme épreuve… la police cherche enc…
- Ehem…euh… prenez encore un peu de gâteau ! le coupe-t-il en pressant la main de son ami dont le sang ne fit qu’un tour.
- Tout doux le punjabi… je te l’avais dit… lui dit il à l’oreille discrètement avant de tourner les yeux vers l’estrade en face où la mariée était entourée de ses demoiselles d’honneur et quelques dames du quartier.
Shana, le visage couvert, observait derrière son voile rouge ce qui lui semblait être une grande mascarade, elle se sentait étrangère à ces festivités, comme si elle n’était que simple spectateur alors que sa vie prenait un tournant décisif. Dans sa tête, les souvenirs de son enfance, celle des ces rêveries à propos de cet homme dont la simple vue faisait manquer un battement à son cœur, ces désillusions… elle se souvient encore du bonheur de Priya lui annonçant la grande nouvelle, un bonheur qu’elle venait ce soir voler… derrière la musique qui retentissait, les grelots aux chevilles des filles qui dansaient, les rires des hommes et femmes qui l’entouraient, elle n’entendait qu’une chose, les mots qu’avait soufflé son amie à son oreille. Il était à présent trop tard pour reculer, bientôt elle vit l’imam arriver imposant le silence. Accueilli par ceux qui sont aussi ses voisins et ses compatriotes, il s’installe sur une esplanade qu’on avait décoré au milieu de la piste, Arjun et Aman les rejoignent, récite quelques versets du Coran avant d’annoncer l’occasion de ce rassemblement et le nom des deux époux :
- Mes frères et sœurs… Nous voilà donc en ce jour béni, rassemblés pour assister à l’union de nos enfants Aman Eddine Zahir Khan et Shandini Subhash Malhotra devant Allah et ses êtres, qui donne cette jeune femme en mariage ?
- Moi ji… Arjun Subhash Malhotra, son grand frère… répond Arjun doucement.
- Aman Eddine Zahir Khan… acceptez vous de prendre pour épouse Shandini Subhash Malhotra devant Allah et son prophète et pour le Sadaq qui a été décidé ?
- J’accepte ! répond Aman d’une voix sure.
Shana relève la tête stupéfaite, si elle ne l’imaginait pas revenir sur sa décision en public, elle ne s’attendait pas à ce qu’il consente à cette union sans aucune hésitation, elle le dévisageait de loin, le visage radieux et le sourire aux lèvres, les joues légèrement empourprées d’être sous tous les regards… où trouvait il la force pour accepter tout ça ?
Elle s’était tellement perdue dans ses pensées, qu’elle ne vit pas l’imam devancé par son frère s’avancer vers son estrade et ne mesura qu’au son tout près de sa voix qu’il se tenait déjà derrière les guirlandes de fleurs qui servait de rideaux, il lui demanda alors :
- Shandini Subhash Malhotra, acceptez vous de prendre pour époux Aman Eddine Zahir Khan devant Allah et son prophète et pour le sadaq qui a été décidé ?
Soudain, elle sentit son cœur battre à tout rompre, était elle vraiment sur le point de devenir l’épouse d’Aman ? ça ne pouvait être vrai… elle ne voyait plus rien devant elle, ses yeux se remplissant de larmes, une émotion étrange l’envahit…
- Shandini Subhash Malhotra, acceptez vous de prendre pour époux Aman Eddine Zahir Khan devant Allah et son prophète et pour le sadaq qui a été décidé ? réitéra le cheikh en haussant un peu la voix pressant sa réponse.
- Shana ?... Aliyah assise à ses côté lui sourit tendrement en hochant la tête, elle avait les larmes aux yeux aussi, ses mains se crispèrent sur les siennes, des souvenirs qu’elle aurait aimé oublier l’assaillaient, ceux de ce diner où Aman avait pris la défense d’une Priya qu’il connaissait à peine… ceux de celle-ci la prenant dans les bras et lui annonçant qu’elles devenaient sœurs… ceux où du haut d’une tour elle les avait vu un jour ensemble… ce jour là où sa vie a basculé… elle ne savait pourquoi les images de cette horrible nuit la submergèrent… elle ferma les yeux pour les effacer en vain…
- Mon enfant ? demanda l’imam la tirant de ses sombres pensées.
Elle rouvrit les yeux et son regard croisa celui d’Aman qui assis à sa place attendait aussi, quand l’imam reposa sa question encore, elle vit son visage s’illuminer d’un sourire sans la quitter des yeux… sans le savoir, ses lèvres soufflèrent :
- J’accepte…
Les mains d’Arjun et Aman scellées sous la bienveillance du Cheikh, la Fatiha fut récitée et il les déclara unis par le lien précieux du mariage. Les tambours se mirent alors à battre, l’imam invité à se joindre aux invités, on dressa les tables pour manger ...
Alors qu’il s’apprête à retourner à sa place, Arjun se heurte au vieux Sidhart qui lui barre la route avec sa canne :
- Hé le punjabi ! tu maries ta sœur aujourd’hui et tu vas te contenter d’aller te goinfrer ? lui lança-t-il avec défi, Arjun lui sourit et lui prit la canne des mains pour se mettre à danser avec, un jeune homme arrive vers lui un bâton en main et fait mine de l’attaquer avec, il pare le coup avant de mimer un combat au rythmes de musiques du pays.
Alors que plusieurs jeunes les suivent, les jeunes danseuses et danseurs de l’école de Shana les cernent en exécutant une des chorégraphies qu’elle leur a apprise. Des jeunes demoiselles convoitant les regards des garçons les rejoignent, elles vont même chercher Aliyah qui hésite d’abord à les suivre, mais finit par se laisser convaincre par les acclamations de ses voisines… elle se dirige vers le centre de la piste et danse comme elle ne l’avait jamais fait de toute sa vie au grand bonheur de son fils dont le meilleur ami vient le chercher.
- Allez le brahmine, fait pas ton timide… tout le monde sait que t’es excellent danseur !! lui crie-t-il en le ramenant au centre de la piste sous les sifflements des invités
Au bout de quelques pas de danse qui ont enflammé les convives, les petites danseuses vont à la recherche de leur maitresse…
- Allez Shana-didi… challo… la supplièrent elle, mais elle se contenta de hocher la tête pour refuser, Aman s’approcha alors d’elle lui offrant une main pour l’aider à se lever. Il lui suffisait de voir ses yeux fixer les siens avec insistance pour lui faire perdre toutes volonté… elle se lève et le suit d’un pas timide, mais elle était paralysée et ses jambes tremblaient tellement qu’elle eut l’impression que si Aman relâchait sa main, elle allait tomber… et dire qu’elle est danseuse !
Les petites filles se précipitent vers le DJ pour lui demander de changer de musique. Soudain au milieu de la foule, elle se trouve seule face à Aman dans le silence… la douce musique d’un vieux film de Raj Kapoor se met en route… celui qui était à présent son mari lui tenait toujours la main…
- Une danse !!... un discours !!... une danse !... un discours !!... se mettent les enfants à crier, suivis par les adultes. En voyant Aman rougir de plus belle, Shana se demandait quelle était la couleur de ses joues à elle… intimidée elle voulut quitter la piste de danse mais elle l’entendit dire :
- « Quand l'amour vous fait signe… » commence-t-il l’arrêtant sur place… elle se retourne vers lui n’y croyant pas ses oreilles, était ce poème là ?
- « Quand l'amour vous fait signe, suivez-le »
Elle aurait reconnu ces mots entre mille, ce recueil de poésie qu’Aman lui avait offert, un jour qu’elle avait à peine dix ans, alors qu’elle cherchait des idées pour un devoir… combien de fois l’avait elle lu et relu… « L’Amour… de Gibran Khalil Gibran »… perdue dans les souvenirs de la naissance de son amour, elle se sent attirée par sa main, son bras lui empoignant la taille, alors qu’il l’emportait dans un univers féérique entre ses bras au rythme de ses pas, elle se laisse bercer par sa voix qui pénétrait jusqu’au plus profond de son âme :
- « … Bien que ses voies soient dures et escarpées.
Et lorsque ses ailes vous enveloppent,
- cédez-lui,
- Bien que l'épée cachée dans son pennage puisse vous blesser.
- Et lorsqu'il vous parle, croyez en lui,
- malgré que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord saccage vos jardins.
- Car de même que l'amour vous couronne, il doit vous crucifier.
- De même qu'il est pour votre croissance il est aussi pour votre élagage. »
Il se tût pour la regarder, des larmes perlaient à ses yeux comme une adolescente et oubliant jusqu’à même qu’elle ne vivait pas un rêve… elle répondit :
- « De même qu'il s'élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus légères qui tremblent dans le soleil,
- Ainsi pénétrera-t-il jusques à vos racines et secouera dans leur attachement à la terre.
- Comme des gerbes de blé il vous emporte.
- Il vous bat pour vous mettre à nu.
- Il vous tamise pour vous libérer de votre bale.
- Il vous broie jusqu'à la blancheur. »
Il enchaina en la faisant tournoyer à la musique qui embaumait leur danse :
- « Il vous pétrit jusqu'à ce que vous soyez souples ;
- Et alors il vous livre à son feu, pour que vous puissiez devenir le pain sacré du festin de Dieu.
- Toutes ces choses, l'amour vous les fera pour que vous puissiez connaître les secrets de votre coeur et de venir, en cette connaissance, un fragment du coeur de la Vie.
- Mais si dans votre peur, vous ne recherchez que la paix de l'amour et le plaisir de l'amour,
- Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et sortir de l'aire de l'amour,
- Pour vous rendre dans le monde sans saisons où vous rirez, mais non pas tous vos rires, et pleurerez, mais non pas toutes vos larmes. »…
- à toi maintenant… lui lance-t-elle la portant à bout de bras avant de la redéposer et la faire tournoyer encore… elle s’exécuta sans réfléchir :

