Sinon j'ai écrit cet article sur le site Indian Passion:
http://association-indian-passion.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=269&Itemid=339Segmentation du cinéma indien12/04/09
A l’aube des élections les plus complexes que l'Inde ait connues jusqu'à présent l'industrie du cinéma indien reflète une transformation aussi sans précédent. Pourquoi effleurer les élections alors que mon article ne parlera que du cinéma ? Parce que, suivant de très près l'un comme l'autre, je me rends compte que l'Inde n'est plus une démocratie uniforme, mais dirigée de plus en plus par des partis qui voient la lumière selon les classes, les cultures, et évidemment les sacro-saintes castes. Il ne s'agit plus du congrès ou du BJP mais aussi d’un parti dirigé par une intouchable. Il en va de même pour le cinéma où des styles bien précis sont en train de s’affirmer et confirmer. Le parallèle et la simultanéité me semble logique.
L’industrie du cinéma indien est confrontée aujourd’hui à une polémique que la naissance des multiplex n’a fait qu’accentuer. Producteurs et propriétaires se disputent le pourcentage des recettes. Le public de son côté se divise, choisit le sujet ou le style qui l’intéresse, demande ce qui s’appelle un cinéma indépendant.
Ces mêmes producteurs qui revendiquent en ce moment les 50 pour cent des recettes, se sont rendu compte que le cinéma indépendant n’a pas de grand risque économique et peut apporter beaucoup plus de gains qu’un typique Bollywood. Il faut se rendre à l’évidence, l’industrie du cinéma indien connaît une nouvelle révolution provoquée ou grâce à une population de classe moyenne en pleine remise en question, fatiguée d’avaler des stéréotypes. Ils exigent en somme des scenarios plus profonds.
D’un autre côté, les conservateurs continuent à croire en la magie Bollywood. Pour eux le public, pas toujours très cultivé et avec de graves problèmes de subsistance, a envie de s’amuser, de rêver. Ils veulent des danses, des tragédies, du luxe, des histoires de mariage et des héros selon la bonne vielle tradition. La question inévitable posée par des indiens, à mon avis pas encore très sûrs de leurs produits, est-ce qu’un public occidental, méconnaissant d’une Inde ancestrale sera capable de comprendre ou d’apprécier plutôt ce genre de films ?
Les fils conducteurs de la communication entre l’Inde et le reste du monde sont encore de toute évidence truffés de trous par où des informations vitales s’échappent. Bollywood est en pleine expansion, se frayant de plus en plus un solide chemin dans des foyers où l’Inde n’est qu’une illusion, éventuellement un pays dont l’étiquette « tiers-monde » commence tout doucement à se décoller. Les Bollywood se comprennent et s’apprécient avec nos sens. Avec cette mémoire, ce vécu qui nous a imprégnés depuis tout petits. Pas besoin de plus. Surtout pas, d’ailleurs.
Kollywood, est une industrie qui produit 120 longs-métrages par année alors que Bombay en sort 800. Pour ceux qui ne le savent pas encore, ces films en langue tamil sont tournés au district de Kodambakkam (d’où le K), situé à Chennai, ville natale de A. H. Rahman.
Ce cinéma régional est en train de pousser au changement de structure du cinéma indien. Il ne s'agit plus d’histoires du bien contre le mal, mais des thématiques sociales d’actualité avec des personnages plus complexes. Malgré un budget très limité, environ le tiers disponible pour Bollywood, Kollywood a développé de grands techniciens et fait preuve d'une grande imagination.
La Warner Bros a investi 300.000 d’euros dans « Rangarattinam », une production qu’elle même se chargera de distribuer. Ce film, interprété par des enfants des ‘slums’, traite le problème du sida en Inde. Il est censé être la réponse au film mal digéré de Boyle. Même avec la conscience que ce film est devenu l’opportunité flagrante et rêvée de permettre au cinéma indien de faire le grand saut vers le marché mondial, il a été fortement critiqué dans les limites du sol indien.
Il est vrai qu’avec 1.300 million d’habitants, les goûts et les couleurs doivent plus que se discuter. Est-ce que ‘Slumdog millionaire’ aurait été l’élément déclencheur de cet actuel débat en Inde ? Ou du moins celui qui a confirmé les différentes positions du public et du monde du cinéma ? Pour moi Boyle a mis le pied indien sur le champignon. Il n’a fait qu’accélérer une envie de reconnaissance, une assurance au projet d’implanter ses marques hors de ses frontières.
Le monde entier est cependant d’accord sur le principe qu’un indien n’aurait jamais tourné un film comme ‘Slumdog millionaire’. Je ne suis pas sure cependant que cette pensée sous-entende partout la même chose. J’aurais envie d’effacer le sourire narquois de ceux qui pensent que les indiens n’auraient pas été à la hauteur et j’attends avec hâte, avec le même émoi d’un enfant qui attend le jour de son anniversaire pour ouvrir ses cadeaux, de voir les résultats, l’évolution d’un cinéma qui ne cesse de se construire.
Ecrit par Maya