- « L'amour ne donne que de lui même et ne prend que de lui-même.
- L'amour ne possède pas, et ne veut pas être possédé ;
- Car l'amour suffit à l'amour.
- Quand vous aimez, vous ne devez pas dire Dieu est dans mon coeur, mais plutôt, je suis dans le coeur de Dieu.
- Et ne pensez pas que vous pouvez guider le cours de l'amour, car l'amour, s'il vous trouve dignes, dirigera votre cours.
- L'amour n'a point d'autres désirs que de s'accomplir. »
Shana se tût trop émue et sentant les larmes lui venir aux yeux, elle ose affronter les siens cherchant secours à ses sens qu’elle perdait sous son emprise, il se contenta de lui sourire avant de terminer :
- « Mais si vous aimez et devez avoir des désirs, qu'ils soient ceux-ci :
- Se fondre et être un ruisseau coulant qui chante sa mélodie à la nuit.
- Connaître la douleur de trop de tendresse.
- Être blessé par sa propre intelligence de l'amour ;
- Et saigner volontiers et joyeusement.
- Se réveiller à l'aurore avec un coeur ailé et rendre grâce pour une autre journée d'amour ;
- Se reposer à l'heure de midi et méditer sur l'extase de l'amour ;
- Rentrer en sa demeure au crépuscule avec gratitude,
- Et dormir avec en son coeur une prière pour le bien-aimé, et sur les lèvres un chant de louange. »….
La musique s’arrêta, Aman relâcha l’étreinte de son épouse qui se sentit presque défaillir, ils restent un long moment ainsi se regardant juste… comme si rien n’existait autour, les cris et sifflotis qui les acclamaient leur étaient impénétrables…
Arjun se décide enfin àrompe le silence en s’exclamant :
- Mariez votre sœur à un Brahmine et il vous nourrira de mots… apportez les plats…
Les invitées s’installèrent pour manger, les hommes discutant de match de cricket et de foot et les femmes échangeant les derniers potins, aux coins les plus reclus quelques amours naissaient entre de jeunes gens… les fillettes émerveillées par cette ambiance rêvassaient à trouver elles aussi un prince aussi charmant que celui qui régna sur cette soirée…

Chapitre que j'ai attendu depuis plusieurs et je commençais à désespérer, je l'avoue.

cimer

mira car ce chapitre est encore très bien écrit et je dis chapeau pour le poème, il est très beau.
La description du mariage est tel que l'on est acteur et on imagine les réactions de Aman et Shana surtout au moment de dire oui!!!
Je ne sais ce que nous réserve la suite mais j'adhère toujours autant et suis impatiente de lire le prochain chapitre!!!

francoisetiryaki a écrit:: Chapitre que j'ai attendu depuis plusieurs et je commençais à désespérer, je l'avoue.

mira car ce chapitre est encore très bien écrit et je dis chapeau pour le poème, il est très beau.
La description du mariage est tel que l'on est acteur et on imagine les réactions de Aman et Shana surtout au moment de dire oui!!!
Je ne sais ce que nous réserve la suite mais j'adhère toujours autant et suis impatiente de lire le prochain chapitre!!!

désolée d'avoir autant tardé pour terminer ce chapitre, pas facile de trouver les bons mots qui décrivent une fête colorée et bruyante... de faire imaginer les images des personnages vivants... si j'y suis arrivée ne serait ce qu'un peu, j'en suis très heureuse... merci encore de ta lecture, je vais essayer de ne pas trop tarder pour la suite, zoubi

Ah et le poème n'est pas de moi, mais de Jibran Khalil Jibran, un grand poète Libanais que j'aime beaucoup... :)

mira123 a écrit:: Ah et le poème n'est pas de moi, mais de Jibran Khalil Jibran, un grand poète Libanais que j'aime beaucoup... :)

Même s'il n'est pas de toi, il est très beau et convient parfaitement à cette célébration.

Encore cimer

et j'attendrai avec impatience la suite, prends le temps qu'il te faut pour le peaufiner!!!!

merci beaucoup Françoise, ça me fait plaisir qu'il te plaise, oui je le trouve aussi magnifique, il me donne des frissons en le lisant... et oui imaginer Aman le réciter le rend encore meileur :)

- … il fallait s’y attendre, Kamal… heureusement que notre vol était programmé tôt, tous les avions en partance de Londres sont cloués au sol ce soir à cause de la tempête ! raconte le politicien à sa femme en montant à l’étage de leur demeure. Ils revenaient d’un voyage à la capitale anglaise qu’ils ont écourté aussitôt Yash prévenu du retour de sa fille sur le sol français. A minuit passé, la grande maison était bien silencieuse, le retour n’étant pas prévu, ils n’avaient été accueillis que par les gardes dehors.
- Moi qui pensais que l’hiver était derrière nous… répondit-elle d’une voix rêveuse en arrivant devant la porte de leur chambre.
- Yash ?... tu crois qu’elle reviendra à la maison ? demande-t-elle inquiète.
Elle était morte d’inquiétude pour sa fille unique depuis que celle-ci avait disparue sans prévenir il y a deux semaines. Bien sur, ils avaient pu retrouver sa trace grâce aux moyens dont disposait son père mais ça n’avait guère été rassurant. La savoir auprès de Sameer leur faisait craindre le pire pour les deux aux vues du passé et de ce qui les attendait.
- Ji… vous êtes là ! s’écrie un domestique en arrivant dans le couloir, il était si tard que les deux maitres sont surpris de le voir arriver.
- Qu’y a-t-il Vijey ? tu ne dors pas à cette heure ci !?
- Ji… nahi… je vous attendais, la jeune maitresse est ici… commence-t-il en cherchant ses mots. Le visage de Kamalkali s’éclaire d’un sourire mais Yash fronce les sourcils, inquiet par l’expression alarmé de son interlocuteur.
- … elle est rentrée il y a quelques heures mais…
- Mais quoi ? parle !
- Elle est tout de suite allée à votre bureau et n’en est pas sortie depuis !
- Merci Vijey… va te coucher à présent…
Arrivés devant la porte du bureau, Yash et sa femme sont étonnés d’entendre des rires à l’intérieur, des cris, des bruits qui se mêlaient… tournant la poignée pour entrer, ils découvrent l’un des murs de la grande pièce plongée dans le noir tapissé d’une projection… c’était les images d’un anniversaire, celui de Rohan qu’ils voyaient souffler ses vingt cinq bougies entouré par ses amis. A ces côté deux adolescents, Priya et Sameer qui rient de bon cœur.
« … quel était ton vœux ?... si on le dit, il ne se réalise pas… allez… dis moi, baiyaah ! bon… d’accord… j’ai souhaité souffler ceux de l’année prochaine comme ça… entouré par ceux que j’aime… »
Kamalkali eut du mal à étouffer un cri alors que ses yeux se remplissent de larmes, ces images que son mari avait mises sous scellé depuis longtemps se répétaient en boucle encore et encore…
- Même ça… c’était de ma faute…
La voix de Priya avait retenti dans le noir surprenant ses parents qui n’arrivaient pas à la distinguer. En allumant, ils la découvrent assise au bureau de son père.
Amusée par son expression choquée, elle les invite d’un signe de la main à s’asseoir face à elle et leur sert chacun un verre de whiskey, la bouteille était déjà bien entamée et elle ne manque pas de remplir son verre à elle de nouveau avant de mettre la vidéo sur pause.
Yash hésite un peu mais finit par s’exécuter surprenant sa femme par sa passivité face à une telle insolence, mais il lui fait signe d’imiter son geste.
- Priya betti… qu’est ce?… Yash, dit quelque chose !
- Que voulez vous qu’il me dise, maa ? de quitter son trône !?... d’avoir honte de boire en sa présence !?... mon cher père est un homme intelligent et il sait qu’il n’est guère utile de raisonner une personne dont la raison s’est noyée dans cet élixir ! répond-elle d’une voix enrouée en pointant le doigt sur le fond de son verre.
- Pense au moins à ta santé ! tu sais que tu ne…
- Devrais pas boire… que je ne devrais pas aller voir Sameer sans prévenir, que je ne devrais pas tomber amoureuse d’un homme qui ne vous plairez pas… la liste est encore longue, maa… bien trop longue…
- Ça suffit !!! la coupe-t-elle en se levant, elle s’apprêtait à s’en aller mais sa fille se leva pour venir se mettre sur son chemin, ses yeux rougis la fixaient avec défi
- Où fuyez vous encore, maa ?... pour une fois dans votre vie, faite face à ce qui ne vous plait pas ! ou bien cet homme vous a tellement dressé à baisser la tête devant son autorité que l’art de détourner le regard est devenu votre… la main de sa mère s’abattant sur son visage vient mettre fin à sa phrase.
- Comment oses-tu !? s’indigne-t-elle en colère
- Comment as-tu osé !!! lui crie la jeune femme en plein visage en la défiant de plus bel, elle rajoute en tournant autour d’elle :
- Tu m’as écouté patiemment t’ouvrir mon cœur, comme toute enfant cherchant refuge auprès de sa mère… tu m’as regardé droit dans les yeux en souriant alors que tu savais ce qui se tramait !... mieux encore, tu y as joué un rôle… dis moi, maa… avez-vous eu une réunion de travail pour mettre au point votre plan ?...
- Priya… essaya de se défendre sa mère, mais sa fille continua sans lui en laisser l’occasion
- Quatre ans… quatre ans que vous vous êtes retiré de toute décision concernant cette famille, quatre que vous vous contentez de jouer la femme de l’ambassadeur et la mère en deuil d’un fils qui a perdu la vie… vous n’avez intervenue que pour gâcher celle de votre fille ! wah maa… wah ! s’exclame-t-elle d’un ton théâtral.
- Bon, si tu as terminé ce mélodrame, tu nous excuseras… mais on rentre d’un voyage, on se parlera quand tu auras toute ta tête… s’exprime enfin son père dans son dos calmement, elle se tourne vers lui avec un sourire et va s’agenouiller à ses pieds.
- Quoi, père ? tu ne veux pas boire avec moi ?... pourtant tu as plus de choses à célébrer, non ?
Elle prend son verre et le lui remet dans les mains avant de prendre le sien et le lever devant son nez :
- Trinquons, vous voulez bien ?... à la santé de ceux qui se réjouissent ce soir !... allez… vous en faite partie aussi, célébrez votre victoire ! fit-elle en tapant son verre contre le sien et le buvant d’une seule traite. Son père imite son geste au grand désarroi de sa mère qui assistait à ce spectacle impuissante.
- vous savez ce que j’admire en vous, père ?... l’assurance que vous avez que quoi qu’il advienne, vous gagnerez toujours ! dit elle alors en se hissant à sa hauteur pour affronter son regard
- Va te coucher, Priya… tu ne tiendras pas assez longtemps dans ton état pour m’affronter ! se contente-t-il de lui répondre en se levant pour s’en aller. Il va vers sa femme, la prend par les épaules et l’oblige à s’en aller avec lui.
- Mais j’ai tenu jusque là… et je tiendrai encore… l’arrête-t-elle dans son dos avant de venir lui faire face
- Je vous ai toujours entendu dire que la meilleure manière de gagner la confiance des gens est de leur faire perdre la leur… ainsi, ils n’auront que vous pour survivre !... je ne savais pourtant pas que j’étais réduite à cette populace que vous bernez avec vos beaux discours…
- Je refuse de parler à une ivrogne ! lui rétorque-t-il en faisant un pas en avant pour continuer son chemin, mais elle reste plantée devant
- Je n’ai jamais été aussi sobre que ce soir… lui rétorqua-t-elle en pointant son doigt à son visage
- …vous saviez que vos menaces ne lui feraient pas peur, me faire une longue liste de tous ce qui rendait cette union impossible n’aurait rien fait non plus… alors il fallait jouer sur un autre plan, détruire cette histoire de l’intérieur, en restant dehors et admirant le résultat… pourquoi ne pas sortir les vieux dossiers ? de toute façon, elle se sentait déjà coupable, il n’y avait rien à ajouter… juste faire remonter à la surface tous ses démons et comme elle savait si bien le faire, elle détruirait d’elle-même son couple en croyant bien faire !... sa voix vivrait de colère et son regard fixait tantôt les yeux de sa mère, tantôt ceux de son père.
- Ce qui est fou c’est que même lui l’avait compris ! je me suis rendue compte ce soir que vous vous ressemblez quelque part… il pense même comme vous… vous savez ce qu’il a dit ?... que j’étais une manipulatrice… une comédienne… jouant les jeunes femmes modèles alors que je suis pourrie jusqu’à l’os ! oh pas dans ces termes, maa… ne soyez pas choquée ! il est beaucoup trop gentleman pour ça !
- Il est au moins assez intelligent pour le comprendre ! sourit son père ironiquement
- Yash ! s’offusque sa mère en se tirant de son étreinte, elle n’aurait jamais pensé que toute cette histoire prendrait ces proportions grotesques.
- Betti… je sais que tu es en colère, mais… commence Kamalkali en s’approchant d’elle, essayant de la réconforter, mais Priya se dégage brutalement avec dédain
- Ne me touche pas ! tu n’es pas mieux que lui… que croyais tu, hein ? un petit bobo de plus… des séances chez le psy et c’est reparti pour un tour !? je n’ai peut être jamais été une fille modèle, mais vous ne méritez même pas d’être parents ! Dieu avait été clément en nous privant de Rohan avant que…
- PRIYA !!! cria son père excédée en lui agrippant le bras, loin d’être impressionnée, elle se libère de sa poigne en riant et lui dit :
- Quoi !? j’ai appuyé là où ça fait mal ?... j’ai été à bonne école ! et puis, à force de voir l’image qu’ont les autres de vous, vous finissez par l’adopter… rajoute-t-elle avec un petit rire nerveux rompu par une toux sèche qui lui coupe le souffle, sa mère se retient d’aller la soutenir en réprimant un sanglot. Au bout de quelques secondes, elle finit par reprendre son allure hautaine en faisant face à celui qu’elle blâmait de tous ses maux :
- Vous savez ce qu’il a dit aussi ?... que la Priya qu’il avait aimé était morte… cette facette de moi qu’il avait aimé comme un fou n’existait plus… comme je considère que c’est grâce à vous que l’homme que j’aime en a épousé une autre ce soir, je suppose que sa Priya est morte par votre faute aussi… Or, mon chère père… je n’ai jamais été aussi moi-même que dans ses bras… termine-t-elle en laissant échapper une larme qui roula lourdement sur sa joue.
Sentant son chagrin l’envahir, elle eut un mouvement de recul en baissant ses yeux brouillés de larmes, sa colère fut submergée par sa tristesse et elle ne trouvait plus la force de tenir sur ses jambes. Mais elle se refusait cette faiblesse et réussit à trouver la force de se redresser face à son père une dernière fois pour lui dire :
- Alors, puisque j’ai décidé d’être à l’image que vous avez de moi… considérez votre fille comme morte à présent…
- Priya ! crie sa mère en s’avançant vers elle, elle lui sourit amèrement en la rassurant :
- Ne vous inquiétez pas, maa… si je voulais mettre fin à mes jours, je nous aurais épargné cette sordide discussion !... et puis… rappelez vous… rajoute-t-elle en regardant son père :
- Je porte la mort avec moi depuis quatre ans…
- Betti… arrête cette folie… ne… implore la dame sans succès, sa fille attendait quelque chose de son père… quelque chose qui ne viendra jamais. Il se contentait de la fixer de son regard impassible, elle lui prend la main droite et la dépose sur sa tête sans quitter ses yeux :
- Je vous jure qu’à partir du moment où je quitterai cette maison, je n’y remettrai jamais les pieds, je serais pour tous Priya Chowdery, la fille unique de Yash Chowdery… pour tous, sauf pour vous… car votre fille est à présent réellement morte… dans cette vie et dans toutes les autres…
Sans laisser le temps à sa mère de la retenir, ni à son père de réagir, elle se baisse à leur pieds, prend bénédiction et s’en va sans se retourner…

Au mariage…
Le reste de la soirée s’était déroulée dans la fête et la bonne humeur, les deux jeunes époux avaient plus d’une investi la piste de danse et quand vint le moment des échanges d’alliance, une émotion s’empare de tous les convives en voyant les larmes perler aux yeux de Shana qui malgré tout l’amour d’Aliyah, la vue de son frère debout seul la regarder avec fierté lui rappela la cruelle absence de ses parents.
Aman lui sourit tendrement en lui essuyant les joues du bout de ses doigts avant de lui prendre la couronne de fleurs qu’on lui offrait pour la lui mettre autour du cou, elle fait de même sous l’acclamation de la foule qui leur jeté des pétales de roses.
Les festivités terminées, vint alors le moment de prendre la bénédiction des ainés avant de partir, le plus dur était de faire ses adieux à son frère qui ne put la prendre dans ses bras en sanglotant comme un enfant… toutes les filles partent un jour et il savait qu’il allait continuer à la voir fréquemment, mais c’était autre chose… à présent, elle n’était plus sa sœur, elle était juste la femme d’Aman et il ne pouvait se résigner à perdre la seule famille qu’il avait. Elle n’était pas en meilleur état, elle ne pouvait même plus se défaire de sa tendre étreinte, c’est Aliyah qui finit par la tirer dans ses bras à elle pour permettre à ce grand gaillard de reprendre ses esprits.
Aman se baisse pour prendre sa bénédiction avant de le serrer dans ses bras, remplissant son cœur de joie, Arjun se traitait secrètement d’idiot, il ne perdait pas une sœur, mais gagnait un vrai frère.
Il se pense pour toucher le pied de sa mère avant de se nicher dans ses bras en lui soufflant dans l’oreille de ne pas pleurer, parce qu’il ne pourrait retenir ses larmes.
- Oh mais pensez au moins à mes collègues, ils vont finir par croire que les pleurs sont un rite dans le mariage indien ! lance-t-il pour égayer l’ambiance faisant tout le monde pouffer de rire
- Maa ? demande-t-il à l’intention de la vieille dame qui lui tend sa main refermée pour l’ouvrir devant tout le monde, Aman prend alors une fine chaine noire avec une partie d’or blanc au grand étonnement de tout le monde
- C’est… la chaine de mariage… de… notre mère ! souffle Arjun d’une voix tremblante.
Un brouhaha gagne les vieilles dames, dont certaines se rappelaient de ce jour là où elle mit au monde la petite Shana, l’accouchement avait été une si dure épreuve que sans s’en rendre compte elle avait cassé sa chaine de mariage. Se rendant compte qu’elle ne survivrait pas, elle avait confié son bébé à sa gentille voisine qui n’avait pu lui venir en aide en lui demandant de remettre ce seul bien qui lui restait à sa fille.
- Aman l’a fait réparé pour toi… explique la vieille dame à sa belle fille.
Ce dernier prend le bijou doucement avant de s’approcher d’elle pour le lui mettre autour du cou en la regardant droit dans les yeux, elle ne put retenir ses larmes de joie, il lui souffle à l’oreille :
- Je sais que c’est important pour toi…
Même si elle savait qu’il n’aimerait pas entendre ces mots, elle ne put s’empêcher de penser que oui, un mari comme Aman ne peut être que vénéré…
Ils sont accompagnés par les invités, leur offrant leurs meilleurs souhaits et prières, à la voiture qu’avait achetée Aman il y a une semaine et qui était garnie comme un gâteau d’anniversaire pense-t-il en levant un sourcil.
Ça aussi faisait partie de sa nouvelle vie, parque c’était cela… une nouvelle vie commençait même si au moment d’installer sa jeune épouse sur le siège passager et prendre place à côté d’elle, ses pensées s’évadent malgré lui vers cette vie qu’il peinait à oublier ce soir.
Shana ne le regardait pas, après tant de bruit toute la soirée, le silence qu’Aman observait la stressait. Voyant les paysages défiler à grande vitesse derrière la vitre, elle se demandait ce qui pouvait bien lui passer par la tête ? Quand est ce qu’il allait faire tomber ce masque de chevalier servant et lui dire que tout cela n’était que pure mascarade, que son devoir s’arrêtait là ! Mais quel devoir ? Il ne lui devait rien… pourquoi avait il fait ça ?
- On y est ! l’entend elle lui annoncer, ils étaient déjà dans l’allée menant à sa maison dont elle découvrait la façade à deux étages.
Il se gare et l’aide à descendre avant d’aller prendre sa valise dans la male et l’invite à le suivre d’un geste de la main.
- Je vais découvrir la maison comme toi, maa et Arjun se sont occupés du décor et des finitions… explique-t-il en tournant la serrure et lui cédant le passage.
Elle s’avance alors dans l’entrée qui mène directement à un grand salon, on avait pris soin de préparer leur arrivée, un bon feu crépitait dans la cheminée qui lui faisait face, un canapé et des fauteuils en velours de couleur chocolat et ivoire l’entourait et une table basse au milieu prônait un magnifique bouquet de roses… des bougies allumées sur la cheminée et la table basse, celle de coin et sur la table à manger rendaient l’ambiance chaleureuse.
Si une grande télé se trouvait au dessus du coin feu, la table à six chaises était à gauche prés de la baie vitrée donnant sur le jardin où elle avait remarqué une petite fontaine.
Les couleurs variaient toutes entre le velouté du marron chocolat et l’écarlate du blanc nacré… les murs étaient tapissés de quelques paysages rappelant leur origine en extrême orient.
Aman avança doucement jetant directement un œil à sa droite, là où autre fois le mur affichait un grand tableau de lui et Priya, se trouvait à présent une grande étagère rassemblant tous les livres qu’il avait longtemps stocké dans les cartons… il se demandait même comment avait on pu trouver un classement logique alors qu’il y en avait pas !
- La cuisine est par là… finit il par dire en indiquant la direction à Shana qui le suit sans rien dire, elle sentait son estomac tellement noué de stresse qu’elle ne pouvait exprimer tout son émerveillement à l’idée de se dire que c’était sa maison aussi.
Il lui montre par la même occasion la porte de derrière qui donnait directement à leur petit jardin, puis la salle de bain avant de monter à l’étage.
- Là, c’est la chambre d’amis, j’avais mon bureau ici quand j’étais à la fac. Lui explique-t-il en ouvrant la première porte pour découvrir une belle chambre à la décoration simple, petite armoire, un bureau et un grand lit aux épaisses couvertures cotonneuse de couleur bleue.
Elle le voit se diriger vers la grande porte fenêtre qu’il ouvre à son grand bonheur, elle avait vraiment besoin d’air frais.
- Ça donne sur la terrasse fraichement aménagée… se sent il obligé d’expliquer, elle le sentait nerveux aussi.
Ils quittent la pièce pour découvrir leur chambre à coucher, richement décorée de pétales de roses rouges qui ornaient le lit à baldaquin aux tentures de fleurs, des coussins jonchaient le sol tapissé d’un beau tapis oriental et les bougies allumées un peu partout donnaient l’impression de plonger dans une féérie tout droit sortie d’un conte.
Restée debout à la porte, Shana n’était pas sure qu’Aman au mode de vie européen apprécie autant de… folklore ! n’empêche que c’était magnifique, elle le vit aller à la porte fenêtre pour l’ouvrir aussi faisant valser les flammes à la brise qui soufflait à travers le voilage des rideaux.
- Ça donne aussi sur la terrasse… lui lance-t-il en sortant.
Elle s’avance doucement dans la pièce mais s’arrête au seuil de la fenêtre le voyant s’accouder au rempart et fixer l’horizon d’un air rêveur, se retourne vers ce grand lit dont les guirlandes fleuries dansaient au grès du vent qui semblait se lever dehors… et finit par aller s’asseoir sur le tabouret devant sa coiffeur ne se sentant plus la force de rester debout.
Son reflet dans le miroir lui renvoya l’image d’une femme qu’elle ne connaissait pas, ces bijoux, cette coiffure, ces habits… elle avait réussi à duper tant de personne ce soir, mais comment pouvait elle se leurrer elle-même. Elle eut un sourire ironique en pensant qu’ils étaient bien aveugles ceux qui se sont appliqués à décorer le sanctuaire d’un couple qui n’existait pas. Aman n’allait surement pas tarder à venir lui expliquer tout ce qu’elle savait déjà…
Ses tristes pensées l’emportèrent, elle baissa son voile et se mit à enlever ses épingles de cheveux, sa bindyaa et ses boucles d’oreilles poussée par l’envie de se voir sans tous ces artifices.
Sur sa terrasse, Aman s’était perdu dans ses pensées profitant de ce moment de solitude pour réfléchir à tête reposée, mais où trouvera-t-il le repos ? pourquoi fallait il que la vie soit si compliquée ? pourquoi n’aurait il pu être un simple jeune marié heureux de ramener son épouse dans leur foyer pour entamer leur vie ensemble ? pourquoi dans son cas, le bonheur trouvait toujours le moyen de lui échapper et la jeune épouse n’est pas celle que cette maison attendait ?... il avait beau se refuser de penser à Priya pour garder une bonne conscience face à sa femme mais d’abord face à lui-même… pourtant, il lui était impossible d’oublier…
Il desserre les boutons de son sherwani se sentant étouffé, ses muscles étaient endoloris sous la pression de ses nerfs qu’il avait contenus toute la journée.
Regrettait-il sa décision ? il était à présent trop tard pour y songer… il respectait tellement les femmes qu’il lui était impossible de blesser l’orgueil de Shana de quelques façons que ce soit, surtout pas à passant sa nuit de noce à penser à une autre femme…
Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas déjà pensé, Shana est une femme désirable là n’était pas le problème, et puis, il savait très bien où il mettait les pieds en la demandant au mariage, peu importaient les circonstances…
Mais comment se débarrasser de ce sentiment terrible de culpabilité, les images de ce qu’il avait vécu avec Priya envahissaient son esprit malgré lui, il sentait presque sa présence sur sa peau au souvenir de leur rencontre la matinée et ça le rendait fou ! il se sentait la trahir rien qu’en pensant à rejoindre sa femme, mais il trahissait sa femme rien que par ces pensées… sa tête allait exploser !
- Aman ? entendit-il dans son dos, il se retourne pour découvrir Shana aux dont les longs cheveux soyeux ornaient les épaules de part et d’autre de son visage angélique, elle était pieds nus et ne portait pour bijou que la chaine de mariage de sa mère.
- Oh désolé d’avoir tardé… je… s’excusa-t-il en s’efforçant de sourire.
- Euh… je voudrais te dire quelque chose… un tonnerre gronda au loin signe de l’approche de la tempête que le vent se rafraichissant avait déjà annoncé
- On devrait rentrer… il fait froid, tu risques de tomber malade… s’inquiète-t-il sincèrement
- Hum… nahi… ça ne sera pas long… l’arrête-t-elle en baissant les yeux, n’osant soutenir son regard, elle s’éclaircit la voix avant de poursuivre :
- On a pas eu l’occasion d’en parler, mais je tenais à te remercier pour avoir eu le courage d’affronter le regard de la société et pris sur toi le lourd fardeau de préserver ma dignité et l’honneur de mon frère… laisse moi terminer, s’il te plait… le coupe-t-elle alors qu’il voulait protester
- Je t’en serai éternellement reconnaissante… jamais d’ailleurs je ne pourrais rendre ne serait ce qu’une infime partie de ce que tu m’as apportée… mais… j’ose ce soir venir te demander quelque chose…
Elle marqua une pause en levant les yeux vers lui, elle se perdit un instant dans la profondeur de son regard, mais se ressaisit aussitôt :
- Je… je sais qu’à présent nous sommes mari et femme et je te dois respect et obéissance, cela est pour moi un honneur qu’aucun mot ne peut définir… mais… mais cela est arrivé si vite, il y a si peu on était encore des étrangers et… et puis, je suis encore trop affectée par ce qui s’est passé… alors… si tu pouvais m’accorder du temps… pour…
Elle se mordit la lèvre inférieure n’arrivant pas à trouver les bons mots face à son comportement passible, elle ne sait jamais ce qu’il pense… il était pour elle un vrai mystère.
Elle attendit longtemps sa réponse mais il ne dit rien, se contenta juste de sourire et hocher la tête en signe d’affirmation… elle lui sourit timidement en retour et resta plantée là hypnotisée par son regard. Il se mit alors à pleuvoir des cordes du ciel… mouillée, elle finit par le saluer d’un signe avant de retourner dans sa chambre où elle alla s’asseoir à terre et serrer un coussin pour étouffer un sanglot. Bien plus tard… elle l’entendit entrer dans la chambre adjacente, le grincement du lit lui annonça qu’il s’était couché sans allumer… elle ne s’est pas s’il s’est endormi tout de suite… sa nuit à elle avait été bien courte.

Deux beaux chapitres!!!!

L'affrontement avec Priya et ses parents est assez fort, elle a eu le courage de tenir tête à son père, trop tard bien sûr mais au moins elle a passé le cap.

Quand à Aman et Shana, je m'attendais un peu à cette fin de chapitre mais je trouve l'écriture superbe et bien tournée. Je le lis toujours avec autant de plaisir et je suis dans l'attente de la suite, je sais qu'il faut le temps mais quand quelque chose plait, on voudrait le lire jusqu'au bout sans s'arrêter. cimer

mira pour cette lecture.

francoisetiryaki a écrit:: Deux beaux chapitres!!!!

L'affrontement avec Priya et ses parents est assez fort, elle a eu le courage de tenir tête à son père, trop tard bien sûr mais au moins elle a passé le cap.

Quand à Aman et Shana, je m'attendais un peu à cette fin de chapitre mais je trouve l'écriture superbe et bien tournée. Je le lis toujours avec autant de plaisir et je suis dans l'attente de la suite, je sais qu'il faut le temps mais quand quelque chose plait, on voudrait le lire jusqu'au bout sans s'arrêter. mira pour cette lecture.

Merci beaucoup de ta lecture, ravie que tu aimes toujours autant, j'aimerais aller plus vite en écrivant mais le manque de temps me freine péniblement... voilà le chapitre suivant... merci encore zoubi

Chapitre VII : Nouveau départ

1ère partie : cours de vie…

Le réveil était plutôt dur pour Aman qui ne sait même pas quand est ce que le sommeil avait bien daigné venir après une longue nuit de remise en question. Il se lève sans faire de bruit pour aller prendre une douche dans la salle de bain au bout du couloir. Ces gestes quotidiens si mécaniques d’habitude ont besoin de se familiariser avec ce nouvel environnement qui l’entourait… au-delà de ces décors qu’il ne connaissait pas, la présence d’une personne « étrangère » exigeait un mode de vie différent.

Ainsi, il prit soin de laisser la pièce propre et de tout remettre en place se sentant idiot de penser à l’impression qu’il pouvait laisser à « sa femme » alors qu’elle connaissait très bien ses habitudes bordéliques.

En d’autres circonstances, il aurait trouvé la situation bien comique, mais son humeur était loin de lui en donner le luxe, après des heures et des heures de cogitations, la seule certitude qui s’imposa à son esprit était que la tranquillité l’avait quitté à tout jamais…

En passant devant la porte fermée de la chambre où Shana avait passée la nuit, il s’arrête un instant se demandant s’il devait la prévenir de son départ au boulot ou la laisser tranquille devinant qu’elle n’avait pas eu une meilleure nuit que la sienne, mais il finit par continuer son chemin vers sa chambre où il est surpris de trouver son lit fait avec les draps changés, ses vêtements empilés et même ses chaussures à ses pieds… elle était déjà bien réveillée !

Enfilant son jean noir et une chemise en coton blanche, il boutonnait son gilet quand il entend frapper à sa porte, elle ne s’ouvre que quand il lance un « entrez » en se chaussant.

-Bonjour Aman… sourit Shana qui rayonnait dans un sari bleu qui lui donnait un air spécial qu’il avait du mal à définir, elle s’avance vers lui une tasse à la main

-Bonjour…

-Je sais que tu aimes prendre ton café aussitôt réveillé… explique-t-elle en déposant la tasse sur la table de chevet avant de se baisser pour prendre la serviette de bain qui était tombée au pied du lit

-Laisse ça… je m’en occupe… lance Aman en fronçant les sourcils gêné

-Ça va aller… se contente-t-elle de dire en prenant son sherwani qui trainait sur la chaise de son bureau avant de s’apprêter à s’en aller

-Tu ne vas pas à la fac ? lui demande-t-il en comprenant que son trouble venait du fait qu’il n’avait pas l’habitude de la voir ainsi. L’image de la jeune étudiante dans son salwar kamiz coloré avait laissé la place à une parfaite belle femme indienne.

-... Tu as déjà du retard sur quelques cours… tu ne peux pas te permettre une plus longue période d’absence… continue-t-il en mettant sa montre et se parfumant entre deux gorgée de son breuvage noir.

-Je ne veux pas y retourner… finit elle par dire en refermant le tiroir qu’il avait laissé ouvert

-Comment ça, tu ne veux pas y retourner !? son ton était plus accusateur qu’il n’aurait voulu exprimer, mais il faut dire qu’entre une exaspération dont il ignorait la cause et cette nouvelle, ses nerfs déjà bien fatigués étaient à vif

-Tu ne vas pas arrêter les études quand même ! si !??...

-Nahi… ce n’est pas ça… mais je ne suis pas encore prête pour ça …

-Tu ne seras jamais prête si tu ne fonces pas ! plaide-t-il en s’approchant d’elle

-Je sais… mais…

-Mais quoi ? ne laisse pas cette hantise du regard des autres te consumer, tu es bien plus qu’un malheureux incident de la vie aussi terrible que soit il… essaie-t-il de la convaincre en la prenant par les épaules. N’arrivant pas à soutenir son regard, elle baisse les yeux sentant les larmes lui venir aux yeux… mais elle les retint, la dernière chose qu’elle voulait, c’est craquer devant lui.

-Laisse moi du temps… argue-t-elle en relevant les yeux vers lui

-... Tout est si chamboulé depuis quelque temps, j’ai besoin de retrouver mes repères… en l’occurrence d’en créer de nouveaux, je ne laisse pas tomber, je vais étudier à la maison et je verrai bien… j’ai juste besoin de temps…

Cette phrase avait le chic pour l’énerver, il baisse les bras en soupirant avant de lui dire :

-Comme tu voudras… il était peu convaincu mais ne voulait pas la forcer. Sans doute, se disait-il, aurait il trouvé les bons mots pour l'aider à reprendre confiance en elle si la situation était autre, mais il avait trop peur qu’elle interprète mal ses propos et que sans faire attention, il finisse par la blesser... c'était la première fois qu'il était confronté à "un cas" personnel!

Elle le regarde longuement, mais finit par s'en aller sans rien dire, il prépare rapidement son sac avec son ordinateur portable et les cours de la journée avant de descendre.

Aman découvre avec surprise la table à manger bien garnie, Shana arrive de la cuisine avec une carafe remplie d’un jus d’orange fraichement pressé, elle avait retrouvé son sourire angélique.

-Qu’est ce que c’est que tout ça ? demande-t-il en s’approchant de la table

-Un petit déjeuner…

-Mais… je… je n’ai pas l’habitude d’en prendre… explique-t-il sans la regarder, elle dépose la carafe avant de lui répondre avec entrain :

-D’habitude, tu fais un double trajet pour arriver au travail tôt, tu n’avais donc pas le temps de prendre un vrai petit déjeuner… maintenant que tu as une voiture, tu n’es pas obligé de partir à la hâte

Il reste un moment silencieux le regard hagard sur les mets garnissant la table, l’expression ferme son visage et ses sourcils froncés l’inquiètent :

-Ça ne va pas ? demande-t-elle en tripotant sa chaine.

-Ce n’est pas… commence-t-il en grimaçant avant de se tourner vers elle… écoute, tu n’es pas obligée de faire tout ça…

-Je ne comprends pas…

-Tout ça… le petit déjeuné… le ménage derrière moi, préparer mes affaires, m’apporter mon café, je ne t’ai pas épousé pour que tu sois ma bonne à tout faire, je ne suis pas ce genre d’homme, tu n’es pas obligée d’être au petit soin avec moi… je ne... voyant son air triste, il finit par se taire, décidément… rien n’allait dans cette journée !

-Obligée !?... tu crois que je fais ça par obligation ?... je ne fais rien de plus que ce que tu as toujours eu l’habitude qu’on te fasse... notre mariage est peut être basé sur de mauvaises raisons, il n’en est pas moins réel… j’ai peut être grandi sans avoir un modèle de vie de couple à cause de la perte de mes parents, maa a bien pris soin de m’éduquer dans nos traditions pour ça aussi… enfin… si ça te dérange…

-Ce n’est pas ça… la coupe-t-il la voyant sur le point de partir

-… et puis je te rappelle que moi non plus je n’ai pas eu un modèle type de parents, surement pour ça que je me comporte comme un idiot depuis ce matin, remarque… je fais peut être le simple indien de base face à la gentille femme indienne de base ! termine-t-il réussissant à lui soutirer un sourire

-N’empêche… je ne mange rien le matin ! conclut-il en redirigeant son attention vers la table.

-Ok… se contente-t-elle de répondre en reprenant la carafe de jus et une assiette de gâteaux avant de repartir en cuisine, il ne manque pas de remarquer sa mine déçue qui lui fond le cœur. C’est elle qui avait raison, ils avaient tous les deux besoin de temps pour s’habituer à leur nouvelle vie.

-Shandini ?

Elle est si surprise de l’entendre l’appeler ainsi qu’elle manque de peu de renverser ce qu’elle avait entre les mains. En se retournant, elle le découvre attablé un verre vide en main, il lui sourit avant de dire :

-Attention ! si tu es obligée d’en presser encore, je vais vraiment arriver en retard à mon travail…

Elle essuie discrètement une larme qui lui échappe avant de revenir aussitôt auprès de lui pour remplir son verre, il lui montre du doigt le plat de cookies au loin qu'elle s'empresse de lui approcher en souriant, elle était heureuse de le voir manger ainsi…

-Shandini ? demande-t-il en déglutissant

-Ji ?

-Dis moi, toi qui a eu des cours particuliers avec ma mère… les femmes mariées mangent-elle avec leurs époux ou bien elles attendent qu’ils terminent pour manger leurs restes ?

-Aré ! se tape-t-elle le front en se rendant compte qu’elle faisait vraiment la bonne en restant debout à côté de lui ce qui le fait éclater de rire. Elle s’installe près de lui et se serre aussi…

L’estomac plein et le manque de sommeil faisait vraiment craindre à Aman de s’endormir en plein cours aujourd’hui… mais alors qu’il disait au revoir à sa femme qui l’avait accompagné jusqu’au palier, il se sentait déjà le cœur bien plus léger et de meilleure humeur pour entamer cette journée.

La vie s’organise ainsi doucement dans la petite maison, Aman prend même l’habitude de revenir manger à la maison quand son programme le lui permet.

Souvent dans l’après midi, Shana prend le bus qui passe dans sa rue pour aller voir sa belle mère, l’aider à la maison et essayer de la convaincre de venir vivre avec eux, mais la vieille dame avait trouvé un nouvel alibi depuis qu’elle avait définitivement adopté Arjun qui venait manger chez elle.

Ainsi les jours où Aman déjeunait au travail, elle pouvait profiter de quelques moments avec son frère. Elle est rejointe par lui en fin de journée, il ne peut passer une journée son voir sa mère et son meilleur ami, quelques fois ils restent diner avant de retourner chez eux.

Le soir, chacun le nez dans ses papiers ou sur son ordinateur, Shandini ne manque pas de lui apporter du thé dans son bureau ou lui rappeler qu’il était assez tard lorsqu’elle le trouvait parfois planté devant la bibliothèque dans le salon absorbé par ses pensées un livre entre les mains. De son côté, elle révisait studieusement ses leçons prenant note de ses conseils et ses références bibliographique et profitant de temps en temps d'avoir un enseignant à portée de main pour lui expliquer certain détails.

Des fois, ils passent leur soirée à regarder la télé devant un bon film ou un documentaire, il leur arrive de sortir occasionnellement pour diner au restaurant, surtout quand elle devait préparer ses partiels et qu’Aman refusait qu’elle fasse autre chose qu’étudier à la maison.

Mais à la tombée de la nuit, ils se souhaitent bonne nuit comme des étrangers et chacun pénètre dans sa chambre se livrant la solitude de son lit aussitôt leurs portes fermées… leur bonheur se limitait alors hors les bords de cet espace restreint qui abritait leur rêves.

S’ils trouvent vite du confort dans le train train quotidien de leur vie ensemble, les longues nuits sont semées de doutes… était ce vraiment ça leur destin ? Seul l'avenir pouvait le dire...

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